S’abonner au mag
  • France
  • Ligue 1

La lettre d’Aulas à Nasser

JE
La lettre d’Aulas à Nasser

Point de non-retour.

Le football européen doit, plus que jamais, faire face à son histoire au terme d’un mercato estival de la démesure où les records ont explosé et où les bras de fer entre personnalités se sont multipliés. De la France à l’Angleterre en passant par l’Espagne, des voix se sont élevées pour dénoncer la flambée sans précédent des prix de l’industrie football. Une inflation qui questionne aussi bien le rôle des instances régulatrices – UEFA, FIFA – que celui des clubs eux-mêmes.

Symptôme d’un malaise, la lettre de Jean-Michel Aulas à l’intention de Nasser Al-Khelaïfi. Si les deux hommes sont réputés pour leur relation conflictuelle, le geste d’Aulas est révélateur des incertitudes qui planent sur l’avenir du football mondial.

Analysons point par point les arguments de ladite lettre d’excuse :

« Le point sur lequel il y a débat se situe au niveau de l’ampleur des moyens mis en œuvre pour faire du PSG non seulement le 1er club européen, mais, de fait, le 1er club français. » Ici, en un sens, Aulas pointe du doigt la concurrence déloyale imposée par le PSG au reste du championnat. Comment rivaliser avec la puissance financière du club de la capitale qui est, de fait, qu’il brille ou non, le premier club français. Ne serait-ce que grâce à ses revenus. Un argument qui fait écho aux récentes sorties de Javier Tebas, président de la Liga, sur l’origine de ces revenus. L’ingérence par des États tels l’Arabie saoudite ou le Qatar ne fausse-t-elle pas la compétition économique entre les clubs ?

« Nous sommes dans une compétition à vingt clubs où seules les deux premières places, et accessoirement la troisième, mais c’est très compliqué dorénavant, peuvent avoir accès aux ressources très importantes de l’UEFA.(…)L’ampleur des moyens mis en œuvre n’a fait que croître ces dernières années, il n’y a aujourd’hui plus aucune chance pour les clubs de deuxième niveau de pouvoir concurrencer sportivement le PSG. » Un tel fossé s’est creusé ces dernières années entre le PSG et les autres, que l’un des rares intérêts du championnat de France se résume à savoir qui finira à la deuxième position. Subsiste l’anomalie Monaco qui de façon discontinue s’affirme comme le deuxième club français. Dès lors, la troisième place n’a d’intérêt que si elle est accompagnée de tirages au sort favorables. Les clubs français n’ont-ils plus de raison d’espérer, si ce n’est le hasard ? Reste la Ligue Europa. Pour pouvoir espérer briller sur une scène continentale et par là même combler le retard au classement de l’UEFA quant au nombre de places qualificatives à la C1. Ou alors une victoire du PSG, en sauveur de la Ligue 1.

Pour remédier à cette situation, Aulas propose à Nasser une revalorisation des droits télés de la Ligue 1 Conforama ainsi qu’un investissement plus accru de la part des sponsors qataris, et ce, vers tous les clubs français. Davantage qu’un apitoiement et un appel à l’aide, Aulas interroge sur les solutions qu’il reste au football français pour demeurer compétitif sur la scène européenne.

Dilemme.


L’intégralité de la lettre révélée par L’Équipe :

« Cher Nasser, Comme évoqué brièvement jeudi soir, je voulais t’adresser ce petit mot pour clarifier ma position et la perception que tu en as.

Tout d’abord, j’apprécie, sans aucune ambiguïté, tant l’homme que le Président du PSG qui réalise, certes avec des moyens très supérieurs aux autres, des performances sportives, organisationnelles et de management qui sont excellentes et saluées par tous les amateurs français de football.

Le point sur lequel il y a débat se situe au niveau de l’ampleur des moyens mis en œuvre pour faire du PSG non seulement le 1er club européen, mais, de fait, le 1er club français.

Nous sommes dans une compétition à 20 clubs où seules les 2 premières places, et accessoirement la 3e, mais c’est très compliqué dorénavant, peuvent avoir accès aux ressources très importantes de l’UEFA.

Sans ces ressources, les clubs tels que Lyon, Saint-Étienne, Marseille, Rennes, Nice, Lille ou Toulouse, se voient privés de cette possibilité de partager des ressources qui sont en valeur très supérieures maintenant aux ressources attribuées par la Ligue 1 aux meilleurs de ses clubs.

Certains de ces clubs, comme l’Olympique lyonnais, ont investi des centaines de millions d’euros dans la construction de stades et camps d’entraînement, et la rentabilité de ces investissements ne peut être envisagée qu’avec la certitude de pouvoir participer aux compétitions européennes au regard des ressources qu’elles procurent.

L’analyse que je fais, avec un certain nombre d’autres Présidents qui concourent pour la Ligue des champions, se situe au niveau de la valeur absolue des investissements consacrés par le PSG, mais aussi à leur valeur relative, étant entendu que le budget moyen de la Ligue 1, si on ne prend pas en compte le PSG, est de l’ordre de 60 à 70 millions d’euros !

L’ampleur des moyens mis en œuvre n’a fait que croître ces dernières années, il n’y a aujourd’hui plus aucune chance pour les clubs de 2e niveau de pouvoir concurrencer sportivement le PSG.

À l’inverse, j’apprécie évidemment l’arrivée de Neymar et de tous les autres grands talents que tu as su attirer au PSG, comme le maintien de Kylian Mbappé en France, qui vont « doper » les entrées aux stades et je l’espère, valoriser à l’étranger la Ligue 1.

Aussi, compte tenu de la relation capitalistique et organisationnelle avec le groupe beIN, j’aurais volontiers imaginé qu’une partie de la puissance considérable de l’État du Qatar puisse participer immédiatement à la revalorisation des droits télévisés français, afin de démontrer que la « solidarité » vis-à-vis des autres clubs français s’effectue, en particulier en France où les clubs sont les plus pénalisées par la suprématie non contestable du PSG.

De la même manière, nous aurions pu imaginer, mais c’est probablement un rêve inaccessible, qu’une partie des grands sponsors qataris puisse aussi, à l’instar de l’aéroport de Doha avec le Bayern de Munich, aider les clubs français dans leur course à la croissance des revenus qui est la seule susceptible de pouvoir équilibrer ou réguler le championnat de France.

Je t’exprime tout cela non pas pour justifier mes prises de paroles, car je sais qu’elles t’irritent, alors que bien souvent elles ne sont que le fruit de questions systématiques posées par les médias et auxquelles je ne peux sans cesse occulter les réponses au regard de ma position dans les instances françaises et européennes, et en tant qu’actionnaire important d’un club compétiteur dans le championnat.

Enfin, sache que malgré la surmédiatisation de mes propos, je garde le plus grand respect pour l’homme et j’apprécie que le PSG puisse, à un moment où un autre, gagner la Ligue des champions et ainsi avec les points accumulés dans le ranking de l’UEFA, permettre à la France à terme de rattraper la 4e place significative de plus de clubs qualifiés.

Voilà, je devais te dire tout ceci, car ma démarche n’est pas négative, loin de là. Elle sert les intérêts de tous les clubs qui participent à une compétition pour laquelle les règles économiques me paraissent être synonymes de pérennité.

Je reste à ta disposition pour en reparler et en tout cas, je serai à tes côtés bien sûr pour défendre l’intérêt des clubs français, y compris du PSG, au sein de l’ECA et de l’UEFA, comme je l’ai déjà fait par le passé.

Bien à toi, Jean-Michel »

Dans cet article :
Dans cet article :

JE

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

France