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Une affaire privée

Par Alexandre Doskov
Une affaire privée

Kurzawa et Coman viennent de faire quelques allers-retours chez les policiers, mais les deux garçons sont quand même dans la liste de Deschamps. Une décision que ce dernier a expliqué en parlant d'« affaires privées » et de « décisions prises dans un cadre sportif ». Un argument recevable, même si son théorème pose plusieurs questions.

Coach Didier était de bonne humeur ce jeudi après-midi, et est monté sur son estrade d’un pas guilleret pour annoncer à la presse la liste des 23 veinards qui auraient droit d’admirer l’architecture de Sofia, puis d’échanger leurs maillots avec ceux des Biélorusses les 7 et 10 octobre prochains. Une litanie mécanique et bien rodée qui démarre immanquablement par le désormais traditionnel : « Gardiengue de buteu : Hugo Lloris, Steve Mane-dane-da… » , après laquelle le sélectionneur est passé au grand interrogatoire. Et forcément, comme on pouvait le prévoir, des petits malins ont glissé des questions Faites entrer l’accusé à Deschamps entre les discussions sur l’état de forme de tel ou tel joueur ou sur l’adversaire bulgare.

Derrière le miroir sans tain, contre le mur des suspects, les silhouettes de Layvin Kurzawa et et de Kingsley Coman. Le premier est accusé d’avoir craché verbalement sur Deschamps devant des amis sans savoir qu’il était filmé, le second d’avoir offert quelques baffes et une ITT à son ex-compagne. Et pourtant, Kurzawa et Coman seront de la partie. À ceux qui voulaient savoir pourquoi des joueurs en pleine tourmente extra-sportive faisaient quand même partie de l’équipe, DD a répondu les deux mêmes mots : « Affaire privée. » Les vannes de Kurzawa ? « Une affaire privée. » Le coup de sang de Coman ? Contrôle C/contrôle V. Sentant que son auditoire en demandait plus, Deschamps s’est simplement contenté d’ajouter : « Je ne veux pas me poser des questions outre-mesure. Je prends des décisions dans un cadre sportif et je les assume. »

Le fantôme

Soit. Une ligne politique gagne toujours à être claire et assumée, même si elle ne satisfait pas tout le monde. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens » , écrivait le cardinal de Retz après avoir comploté contre Mazarin. « Un chef, c’est fait pour cheffer » , tonnait Jacques Chirac de façon un peu plus cavalière trois siècles plus tard. Mais là où le bât blesse, c’est que Deschamps donne au terme « affaire privée » le sens qui l’arrange au moment où ça l’arrange. L’expression a beau être martelée par le boss des Bleus, elle garde dans sa bouche une définition fluctuante et mal établie. Ce qui le conduit à, en prime, faire la danse du ventre, alors qu’il se débattait encore il y a peu contre le fantôme de Karim Benzema.

Pendant les trois quarts d’heure de conférence de presse, le nom de l’attaquant du Real n’a jamais été prononcé, et aucun journaliste n’est venu titiller le sélectionneur sur le sujet, preuve que Deschamps est en train de se débarrasser de ce fardeau. Mais impossible de ne pas se dire que le cas Benzema-Valbuena appartenait également au domaine privé, et que si le coach se contentait de prendre « des décisions dans un cadre sportif » comme il l’a lui-même dit, sa sélection aurait peut-être une autre gueule. Et plutôt que de se torturer les méninges pour la milliardième fois de façon aussi débile qu’inutile sur le retour de KB9 en Bleu, en s’attachant au sens des mots et en faisant une lecture littérale des propos de Deschamps, la question qui se pose est celle de la présence de Kurzawa et de Coman dans la liste.

Le mal est fait

Car c’est établi, certifié, indiscutable, gravé dans le marbre : tant que Didier Deschamps sera aux manettes, Karim Benzema ne versera pas une goutte de sueur pour le maillot Bleu. Le cœur du problème n’est même plus l’affaire de la sextape en elle-même, finalement assez anecdotique et pour laquelle Benzema n’est plus sous contrôle judiciaire, mais ses conséquences. Les débats sur l’amour du drapeau, sur les gosses de cité, les propos balancés un peu trop vite pour sous-entendre que Deschamps a cédé à une partie raciste de la France, les likes sous les montages photo gamins et moqueurs du compte Instagram de Booba, la résidence bretonne du coach taguée du mot « raciste » …

Les soucis de Kingsley Coman ne regardent que lui et sa compagne, ne dépassent pas le cadre de leur chambre à coucher, et la justice a déjà rendu son verdict en condamnant le joueur qui avait plaidé coupable. Le cas de Kurzawa est différent puisque le coach est directement concerné, mais il n’a pour l’instant déclenché aucun débat sociétal. En ce qui concerne Benzema, même si la justice donne pour l’instant raison à la Benz’, le mal est fait et la vaisselle a été brisée en trop de morceaux pendant la dispute pour qu’on puisse espérer la réparer. Reste à comprendre pourquoi Deschamps n’assume pas totalement cette position, et pourquoi il préfère se réfugier derrière ces fameuses « affaires privées » pour expliquer que certains joueurs soient sélectionnés malgré leurs rendez-vous au commissariat. Manifestement toutes les affaires privées ne se valent pas, et Deschamps gagnerait à le dire franchement et à expliquer pourquoi certains problèmes de comportement sont mieux acceptés que d’autres.

La liste complète :

Gardiens : Hugo Lloris (Tottenham), Steve Mandanda (Marseille), Alphonse Areola (PSG).

Défenseurs : Djibril Sidibé (AS Monaco), Christophe Jallet (Nice), Laurent Koscielny (Arsenal), Raphaël Varane (Real Madrid), Samuel Umtiti (FC Barcelone), Presnel Kimpembe (PSG), Lucas Digne (FC Barcelone), Layvin Kurzawa (PSG).

Milieux : Blaise Matuidi (Juventus), N’Golo Kanté (Chelsea), Moussa Sissoko (Tottenham), Corentin Tolisso (Bayern), Adrien Rabiot (PSG).

Attaquants : Olivier Giroud (Arsenal), Antoine Griezmann (Atlético), Kylian Mbappé (PSG), Dimitri Payet (Marseille), Alexandre Lacazette (Arsenal), Thomas Lemar (AS Monaco), Kingsley Coman (Bayern Munich), Florian Thauvin (Marseille).

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Par Alexandre Doskov

Tous propos recueillis par AD.

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