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Veut-on vraiment mourir pour le Toulouse FC ?

Par Mathieu Rollinger
Veut-on vraiment mourir pour le Toulouse FC ?

Les hommes de Mickaël Debève retrouvent ce dimanche Lille dans un match capital pour leur maintien. Et pendant que certains joueurs appellent à se transcender, tout porte à croire que l’enthousiasme et les ambitions ont quitté les bords de la Garonne depuis un petit moment. Ou quand Toulouse devient la ville morose.

La tête basse, réflexe humain du joueur n’ayant plus goûté à la victoire depuis plus de deux mois, Corentin Jean s’avance dans les couloirs du Stadium après une défaite contre Dijon (0-1). « La situation est vraiment critique et il va falloir être fort dans la tête, assure l’ailier toulousain. Ce soir, c’est vraiment triste. Il reste six matchs, soit six finales. Il faut mourir pour le TFC. » Cet appel à l’insurrection et au sacrifice date de début avril. Depuis ? Un sursaut d’orgueil face à Angers (2-0), puis plus grand-chose. Au point de se retrouver au bord du précipice à trois journées de la fin. Avec 34 points, le Téfécé est aujourd’hui dix-septième de Ligue 1 et ne compte plus que deux points d’avance sur le barragiste, Troyes, et le premier relégable, Lille. Le même LOSC qui a amorcé sa mission sauvetage la semaine dernière contre Metz et qui peut trouver son salut ce dimanche en punissant Toulouse.

Un long fleuve trop tranquille

Si d’habitude, c’est Bordeaux qui se voit désigné comme la « Belle endormie » , ce qualificatif trouve également écho en amont de la Garonne. Car Toulouse semble s’être fait surprendre, se reposant sur des lauriers inexistants et quelques certitudes désormais envolées. Une saison 2016-2017 bouclée sans trop d’accroc l’an passée (13e), un recrutement prometteur (Gradel, Sanogo, Imbula, Cahuzac, Mubele) et un Pascal Dupraz surfant encore sur l’opération maintien de 2016. Le fleuve semblait calme. Et pourtant. « On vit mal cette saison, soupire Marco de Biasi, porte-parole des Indians Tolosa 1993. On fondait pas mal d’espoir sur cet exercice, mais finalement il ne se passe rien et c’est de pire en pire. » Aujourd’hui, le coach savoyard et ses esbroufes sont partis, et Mickaël Debève semble avoir du mal à endosser le rôle de commandant derrière lequel les joueurs veulent se ranger pour aller au combat.

Depuis leur virage, les supporters sentent bien que l’enthousiasme, l’envie et les ambitions sont désormais bien loin de la Ville Rose. Et personne ne semble vraiment savoir quelle est la vraie place de ce club, ni quels étaient ses objectifs initiaux, si ce n’est figurer en fin de saison entre la cinquième et la quinzième place. La fourchette est plus que large. « Quand il est arrivé à Rennes, Olivier Létang a dit qu’il avait trouvé un club où il n’y avait aucune différence que le club gagne ou perde. Je me suis retrouvé dans ce constat parce que c’est vrai aussi à Toulouse, compare Marco de Biasi. On savait qu’on ne serait pas champions cette année, mais l’attitude et les comportements sont inquiétants. »

« Tout le monde se fout du Téfécé »

Et plutôt qu’être remarquable pour ses performances sportives (malgré quelques matchs intéressants comme face à Monaco), la saison du Téfécé a été marquée par plusieurs remous en interne, du départ de Pascal Dupraz en janvier aux affaires extra-sportives – le contentieux avec Zinédine Machach, l’histoire du vol de la montre de Max-Alain Gradel ou encore l’affaire Odsonne Édouard un peu plus tôt. De quoi poser des questions sur l’unité du groupe au moment où l’avenir du club se joue et aussi se couper du public. « Le Téfécé est un club qui a du mal à transmettre des émotions. On n’aime pas le Téfécé, on ne déteste pas le Téfécé. Tout le monde se fout du Téfécé, regrette le membre des Indians. Mais un club ne se construit pas dans l’indifférence. Il n’y a pas d’incitation à se mobiliser ou à se motiver. » Triste constat pour un club qui fêtait l’an dernier ses 80 ans.

Et si les joueurs se disent prêts à mourir pour le Téfécé, c’est le projet du club lui-même qui semble au point mort. Les saisons bouclées en haut du classement et la campagne européenne de 2007-2008, avec un tour préliminaire de Ligue des champions contre Liverpool et un parcours en Ligue Europa, sont aujourd’hui dans le rétroviseur. Et tout ne peut qu’inciter à ressentir le même sentiment d’indifférence. Ce qui fait dire à certains qu’une relégation pourrait permettre de créer un électrochoc et de repartir sur de nouvelles bases, sans qu’ils ne s’interdisent de croire encore au maintien et que ces travaux puissent se faire dans l’élite. « Dimanche, je pense que tous les joueurs savent que la défaite est interdite et qu’ils mettront ce qu’il faut » , se rassure Marco. Et quel que soit le classement final, ce qui compte à Toulouse, c’est surtout de faire enfin barrage à la morosité.

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Par Mathieu Rollinger

Propos de Marco de Biasi recueillis par MR.

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