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Vive le footballeur made in France

Par Nicolas Jucha
Vive le footballeur <i>made in</i> France

Le week-end passé à Ajaccio, l'AS Saint-Étienne s'est avancée avec un onze de départ composé exclusivement de joueurs formés en France. Une marque de confiance à l'égard du modèle de formation français que l'on annonce pourtant régulièrement comme moins avant-gardiste que ses voisins espagnols ou allemands.

Samedi 2 avril, Saint-Étienne s’impose à Ajaccio 2-0 et maintient ses espoirs d’accrocher une place en Ligue des champions, dans le sillage de Monaco et Lyon. Pour les Verts, rien de bien surprenant, si ce n’est que Christophe Galtier aligne en Corse un onze 100% formé en France. Sur son banc, seuls les deux Norvégiens, Selnæs et Søderlund, viennent apporter un soupçon d’exotisme. Si le phénomène des équipes massivement formées au pays n’est pas rare en Ligue 1 pour d’évidentes raisons économiques, qu’un candidat à l’Europe se livre à cette philosophie reste unique. Mais traduit à sa manière la qualité de la formation française et la pertinence de s’appuyer dessus pour les clubs de Ligue 1. « En Suisse, déjà, on n’a pas le même bassin de population que vous » , estime Fabio Celestini, pour qui la France dispose de pléthore d’options à travers la variété des joueurs disponibles sur son territoire. « Quand on regarde l’Île-de-France, il n’y a qu’au Brésil où on peut trouver une telle densité de talents » , surenchérit Luc Rabat, ancien vice-DTN français, aujourd’hui à la retraite. Mais pour Guy Lacombe, actuellement entraîneur et responsable de la formation des cadres à la Direction technique nationale, « on n’a pas attendu de voir Saint-Étienne aligner 11 joueurs formés en France pour savoir que notre formation est bonne, mais c’est sûr que cela fait plaisir, c’est une récompense du travail dans nos centres. » Et cela même si tous ces joueurs ne jouent pas en équipe de France comme Benoît Assou-Ekotto, international camerounais.

Lyon, l’Ajax français

« Il y a une certaine logique à s’appuyer sur les joueurs formés en France, car on est reconnu à l’échelle mondiale. Les chiffres le prouvent : on est le 2e pays formateur en matière d’exportation de joueurs. En Ligue des champions, je crois que seul le Brésil a plus de joueurs que nous » , surenchérit Lacombe. Si le joueur français s’exporte bien, c’est parce qu’il est fiable, efficace et que « contrairement à ce que certains peuvent dire, nos centres incultent une culture de la rigueur et de l’exigence » , analyse Daniel Jeandupeux, désormais en retrait du monde du football, mais toujours ouvert à une discussion sur le ballon. Récemment parti de son poste à la tête de l’Algérie, Christian Gourcuff ne voit néanmoins pas dans la stratégie stéphanoise une fin en soi. Pour lui, « l’idéal, c’est de s’appuyer sur un maximum de joueurs formés au club, ce qui permet d’asseoir une vraie identité de jeu » . Les meilleurs exemples ? « L’Ajax des années 70 ou 90, le FC Barcelone ou le Bayern Munich aujourd’hui. » Dans le football français ? Gourcuff comme Lacombe sont d’accord sur l’exemple du FC Nantes jusqu’aux années 2000, ou de Lyon aujourd’hui. « Lyon, c’est un exemple en matière de formation depuis les années 80 avec José Broissard, c’est l’Ajax français » , assure l’ancien entraîneur de Cannes, Monaco et du PSG. « Grâce à ces efforts dans la formation et la promotion de ses jeunes en équipe première, l’OL a d’ailleurs une vraie identité de jeu » , assure Gourcuff, pour qui « le côté identitaire est également important, car les supporters s’identifieront plus facilement à l’équipe, mais les joueurs auront aussi plus facilement des complicités entre eux » .

PSG et Marseille, terres fertiles mais contextes hostiles ?

L’ancien sorcier de Lorient estime qu’il faut former, mais surtout former localement. « Dans la formation, la réussite est proportionnelle à la délocalisation des jeunes. À Lorient, j’ai demandé à recentrer sur plus de Bretons, car au départ, il y avait beaucoup de Parisiens, mais on avait un taux d’échec important, car les jeunes étaient déracinés trop tôt. » Un argument qui fait penser au gâchis Jérémie Aliadière à Arsenal. Un gâchis pas simple à éviter selon Lacombe, car « désormais, dès 16-17 ans, il y a une concurrence pour recruter les gosses, le seul moyen d’éviter ça serait de revenir sur l’arrêt Bosman » . Ce qui est peu probable et explique pourquoi seuls les mastodontes comme le Barça ou le Bayern peuvent couver jalousement leurs meilleures pépites, voire dénicher celles des autres comme « Lionel Messi dont l’arrivée dans la Masia n’est pas anodine » . En France, seul le PSG pourrait s’offrir une telle politique formatrice et semble l’envisager. « C’est clair que sur le long terme, cela pourrait permettre au PSG de passer un cap, d’asseoir une vraie culture de jeu, surtout que Paris a un gros vivier en Île-de-France » , estime Gourcuff. Mais Lacombe se veut moins enthousiaste, car « c’est dur d’intégrer des jeunes dans une équipe qui veut rapidement gagner la Ligue des champions » . Le contre-exemple parfait est, de l’aveu du technicien, « le Manchester United d’Alex Ferguson avec la génération Beckham, Giggs » , mais elle ne peut pas prendre dans tous les contextes. Comme à Marseille par exemple, récemment secoué par le refus de signer pro de Bilal Boutobba. « Ce n’est pas que les formateurs bossent mal, au contraire, mais c’est dur d’incorporer des jeunes à Marseille » , selon l’ancien de Cannes, car « le contexte fait que l’on veut des produits finis, sauf à l’époque des minots » . Dommageable pour un club aux finances non extensibles, mais pourtant assis sur une mine d’or question jeunes talents.

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