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Une France déjà dans l’histoire
Un quart de finale aurait été honorable. Mais une demi-finale, c'est la bascule dans un tout autre monde : celui qui reste dans la mémoire collective. En disposant de l'Uruguay grâce à Varane et Griezmann, les 23 Bleus et leur entraîneur se sont donc offert plus qu'une victoire. Une place dans la postérité, oui.
Au prix d’un match sérieux et grâce à des nerfs solidement accrochés, l’équipe de France a battu l’Uruguay et validé sa place dans le dernier carré de la Coupe du monde. À première vue, les Bleus n’ont franchi qu’une marche de plus qu’en 2014, qui plus est contre un adversaire plus accessible que ne l’était l’Allemagne d’il y a quatre ans. Mais en passant l’obstacle que représentait la Celeste, Didier Deschamps et ses hommes ont gagné plus qu’un match. Une sortie en quarts de finale, c’est un résultat « neutre » pour l’Hexagone.
Honorable, mais pas mémorable. Une demi-finale, c’est autre chose. Les Français ont atteint l’objectif minimum en phase avec leur niveau, se sont offert la possibilité d’un choc contre le Brésil – une affiche contre la Belgique ne serait pas moins historique elle aussi –, mais ont aussi et surtout réservé leur place au panthéon du football français. Comme les héros de 1958, de 1982, de 1986 ou encore de 1998 et 2006. Car à l’échelle du football français, une place dans le dernier carré d’une Coupe du monde est synonyme d’épopée.
Kopa, Platini, Zidane, Pogba, même combat
Alors certes, le groupe de Didier Deschamps claque moins que les romantiques armadas de 1958 – avec Raymond Kopa, Just Fontaine, Roger Piantoni – ou de 1982 et 1986, avec Michel Platini et le carré magique. Et ce groupe n’a pas encore atteint le Graal comme avec Aimé Jacquet, ou failli le reconquérir comme en 2006. Mais comme l’a dit le sélectionneur après ce match, « cette Coupe du monde n’est pas ratée, désormais » , et elle peut encore devenir très belle. Une défaite contre l’Uruguay aurait minimisé la portée du match d’anthologie face à l’Argentine – une Albiceleste un peu moins faible qu’annoncée – et aurait accentué les réserves sur les performances françaises en poules.
Avec ce dernier carré, c’est toute une génération qui intègre – déjà – la postérité. Elle valide sa finale à l’Euro 2016 et permet à une jeune génération d’expérimenter le plus haut de tous les niveaux. Car combien de demi-finales de Ligue des champions vaut une seule présence dans le dernier carré mondial ? S’il est aujourd’hui facile de faire la fine bouche, de parler de la chance du sélectionneur, de l’absence de flamboyance dans certains matchs, les archives, elles, ne mentiront pas : les 23 joueurs de l’équipe de France de 2018 seront à jamais le sixième groupe d’internationaux à avoir vécu une demi-finale en Coupe du monde. Et peut-être même un peu plus.
Par Nicolas Jucha