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Vidéo futur

Par Alexandre Doskov, au Stade de France
Vidéo futur

Il n'était qu'un objet de fantasmes souvent violents, de débats toujours enflammés, et de clivages profonds. L'arbitrage vidéo a enfin montré son vrai visage mardi soir, en aidant à valider ou non deux buts. Alors oui, le score du France-Espagne est incontestable, mais la vidéo a dévoilé ses failles. Le football du futur est-il prêt à les accepter ?

Il y a deux camps. Entre eux, un gouffre sans fond. Les possibilités de réconciliation ? Quasi nulles. Les arguments des uns et des autres ? Recevables dans les deux cas, et c’est bien ça le pire. Parce que ça signifie que chacun peut revendiquer d’avoir raison, et que le débat ne finira jamais. Plus qu’une question de football, il s’agit presque d’une rupture entre deux façons de voir le monde. Il y a ceux qui n’aiment rien tant que la précision, la justice, la balance qui penche du bon côté, et qui avaient serré victorieusement le poing en apprenant que le match d’hier soir serait arbitré avec l’aide de la vidéo. Et ceux qui se tapent de tout ça, qui pensent que la puissance des émotions du football vaut bien une ou deux injustices de temps en temps, et qui refusaient que leur jeu favori devienne une succession d’actions saccadées. En caricaturant à peine, les réalistes contre les romantiques. Alors quoi de mieux qu’une jolie affiche sans enjeu comme ce France-Espagne pour tester la chose, et voir un peu qui a raison et qui a tort ? Et si ce n’est pas le premier essai pour la vidéo, pour la première fois, elle a décidé du sort d’un match en étant utilisée à deux moments capitaux. Il y a d’abord ce but de Griezmann à l’heure de jeu, après une jolie déviation de la tête de Kurzawa. De Gea était battu, et Grizou, après avoir vu son ballon entrer dans les filets espagnols, s’était précipité vers le poteau de corner en cherchant quelle célébration il allait nous sortir, avec toute sa horde de Bleus lancée à ses trousses.

Un nouveau monde

Déchaîné, le speaker du stade de France chauffait l’arène à blanc en hurlant dans son micro. Les écrans géants, eux, bombardaient déjà les logos de mauvais goût prévus lorsqu’un joueur plante. Ça avait été dur, mais ça y est, la France avait marqué. Et en fait, non. La faute à un hors-jeu décelé grâce à la vidéo, immédiatement demandée par le premier arbitre, car seul lui peut le faire. Soit, justice était faite, et le peuple bleu avait eu droit à son ascenseur émotionnel pour rien. Puis il y a eu ce vrai-faux but de Deulofeu, avec un scénario inverse, puisque l’arbitre avait d’abord sifflé hors-jeu, avant que ses potes scotchés à leur écran ne lui indiquent que le but était valide. Tout le monde s’est alors dit la même chose. Avec la vidéo, il va falloir s’habituer à vivre dans un monde où on peut voir un joueur célébrer pendant trente secondes, avant de se voir couper dans son élan par une copie corrigée par la vidéo. Ou des joueurs marquer, attendre les bras sur les hanches que le couperet tombe, puis célébrer trente secondes plus tard quand la vidéo leur aura finalement accordé l’onction. Alors, bien sûr, il ne faut pas tomber dans l’excès, et toutes les utilisations de la vidéo ne ressembleront pas à ça. Car un but n’est pas toujours litigieux, et qu’un pion magnifique marqué par un joueur qui n’a rien à se reprocher ne souffrira aucune contestation possible. Et au lieu d’attendre bêtement son tampon « Validé » , le joueur en question n’aura rien d’autre à faire que d’aller célébrer son œuvre avec ses coéquipiers.

Deux types dans une camionnette

Mais une partie du grand public s’est aperçue mardi soir des limites du dispositif. Après tout, ça sert aussi à ça, les tests. Et si ses détracteurs voulaient montrer qu’ils ont encore des flèches dans leurs carquois, ils parleraient de ce penalty sifflé pour l’Espagne pour lequel l’arbitre n’a pas demandé son avis à la vidéo. Et pourtant, s’il l’avait fait, il se serait aperçu à quel point son choix était discutable. En soi, la vidéo n’a pas tué le rythme du match de mardi soir. Pas de longs arrêts de jeu, pas de pauses interminables, juste deux moments de flottement d’une trentaine de secondes. C’est-à-dire presque rien sur l’échelle d’une partie. Mais la vidéo a rendu le match flou au pire moment, c’est-à-dire lorsque la dramaturgie aurait dû nous exploser à la figure. Comment faire pour que le processus aille encore plus vite, et qu’un but, un penalty ou tout autre fait de jeu soit immédiatement confirmé ou non ? Les exemples de sports de balle et d’équipe où la vidéo existe, au hasard le basket ou le rugby, montrent que c’est compliqué. Qui dit recours à la vidéo dit forcément visionnage de l’action à posteriori, ce qui prendra toujours quelques secondes. C’est donc ça, le futur ? La mort du football, diront les romantiques. Un petit mal pour un grand bien, répondront les réalistes. Et le grand test du stade de France n’a pas permis de trancher, et n’a aidé personne à mettre de l’eau dans son vin. Et si la vidéo venait à se démocratiser, un stade de 100 000 personnes pourrait voir ses émotions balayées en un clin d’œil par deux types postés dans une camionnette sur le parking, qui auraient cliniquement autopsié une action avant de causer à l’arbitre dans son oreillette. La fin d’un monde, assurément.

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