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Une Fiorentina à bout de souffle

Par Adrien Candau
Une Fiorentina à bout de souffle

Décevante huitième de Serie A, en proie à un conflit durable entre ses tifosi et les instances dirigeantes, la Fiorentina vient officiellement d'être mise en vente par son propriétaire, Andrea Della Valle, qui détenait le club depuis quinze ans. La fin d'une ère.

Qu’importe le retour des beaux jours, les tifosi de la Fiorentina voient leur club s’enfoncer dans une trêve estivale aux contours sombres et orageux. Après une saison anodine sportivement, la Violavient coup sur coup de se séparer de son entraîneur, Paulo Sousa, remplacé par Stefano Pioli, et est en instance de divorce avec la famille Della Valle, propriétaire du club depuis 2002. Un investisseur d’abord populaire, avant qu’il ne perde progressivement en prestige et en légitimité aux yeux des supporters, lassés de voir leur club incapable de se montrer à la hauteur des ambitions affichées par sa direction.

Renaissance

Pourtant, quinze ans plus tôt, quand Andrea et Diego Della Valle, entrepreneurs spécialisés dans le luxe, reprennent en main la formation viola, cette dernière n’est plus qu’un club brisé par une gestion financière insensée. Forcée de prononcer sa faillite en août 2002, la Violadoit aussi composer avec une relégation administrative en Serie C2, la quatrième division italienne. Un tas de ruines sur lequel les frères Della Valle vont reconstruire les fondations d’une Fiorentina régénérée. Dès 2004, Les Violets font leur retour en Serie A et, chaque année, les Della Valle investissent des sommes conséquentes pour combler les pertes nettes du club, et lui permettre de construire une équipe ambitieuse. Précisément 34, 35 et 20 millions d’euros en 2005, 2006 et 2007. Une période qui correspond à l’âge d’or de l’ère Della Valle, placée sous l’égide d’un coach, Cesare Prandelli, qui ramène la Violavers les sommets de la Serie A de 2005 à 2009. Surtout, avec des joueurs de la trempe de Luca Toni, Tomáš Ujfaluši, Adrian Mutu, Alberto Gilardino ou Stevan Jovetić, la Fiorentina hume le parfum des joutes européennes, en échouant aux tirs au but en demi-finale de C3 en 2008 face aux Glasgow Rangers. Puis en étant à deux doigts d’éliminer le Bayern Munich en huitième de finale de C1 deux ans plus tard.

Plafond de verre

L’appétit venant en mangeant, l’ambition de la famille Della Valle croît au fur et à mesure des années, alimentant la soif de titres des tifosi florentins. En 2008, Andrea Della Valle, président du club depuis 2004, annonce un projet de stade comprenant en tout 80 hectares où l’on trouve aussi un hôtel, un musée dédié au club, un centre commercial et un parc à thème sur le football, tout en annonçant clairement la couleur : « Dès 2011, nous allons nous battre pour le titre. » Un projet immobilier toujours en suspens aujourd’hui. En parallèle, les ultras s’impatientent. Vincenzo Montella, introduit à la tête de l’équipe en 2012, perpétue le style de jeu chatoyant instauré sous Prandelli, mais les Toscans continuent d’échouer dans les moments décisifs. Convaincu que la Violase heurte à un plafond de verre infranchissable, l’actuel entraîneur de l’AC Milan décide de quitter le navire, en froid avec sa direction et lassé par les exigences particulièrement élevées des tifosi. Après la défaite des Violets face à Séville en demi-finale de Ligue Europa en 2015, Il Aeroplanino s’insurge ainsi contre les sifflets que l’Artemio Franchi réserve à ses joueurs : « L’équipe ne méritait pas ça. Cette année, nous avons fait le mieux que nous pouvions en fonction des ressources en notre possession, voilà tout. »

L’amour dure quinze ans

Paulo Sousa, qui succède à Montella à l’été 2015, ne pourra faire mieux que son prédécesseur, alors que la Viola se défait de ses meilleurs éléments, de Mohamed Salah à Cuadrado en passant par Savić. La grogne des tifosi monte alors progressivement jusqu’à atteindre son point culminant à la fin de l’exercice 2016-2017, quand les sifflets se systématisent à l’encontre des joueurs. Le mercato estival atone du club florentin, dont les meilleurs éléments – de Borja Valero à Bernardeschi, en passant par Kalinić – sont annoncés partants, n’arrange rien. Fin juin, une bannière déployée à l’entrée de l’Artemio Franchi résume le sentiment des ultras : « Vous vendriez jusqu’à la fumée de la bougie si vous le pouviez, les Della Valle, dehors. » Un jugement sévère aux yeux des propriétaires, qui ont investi environ 220 millions d’euros dans le club ces quinze dernières saisons. De quoi aboutir à l’annonce de la mise en vente officielle de la Fiorentina le 27 juin. Et conclure sur une note amère une idylle qu’Andrea Della Valle, lassé, n’avait plus le courage de prolonger : « J’ai fait quelques erreurs, mais je pense aussi avoir donné beaucoup de joies à la ville de Florence. Être attaqué de toutes parts comme je l’ai été cette année m’a amené à réfléchir. En arriver à cette situation me rend amer, mais il est temps pour moi de prendre du recul. » Et pour les tifosi de la Viola de tourner la page d’une présidence qui présentait à leurs yeux de sérieux signes d’essoufflement.

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