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Unai Emery, la remontada du cœur

Par Mathieu Faure
Unai Emery, la remontada du cœur

C’était un secret de polichinelle, c’est désormais officiel : Unai Emery ne sera plus l’entraîneur du Paris-SG l’an prochain, il devrait être remplacé par l’Allemand Thomas Tuchel. En marge du point presse hebdomadaire du club, ce vendredi, le Basque a officialisé son départ avec classe et élégance. À l’image de l’homme qui aurait mérité un peu plus de tout durant son passage dans la capitale. L’histoire d’un homme qui méritait qu’on l’aime vraiment.

« J’ai communiqué aux joueurs mon départ. Je remercie le président Nasser Al-Khelaïfi, le directeur sportif Antero Henrique, les supporters et tous les joueurs pour ces deux saisons. » Voilà comment Unai Emery a officialisé son départ du Paris-SG au terme de l’exercice actuel. Arrivé en 2016, le Basque n’aura fait que deux saisons sur le banc parisien, son bail en prévoyait une troisième en option en cas de demi-finale de Ligue des champions. Tout le monde le sait, de demi-finale il n’a pas été question. Emery aura presque tout gagné dans la capitale, mais la C1 a tout cannibalisé à l’heure de son bilan. C’est aussi, sans doute, le plus grand souci actuel du PSG : ne voir que par la Ligue des champions, rendant tous les autres trophées inutiles aux yeux du monde. Surtout dans une saison où le PSG peut gagner, encore, quatre trophées sur cinq. Tellement « facile » que peu de clubs le font dans les grands championnats européens.

Certains résumeront son passage dans la capitale à la remontada. Comme si un seul match déterminait l’empreinte laissée. Unai Emery aurait mérité plus. Ou autre chose. Sans se plaindre et en bossant sans cesse, le Basque a constamment respecté le club, l’institution et son histoire, ne se plaçant jamais au-dessus du PSG. Son credo : le travail, le respect et la passion. Alors qu’il part, il a préféré continuer à envoyer des câlins au PSG quand d’autres auraient pu crier leur rancœur ou penser à leur petit confort personnel. « Le prochain entraîneur pourra voir qu’il s’agit d’un grand club, a-t-il ajouté. La Ligue des champions est l’objectif premier du PSG. Mais il a aussi besoin d’être fort en France. Il faut s’améliorer, travailler, pour aller dans le processus du club, qui veut tout gagner. » Accueilli comme un second couteau alors qu’il venait de remporter trois Ligue Europa de rang – amusant d’observer comment on a tenté de réduire ses succès européens à l’époque quand on voit l’engouement actuel autour du parcours de l’OM dans cette même compétition -, Emery s’est vite aperçu de la complexité de sa tâche.

L’après Ibra à gérer

Car la plus grande mission d’Emery n’avait pas de nom, mais elle portait un héritage qu’il fallait assumer : l’après-Ibrahimović. Le Basque hérite donc d’un vestiaire délesté de Zlatan Ibrahimović puis, un mois plus tard, de David Luiz. Durant sa première saison, il perd sportivement, au fur et à mesure, Maxwell et Thiago Motta. En moins d’un an, c’est une partie de l’ADN sportif de QSI qui tire sa révérence. Ce n’est pas rien. Sans parler de la structure du club en bordel permanent (la gestion de Serge Aurier, par exemple), de l’environnement médiatique compliqué et des obligations de résultats en permanence. Bon courage.

Oui, Emery n’a pas gagné la C1, n’atteignant même jamais les quarts de finale. Mais tomber sur le Barça puis le Real Madrid en huitièmes de finale n’est pas ce que l’on peut appeler un cadeau. Plus de Bayer Leverkusen ou Valence au menu, là, c’est du 5 étoiles d’entrée. Il a essuyé les plâtres, en somme. Emery a mis un an pour remettre le club dans le sens de la marche, gérant comme il peut un mercato d’été 2016 chaotique (Krychowiak, Jesé, Ben Arfa). Durant ce laps de temps, il ne s’est jamais plaint de son groupe, du mode de fonctionnement du football français, de l’arbitrage ou de quoi que ce soit. Il a encaissé les coups. Sans broncher. Il s’est réfugié dans le travail. Évidemment, quand on vous met à disposition Neymar, Mbappé et Daniel Alves au cours du même été, tout va pour le mieux. Encore fallait-il trouver un moyen de faire jouer tout le monde ensemble. Le travail, encore une fois, et la passion.

Avec Mbappé, on parle avec le cœur

Dans le dossier Mbappé, il se déplace jusqu’à Bondy pour rencontrer Kylian et sa famille. Là, on discute simplement de football. Avec le cœur. Et l’ancien Monégasque accroche direct. Même feeling avec Kimpembe, Rabiot, Lo Celso, Berchiche ou encore Areola. On parle, on avance, on conseille, on travaille. À Avranches, en Coupe de France, Emery tape la causette avec Damien Ott, le coach de l’équipe amateur. Rien n’est mis en scène. C’est simple. Réel. Authentique. « Ce qui est fabuleux dans l’histoire, c’est son accessibilité après la rencontre. Il est d’une gentillesse énorme. Il faut surtout retenir ça. Il m’a permis d’échanger avec lui. C’est un entraîneur qui a su respecter mon rêve de pouvoir le rencontrer. Et ça, ça n’a pas de prix. C’est fabuleux » , racontera le coach d’Avranches à 20 minutesaprès le match. C’est sans doute ce moment qui détermine le mieux Unai Emery au PSG. Pendant deux ans, l’homme de San Sebastián aura pourtant dû combattre le courroux médiatique qui l’a fait passer, parfois, pour le dernier des pitres, se moquant même de son accent alors qu’on adule les singeries linguistiques de Laurent Paganelli.

Entraîneur étranger en France, il n’y a rien de pire pour se faire démolir gratuitement. Bielsa, Jardim, Ancelotti, tous, à des degrés plus ou moins variés, sont passés par là. Emery a eu son lot de moqueries. Il est passé outre. Alors qu’il va vivre ses dernières semaines sur le banc du PSG avec une finale de Coupe de France à préparer, il a préféré ouvrir la porte de son cœur à son successeur plutôt que de parler de lui. « Je crois en ce projet, c’est un projet solide. Si le nouvel entraîneur a besoin de quelque chose de ma part, je peux l’aider avec mon opinion. Le PSG va continuer à grandir avec des joueurs importants. Le coach qui va venir va voir que c’est un grand club, avec de grandes possibilités. Je suis ouvert pour aider. » Car Unai Emery sait à quel point c’est difficile d’être entraîneur du Paris-SG. Et malgré les échecs, les changements tactiques discutables, la remontada, la perte du titre contre Monaco, l’histoire des bouteilles d’eau, de son accent, Unai Emery quitte Paris avec un sentiment de gâchis. Car on le sait tous au fond de nous, ce monsieur aurait mérité qu’on l’aime autrement. C’est une évidence.

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