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  • Mondial 2023
  • 8es
  • Suède-Etats-Unis (0-0, 5-4 T.A.B.)

La Suède pointe son Mušović

Par Léna Bernard

Méconnue du grand public, Zecira Mušović a éliminé quasiment à elle toute seule les Etats-Unis, l’une des nations favorites de ce Mondial. Avec onze arrêts au compteur au cours de la partie, celle qui a souvent fait office de doublure en sélection et dans son club de Chelsea vient d’éblouir la planète de son talent.

La Suède pointe son Mušović

Melbourne, 22h. La Suède exulte. Après 120 minutes et une séance de tirs au but aux airs d’odyssée, la goal-line vient de valider le succès suédois. Alors que la portière américaine continue de protester contre la décision de Stéphanie Frappart, Zecira Mušović retire ses gants et vient saluer son adversaire du jour avant d’aller célébrer avec ses coéquipières une victoire qui porte sa trace. Une victoire dédiée à ses parents, aussi, pour l’unique enfant de la fratrie Mušović né en Suède après que sa famille a fui leur Serbie originelle, déchirée par la guerre de Yougoslavie

Zecira aux mains d’argent

Venue à bout de l’ogre américain, la Suède a signé un exploit majuscule grâce à son ange gardienne de 27 ans, longtemps doublure de l’indéboulonnable Hedvig Lindahl avec les Blagult. Celle-ci s’est retirée de la sélection après l’Euro 2022, et Mušović était bien déterminée à jouer les premiers rôles. Malgré sa relative inexpérience, la portière aux douze petites sélections à ce jour a écœuré les forces offensives américaines durant l’ensemble du match. De Trinity Rodman à Lindsey Horan en passant par Sophia Smith, elle a totalisé pas moins de onze arrêts. Même si elle n’a réalisé aucune parade lors de la fatidique séance de tirs aux buts, la native de Falun a exercé une telle pression psychologique sur ses adversaires durant plus de 120 minutes qu’elle est l’une des causes majeures des trois penalties ratés par les Américaines.

Une performance décryptée en conférence d’après match par la deuxième gardienne de Chelsea, toujours derrière l’Allemande Ann-Katrin Berger dans la hiérarchie en Angleterre : « J’ai eu un très bon sentiment avant le match, il y avait un bon sentiment dans l’équipe. Pendant la rencontre, il faut se soutenir mutuellement car nous savions que nous avions affaire à une très bonne équipe. Je suis extrêmement fière […] Pour pouvoir réaliser une telle performance, il faut beaucoup de travail que personne ne voit. » Sa prestatioh d’anthologie a même fait réagir Vlatko Andonovski, sélectionneur des Etats-Unis, à l’issue de la rencontre : « Elle a été incroyable ce soir, elle a fait des arrêts qu’aucune autre gardienne n’aurait pu faire et je ne vois pas d’autre raison pour laquelle nous sommes éliminés. » Une ascension fulgurante pour un dernier rempart pas comme les autres, qui était loin d’être destinée à jouer dos aux barres.

« J’étais une joueuse de champ jusqu’à l’âge de 12 ans  »

Dans une interview accordée au média britannique The Guardian, Mušović est longuement revenue sur son enfance et ses premiers pas dans le football. Précoce, elle a fait ses débuts en catégorie Seniors à l’âge de 13 ans au club de Stattena IF, en D6 suédoise. Mais son premier contrat professionnel, elle l’a signé avec Rosengård en 2015 en ayant déjà soufflé sa 18e bougie. Elle a ensuite poursuivi sa carrière du côté de l’Angleterre et de Chelsea, à partir de décembre 2020.

Les consignes de tir by Mušović

Loin de proposer un profil classique, l’héroïne du jour apprécie beaucoup de sports, et en particulier le tennis de table : « Je ne voulais pas commencer le football, parce que je voulais faire du tennis de table. Mais je suis allée à l’entraînement et j’ai complètement adoré, j’étais coincée ! Mais pas dans les buts, j’étais une joueuse de champ jusqu’à l’âge de 12 ans environ. » C’est à ce moment qu’elle a décidé de passer de l’autre côté, lorsqu’elle doit remplacer une camarade blessée. Pour une expérience pas folichonne, explique-t-elle : « Je pensais que c’était ennuyeux, je voulais marquer des buts. Je voulais aider l’équipe encore plus en attaque, mais les entraîneurs ont réussi à m’impliquer et je suis ici maintenant. » Il va s’en dire qu’en ce 6 août 2023 historique, la Suède célèbre le choix de Mušović d’avoir persévéré en tant que gardienne, autant que la qualification en quarts.

Par Léna Bernard

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