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Viviano promises

Par Andrea Chazy et Florian Cadu
Viviano promises

Avec huit penaltys stoppés depuis le mois d’août 2015, Emiliano Viviano se met enfin en lumière. Un moindre mal pour le portier de la Sampdoria de Gênes : aujourd’hui âgé de 32 ans, l’Italien était promis à une place de choix au sein du football italien au début de sa carrière.

Quasiment à l’extérieur de la surface de réparation, Ricardo Rodríguez attend le coup de sifflet. Sa longe course d’élan ? Pas de quoi effrayer son adversaire. Le Suisse ne le sait peut-être pas, mais l’homme qui se trouve en face de lui a détourné pas moins de sept penaltys depuis le mois d’août 2015. Celui du latéral gauche sera son huitième. D’une main gauche ultra ferme aussi assumée que sa moustache, Emiliano Viviano empêche le ballon de rentrer dans ses buts, et retarde du même coup l’ouverture du score du Milan (qui s’imposera tout de même sur le plus petit des scores devant la Sampdoria de Gênes grâce à un pion de Giacomo Bonaventura inscrit au quart d’heure de jeu, soit cinq minutes plus tard). Du travail bien fait donc, mais insuffisant pour gagner face aux grands : en vérité, c’est un peu l’histoire de la vie du portier génois.

Car c’est un fait : dans la Botte, celui qui a été formé à la Fiorentina puis à Brescia a très longtemps été considéré comme l’un des gardiens les plus doués de sa génération. « Quand je suis arrivé en Italie en 2007, j’ai vite compris qu’Emiliano était vu comme une futur star du championnat, témoigne Cédric Roussel, qui a joué en 2007 à Brescia avec Viviano, 21 bougies à l’époque. Il avait déjà d’énormes qualités : beaucoup d’assurance, une technique irréprochable, un jeu au pied au-dessus de la moyenne … C’était un mec qui bossait comme un dingue, mais qui, paradoxalement, ne se mettait pas tellement de pression. Il avait également une forte personnalité, et n’avait pas peur de gueuler sur ses défenseurs. »

Un gardien parfait ?

Alors en deuxième division, Brescia sait qu’il dispose d’un talent brut dans ses cages. Après un petit prêt à Cesena pour se faire la main, le portier s’est en effet définitivement imposé chez les Rondinelle(quarante titularisations en 2006-2007, 35 en 2007-2008, 37 en 2008-2009). « Durant cette période, on parlait énormément de lui. En bien. En très bien, même. On lui prédisait un immense avenir, confirme Gaël Genèvier, qui a croisé la route de Viviano entre 2007 et 2009. Malgré sa jeunesse, il était très imposant et transmettait beaucoup de tranquillité, de sérénité. C’était un gardien complet. Je me souviens d’un match en janvier 2009 : on avait perdu 4-0 avec Pisé, et il avait sorti un coup franc impossible alors que le résultat n’était pas encore entériné. Preuve qu’il était capable de changer le cours d’une rencontre. »

Sûr de lui et de ses qualités, Viviano fait peur à tous les attaquants. Même à ceux de sa propre équipe. Surtout que le bonhomme, très joueur, ne se gêne pas quand il peut envoyer du crochet dangereux. « Étant attaquant, on frappait beaucoup au but à l’entraînement. Emiliano, c’était un véritable mur. Il arrêtait tout. Les penaltys, pareil : il anticipait tout, corrobore Cédric Roussel. Mais ce qui m’a vraiment marqué, c’est l’air relâché qu’il avait en permanence. En match, il pouvait sans problème dribbler un joueur, peut-être aussi du fait qu’il savait qu’il avait une très bonne relance au pied. En fait, c’était un gardien qui n’avait pas de défaut. » Voilà pourquoi Bologne lui offre la possibilité de montrer ce qu’il vaut dans l’élite en 2009, les Rossoblù achetant le joueur en co-propriété avec l’Inter (sept millions d’euros en tout).

Une personnalité bizarre ou à part ?

Dans la plaine du Pô, le jeune Emiliano découvre ainsi la première division et réalise deux saisons pleines en étant l’un des principaux artisans du maintien de son club, en compagnie d’un Marco Di Vaio qui claque plus de trente buts en deux saisons. Une aventure qui va pourtant s’arrêter plus vite que prévu en mai 2011, après une bourde d’Emiliano face à la Fiorentina. Le vice-président Setti désavoue son équipe publiquement, ce à quoi Viviano, face à la presse, répond : « Si Setti trouve nos matchs tristes, il peut aller voir Barcelone. » Un gros tempérament qui n’étonne pas vraiment Cédric Roussel : « C’était un garçon qui était capable de tout. Il y avait un très bon attaquant qui jouait à Brescia, un chauve qui s’appelait Davide Possanzini. Il marquait tout le temps. Un jour, à l’entraînement, il lui a mis un lob de trente mètres et Viviano était fou. Il lui a couru après tout le reste de l’entraînement en lui criant : « Tu ne le ferais pas en match espèce de con ! » »

Et le Belge d’ajouter : « Je me souviens aussi d’une fois, sur un corner, j’étais mal placé et trop loin de l’attaquant adverse qui était bon de la tête. Viviano est venu me pousser vers lui alors qu’il était à un mètre de moi, pas plus loin. Moi j’arrivais, je ne savais pas quels attaquants du championnat étaient bons ou pas. Du coup, il m’a poussé, et j’ai fini à plat ventre… Sur le corner, le type aurait pu marquer encore plus facilement vu que j’étais à terre. En me relevant, je me suis retourné, et Emiliano était mort de rire. » Des occasions de rire, Emiliano en aura malheureusement beaucoup moins pendant les trois années suivant son départ de Bologne.

Successeur désigné de Gigi

Pas tout le temps le premier choix à Palerme, à la Fiorentina, et surtout à Arsenal où il ne joue pas un match, il faut attendre la saison 2014-2015 et son arrivée à la Sampdoria pour qu’Emiliano trouve un havre de paix et arrête d’être trimbalé un peu partout. Reste qu’après l’instabilité contractuelle, c’est au tour de son propre corps de lui faire défaut. Une blessure au ménisque la première saison, un poignet cassé et un genou défaillant l’an passé qui a obligé Viviano a commencé cette saison seulement fin octobre… La brillante carrière qui attendait Viviano paraît loin, même si Genèvier préfère nuancer : « Quatre ans à la Samp, ce n’est pas rien. Et il a débuté en équipe nationale(six sélections entre 2010 et 2012), il ne faut pas l’oublier. » Car si Viviano n’est qu’à la Sampdoria aujourd’hui, alors que certains en faisaient un potentiel successeur de Gianluigi Buffon au sein de la Squadra Azzurra, ses qualités ne se sont pas non plus envolées : « Il est, à l’unanimité, extrêmement bien considéré en Italie. Même si tout le monde l’attendait encore plus haut, et qu’on le prédisposait à un futur encore plus rose. »

Parmi les signaux toujours au vert chez Viviano, on retrouve évidemment sa capacité à arrêter les penaltys. Face à Crotone le week-end dernier, Viviano a détourné un quatrième tir au but consécutif (un record en Europe), son neuvième depuis son arrivée à la Samp sur vingt tentatives. Un pourcentage proche de 50% qui le rapproche peu à peu du record de Gianluca Pagliuca (onze), et ce serait pour Viviano « un honneur d’égaler ce monstre sacré » . Et une consolation pour celui qui est peut-être passé à côté d’une renommée mondiale.

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Par Andrea Chazy et Florian Cadu

Propos recueillis par AC et FC

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