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Teddy Teuma raconte son passé de chauffeur livreur et la sélection maltaise
« Chauffeur, si t’es champion… »
Le Stade de Reims en jouait au moment de l’annonce de sa signature : Teddy Teuma, milieu de terrain né en France mais international maltais, a été chauffeur livreur pendant une courte période, lorsque son avenir dans le foot était encore bouché. « J’arrivais à 19-20 ans et j’étais toujours en CFA, raconte-t-il ce jeudi dans une interview pour la LFP. Même si j’ai toujours été ambitieux, j’ai toujours eu la tête sur les épaules. Je voyais que j’étais à un âge auquel ça risquait de devenir de plus en plus difficile de devenir professionnel. Et j’avais arrêté mes études. Dans l’éducation donnée par mon père, il était hors de question que je reste à la maison sans rien faire, sachant que le foot ne me permettait pas encore de vivre correctement. Sans aller jusqu’à dire que c’était une obligation, vu mon éducation, c’était logique d’aller travailler. J’ai donc intégré l’entreprise (de boucherie) de mon père pendant un peu plus d’un an. […] André Blanc, le coach qui m’a lancé en CFA à Hyères, m’avait encouragé à faire ce choix. Il m’avait dit ça allait m’endurcir et me faire prendre en maturité. À ce moment-là, je ne comprenais pas trop ce qu’il me racontait. Paradoxalement, alors que je pensais avoir moins d’énergie sur le terrain à cause du travail, j’ai réalisé ma meilleure saison en CFA, celle qui m’a permis de décoller. »
Son métier ? c̵h̵a̵u̵f̵f̵e̵u̵r̵ footballeur ⚽️ Sa passion ? Délivrer des p̶a̶l̶e̶t̶t̶e̶s̶ galettes 🎯 pic.twitter.com/LhKFyt96Of
— Stade de Reims (@StadeDeReims) July 7, 2023
Quel que soit le métier, celui qui vient de quitter la Royale Union saint-gilloise et s’est offert un doublé le week-end dernier contre Montpellier affiche un professionnalisme à toute épreuve. « La défaite est difficile à vivre pour moi […] C’est dans ma nature. Quand j’étais chauffeur-livreur, c’était pareil. Je ne me contentais pas seulement de livrer, je voulais être le meilleur. […] Avant un match de Ligue des champions, j’avais un peu fait le buzz. J’avais motivé le groupe en parlant de mon passé de chauffeur-livreur et ça avait beaucoup été repris. C’est un point que j’avais évoqué, car je n’étais pas le seul avec un parcours atypique, à avoir travaillé et à avoir connu un monde différent de celui du football. […] L’idée, c’était : “Regarde où tu étais et regarde où tu es maintenant”. Finalement, on a gagné ce match 2-0, je ne dis pas que c’est grâce à mon discours, mais voilà… »
Enfin, le joueur de 29 ans raconte comment il en est arrivé à représenter la sélection de Malte : « La fédé m’a contacté pour savoir si j’avais des origines maltaises et je leur ai répondu que je n’en avais pas connaissance. Là, ils m’ont assuré le contraire. Ils avaient remonté tout mon arbre généalogique et ils avaient trouvé que le grand-père de mon grand-père était maltais. Ça m’intéressait de devenir international et je n’allais pas m’inventer une vie, je savais que je n’allais jamais être appelé en équipe de France, donc pourquoi pas Malte ? […] La plupart des internationaux maltais jouent au pays, à un niveau équivalent au National 1 ou 2 ici, donc récupérer quelqu’un comme moi, qui joue au haut niveau, c’était magnifique. C’est vrai qu’au moment des premiers contacts, je me disais : “C’est bien beau mais on fait comment ?” Les dirigeants maltais m’ont expliqué qu’il ne fallait pas qu’il y ait plus de deux générations d’écart pour obtenir la double nationalité. Donc, mon grand-père a fait la demande et une fois qu’il a eu les papiers, ils se sont occupés de faire les miens. »
Salade, Teuma, oignons, chef !
JB