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Une remontada comme une autre

Par Clément Gavard
Une remontada comme une autre

Après Rome la saison dernière, le Barça a été victime d'une nouvelle remontada ce mardi à Anfield (4-0) après avoir largement remporté le match aller à la maison (3-0). Plus que jamais, ce terme popularisé le soir de l'humiliation du PSG au Camp Nou en mars 2017 a pris une nouvelle ampleur dans le football actuel, au point de rendre l'impossible possible à tous les coups.

Qui pouvait bien croire que la soirée du 8 mars 2017 allait donner naissance à une mode improbable dans le monde du foot ? Ce soir-là, le Paris Saint-Germain se ramène au Camp Nou pour retrouver le FC Barcelone et valider son ticket pour les quarts de finale de la Ligue des champions après avoir cartonné le club catalan à l’aller trois semaines plus tôt (4-0). Si quelques médias espagnols ont fait monter la sauce avant la rencontre, tout le monde (ou presque) en France n’imagine même pas une seconde un retournement de situation. Et pourtant. La suite, aucun amateur de ballon rond ne l’a oubliée : dans les ultimes minutes, le bout du pied de Sergi Roberto est venu crucifier Paris (6-1) et le terme « remontada » a pris vie. Un exploit ? Oui, évidemment. Sauf que personne n’avait prévu que cette folie pure devienne une habitude en à peine deux ans sur la planète C1.

Personne n’est à l’abri

Le mot hispanique a envahi toutes les têtes. Toutes. Tout au long de cette saison, les couacs du PSG se présentaient toujours comme une bonne occasion pour rappeler les dégâts causés par le cauchemar du Camp Nou. Sauf que depuis cette soirée tragique pour le club de la capitale, l’Europe a pu constater que ce phénomène ne touchait pas seulement les Parisiens. En fait, qui peut vraiment être à l’abri d’une remontada ? Pas besoin d’aller chercher très loin pour trouver la réponse, il suffisait de se poser dans son canapé ce mardi soir pour être témoin du retour dingo de Liverpool contre le Barça (4-0), une semaine après avoir terminé le nez dans le gazon à Barcelone (3-0). Donc non, personne n’est à l’abri. Même pas l’incontestable champion d’Espagne. Même pas l’équipe dans laquelle joue Lionel Messi. Même pas le club qui a lancé cette mode en humiliant Paris, victime de cette épidémie pour la deuxième fois en treize mois, après son élimination en quarts de finale contre la Roma la saison dernière (4-1, 0-3).

La logique n’existe plus, peu importe le niveau, peu importe le tour de la compétition. Chaque confrontation aller-retour est devenue un frisson, et ce même si les forces en présence ne sont pas celles attendues.

Dans les prochains mois, à la prochaine édition de la Ligue des champions, plus personne ne se demandera s’il est possible pour une équipe d’en renverser une autre après avoir pris une branlée à l’aller.

Dans les prochains mois, à la prochaine édition de la Ligue des champions, plus personne ne se demandera s’il est possible pour une équipe d’en renverser une autre après avoir pris une branlée à l’aller. Cet exploit de Liverpool – car ça en reste un – à Anfield a un peu plus renforcé la mode, il lui a donné de la consistance, il a encore fait entrer le phénomène dans une nouvelle dimension. Le retour de Manchester United à Paris ? Fort. La remontée de la Juventus contre l’Atlético de Madrid avec un triplé de CR7 ? Très fort, mais terriblement attendu. Le renversement du Real Madrid par l’Ajax à Bernabéu ? Exceptionnel, mais différent. Ce mardi soir, c’était une demi-finale de C1, un niveau encore au-dessus. Et cette remontada a peut-être donné un nouveau statut au Barça sur la scène européenne : celui du loser.

La bascule psychologique

Il va falloir que les hommes d’Ernesto Valverde – qui ne devrait plus rester très longtemps sur le banc catalan – se remettent d’une telle claque. Pour la deuxième fois. En quelque sorte, le Barça a été victime du monstre qu’il a lui-même créé (avec le PSG) ce soir de mars 2017. L’ironie du sort est terrible et elle met en évidence une nouvelle approche psychologique dans les matchs à élimination directe en Ligue des champions (et même ailleurs). À quel point un score fleuve au match aller est un avantage pour le vainqueur ? Le rapport de force est-il vraiment si déséquilibré ? La mission remontée est-elle vraiment de l’ordre de l’impossible ? Plus maintenant, la donne a changé. L’équipe balayée dans une première manche peut adopter une nouvelle mentalité, une nouvelle philosophie, celle qui dit que tout est possible.

Jürgen Klopp avait d’ailleurs parlé dans ce sens au micro de Sky Sports avant la réception de Barcelone : « J’ai déjà connu ce genre de matchs plusieurs fois. Pour moi, ce n’est pas juste avant la rencontre que vous vous dites : « Je crois qu’on peut le faire. » Je suis sûr que nous pouvons le faire et je ne pense pas qu’on ait plus de chances ou moins de chances de le faire. Nous avons besoin que les choses soient en notre faveur. » Pas besoin d’en dire plus pour créer une bascule psychologique. Pendant que le vaincu se dope à la confiance et à l’optimisme, le vainqueur se prépare à gérer son avantage dans un nouveau climat, dans une peur inconsciente et en gardant dans un coin de sa tête qu’un retour humiliant n’est pas inimaginable. Et maintenant, à qui le tour ?

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