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Vieira, le statut de la liberté

Par Andrea Chazy
Vieira, le statut de la liberté

Adjoint puis entraîneur principal des jeunes à Manchester City, Patrick Vieira est parti vivre le rêve américain en tant que numéro un au New York City FC, avec lequel il entame sa troisième saison. Pour l'heure, c'est un succès.

Dans la famille des champions du monde 98 devenus entraîneurs, il y a à boire et à manger. Quand Zinédine Zidane, Didier Deschamps et Laurent Blanc réussissent à se bâtir un palmarès ou une réputation, d’autres rament. Au hasard, Thierry Henry, adjoint en équipe nationale de Belgique, laisse ses dents rayer les parquets qui croisent sa route et attend son heure. Entre ces deux extrêmes, le no man’s land est occupé par Patrick Vieira qui, à tout juste 42 ans, avance étape par étape. Celui qui vient de commencer sa troisième saison en temps que coach titulaire séduit de l’autre côté de l’Atlantique au New York City FC, et croque la pomme à pleines dents dans la peau d’un coach désormais prêt à revenir sur le Vieux Continent.

On n’attend pas Patrick ?

L’arrivée à New York City au début de l’année 2016 de Vieira n’était pas pour autant écrite depuis longtemps. C’est bien vers la fin de sa carrière que l’idée de devenir coach a germé dans l’esprit de l’ancien milieu de terrain d’Arsenal, comme il le confiait dernièrement à L’Équipe: « Je me surprends, moi aussi. Je ne savais pas que j’allais tomber dedans. Mais quand, à la fin de ma carrière (en 2011), je disais que je ne voulais pas, je répondais finalement à une question à laquelle je n’avais pas la réponse. »

Baladé avec son consentement par le directeur sportif de Manchester City Brian Marwood aux quatre coins du club après avoir raccroché les crampons, c’est avec les jeunes que Patoche se prend au jeu une première fois. Tout en passant ses diplômes, le natif de Dakar devient adjoint de Manuel Pellegrini, « un type formidable » , avant de prendre en main les jeunes Citizens. Une période d’adaptation salutaire pour Vieira : « On pense toujours, quand on a joué à un certain niveau, qu’on a réponse à tout.(…)Si j’avais dû faire ça tout seul, au départ, je serais allé dans le mur. » Ainsi, début 2016, à quelques jours de la prise de fonctions de Zidane au Real, Vieira est nommé à la tête du New York City FC. Moins tape-à-l’œil, mais l’essentiel est ailleurs.

Pep Vieira

Au moment de composer son groupe avant la reprise de la MLS qui a lieu au début du mois de mars, Vieira passe plusieurs coups de fil, notamment à Maxime Chanot, alors référence de D1 belge sous le maillot de Courtrai. Titulaire depuis le début de l’ère Vieira au New York City FC, le défenseur central franco-luxembourgeois n’a pas hésité longtemps avant de suivre son nouveau coach : « J’avais des offres en Angleterre et un projet intéressant en Pologne, mais quand Patrick t’appelle, tu ne réfléchis pas trop. Il m’a exposé sa façon de voir le football, et j’avais besoin à 26 ans d’avoir un coach qui allait m’apporter footballistiquement quelque chose d’intéressant. Aujourd’hui, je peux dire que je suis content de mon choix. »

Tout de suite, Vieira impose son style offensif inspiré de Guardiola, à qui il rend même visite à la fin de sa première saison américaine pour parfaire son apprentissage. Une influence que ressent Chanot : « Tu sens qu’il est passé par plusieurs championnats et qu’il a une grande expérience. On fait du vrai football avec lui, inspiré de Guardiola. Il participe aussi beaucoup aux séances et quand on fait des jeux à l’entraînement, il fait encore partie des meilleurs joueurs ! Il n’y a pas de longs ballons, seulement des petites passes et notre gardien relance le plus possible au sol. La semaine dernière face à New England (2-2), il a d’ailleurs fait 88 passes dans le match. Le précédent record était de 45, et il datait de 2010, pour te dire. »

L’Europe lui tend les bras

S’il a réussi à emmener New York en play-off lors des deux premières saisons, Vieira le doit aussi à une rigueur et un leadership inné qu’il a gardés malgré le changement de costume. Chanot : « Il veut en permanence que tout le monde soit concerné. Je n’aime pas comparer, mais je pense avoir plus appris avec Vieira en deux ans que durant le reste de ma carrière. Il a le souci du détail, du très haut niveau. Si tu fais une passe à ton coéquipier en défense centrale sur son pied gauche, alors qu’elle devait être sur son pied droit, il va te le faire remarquer. »

Cette saison, Vieira en veut d’ailleurs plus et explique qu’il est « capable de mener cette équipe et d’essayer de gagner le titre » , car il sait aussi qu’un sacre installerait encore un peu plus sa légitimité. Cet été, il n’était d’ailleurs pas loin de rejoindre Saint-Étienne, qui lui avait finalement préféré Óscar García. Aujourd’hui, c’est même du côté d’Arsenal que plusieurs médias anglais l’annoncent dans un futur proche, à la lutte avec Thierry Henry en cas de départ d’Arsène Wenger. Entre un homme qui a coaché Frank Lampard, Andrea Pirlo et David Villa ces deux dernières années et un autre qui gonfle les ballons et installe les plots aux séances d’entraînement des Diables rouges, il semblerait qu’un candidat soit un peu plus légitime que l’autre.

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Par Andrea Chazy

Propos de MC recueillis par AC

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