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Vis ma vie de directeur sportif de Ligue 2 : comment recruter malin avec un budget serré ?
Jusqu’au 1er septembre, le mercato va rythmer la vie des clubs de l’Hexagone. Au-delà des rumeurs farfelues, des offres mirobolantes et des fantasmes de supporters, il y a une réalité, que des dirigeants de formations de Ligue 2 ont accepté de nous raconter tout au long de l’été. Ce vendredi, Jean-Philippe Nallet, directeur sportif d’Annecy, raconte comment il s’y prend pour recruter malgré des moyens financiers limités.
Une cellule dédiée au mercato d’été
« Après six semaines de préparation, les joueurs ont vraiment hâte que la saison commence (Annecy disputera son premier match samedi, contre Niort, NDLR) ! Mais moi, en tant que directeur sportif, j’aurais bien aimé avoir un peu plus de temps pour finaliser le recrutement. Comme on a obtenu la montée lors de la dernière journée, c’était très compliqué pour nous d’anticiper, même si je suis allé voir des matchs de Ligue 2 pour superviser quelques joueurs et prendre conscience de l’écart de niveau avec le National. Une fois la promotion actée, on a créé une petite cellule spécifique mercato d’été, en y incluant notamment Gérald Passi. L’idée, c’était de rassembler des personnes ayant de fortes compétences en recrutement et un très bon réseau. Au total, on est cinq à bosser dans cette cellule. On s’est staffés sur une période donnée, avec un objectif précis : être très actifs pour trouver les meilleurs profils. On communique beaucoup, on partage toutes les infos qu’on a et on essaie de concrétiser les signatures des joueurs ciblés. On choisit ensemble, mais la décision finale est prise par Laurent Guyot (l’entraîneur, NDLR) et moi, avec la validation budgétaire du président. »
François Lajugie, recrue arrivée en provenance de Bastia-Borgo.
Miser sur d’autres atouts
« Sincèrement, si on avait une enveloppe d’1,5 million, deux millions d’euros à consacrer aux transferts, le recrutement serait beaucoup plus simple. Mais comme ce n’est pas le cas (avec huit millions d’euros environ, Annecy a l’un des plus petits budgets du championnat, NDLR), on doit s’adapter. Nous, ce qui nous distingue par rapport à nos concurrents, c’est la dynamique sur laquelle on surfe depuis dix-huit mois. En insistant là-dessus, on peut ensuite louer l’état d’esprit, le climat autour de l’équipe, mettre en avant notre coach, qui a de l’expérience et une certaine reconnaissance dans le milieu. Il y a aussi la qualité de vie qui nous est offerte à Annecy, et ça, ce n’est pas négligeable ! On est un club neuf, qui arrive avec sa fraîcheur dans le milieu professionnel. On n’est pas formatés et je pense que ça peut intéresser pas mal de joueurs. Par exemple, on a réussi à faire venir Vincent Pajot (qui compte 220 matchs en Ligue 1 et une vingtaine en Coupe d’Europe, NDLR). Ses aspirations personnelles et familiales l’ont fait pencher vers nous, et il avait besoin d’un challenge sportif un peu nouveau. On lui a juste présenté le projet, il connaissait la ville et a retrouvé Laurent Guyot, avec lequel il avait déjà travaillé. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’il prenne sa décision. On n’a pas eu besoin de le convaincre, il s’est convaincu lui-même. »
??????? ????? est bien Reds … et il a fait ses premiers pas au Parc des Sports !La journée est belle, on ne vous ment pas #GoReds pic.twitter.com/A2P9sdbTBP
— FC Annecy (@FCAnnecy) July 6, 2022
Se concentrer sur les marchés que l’on connaît
« Si on était encore en National, je pense qu’on aurait déjà bouclé notre recrutement. Mais le marché est complètement différent en Ligue 2. Les bons joueurs libres sont plus rares et forcément très convoités, on a du mal à rivaliser avec la concurrence. On aimerait aller plus vite, mais le marché ne nous donne pas le choix. Dans ce contexte, c’est très important d’avoir une vision globale du territoire que l’on connaît le mieux. Notre stratégie, c’est de chercher dans un périmètre qu’on maîtrise, pour limiter la marge d’erreur. On doit absolument être efficaces, c’est une nécessité. C’est pour cela qu’on s’est concentrés sur le marché français, et plus particulièrement sur le championnat de National. Avec mon chargé de recrutement, on a regardé beaucoup de matchs et supervisé énormément de joueurs la saison dernière. D’ailleurs, recruter des éléments français ou francophones facilite aussi la communication et l’intégration au sein de l’effectif, ce n’est pas un détail. Bien sûr, on projette les qualités de ces recrues potentielles sur le niveau Ligue 2, afin de s’assurer qu’elles puissent apporter une plus-value. À l’avenir, on ne se privera pas d’aller chercher des joueurs de talent à l’étranger. »
Propos recueillis par Raphaël Brosse
Épisode 1 : Comment préparer son mercato, avec John Williams (Amiens)
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Épisode 4 : Comment bien digérer une descente, avec Pierre Dréossi (Metz)
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