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Un Lyon majuscule devant Manchester City

Par Mathieu Rollinger
Un Lyon majuscule devant Manchester City

Oui, l’Olympique lyonnais s’est plié en quatre pour se hisser en demi-finales de la Ligue des champions après sa victoire contre Manchester City (1-3). Oui, il retrouvera dix ans plus tard le Bayern à ce même stade de la compétition. Et oui, il faut d'ores et déjà considérer ce match comme un moment d’histoire. Voilà pourquoi.

Mais bordel, par où commencer ? Quelle individualité ressortir de cet exploit réalisé par Lyon, face à Manchester City ? Comment analyser tout ça ? Où ont-ils cherché cette énergie et ce mental insoupçonnés ? Il faudra certainement du temps pour comprendre ce qu’il s’est passé ce samedi soir ; au stade José-Alvalade. Moins de 24 heures après avoir bouffé de l’irrationnel à ne plus en pouvoir avec ce 8-2 infligé par le Bayern au Barça, personne n’était prêt à se faire resservir une telle plâtrée de folie. Et pourtant, l’Olympique lyonnais – à qui on prêtait plutôt la position du fessé en écho aux événements de la veille – a au contraire infligé une déculottée aux petits bonhommes en bleu de Pep Guardiola.

Le mot est peut-être fort : à un plat du pied de Raheem Sterling mieux ajusté face à une cage vide au moment où le score était à 2-1 et que les organismes lyonnais commençaient à souffrir, l’histoire aurait été radicalement différente. Mais par l’état d’esprit déployé par tout un groupe, remplaçants compris, par la conviction de tenir en main leur adversaire et finalement le mérite d’avoir cru en chacune de leurs opportunités, les Gones ont sorti un exploit majuscule qui fera date.

Le bal des revanchards

Pourtant, tout avait débuté par quelque chose de finalement logique. Voir Maxwel Cornet profiter ainsi de la mansuétude d’Ederson — d’un très grand secours, tout au long du match — pour ouvrir le score et effacer la timidité lyonnaise n’avait rien de surprenant. Lui connaissait la voie, lui avait déjà inscrit trois buts en deux matchs contre les Skyblues, lui sait qu’il vit sa meilleure vie depuis qu’il a été replacé sur ce côté gauche. Et c’est ainsi que l’ancien Messin a pu faire payer à Guardiola ses gribouillages tactiques, qui ont surtout décontenancé ses joueurs. Le train lyonnais était alors lancé, et s’il s’est par moment transformé en bus pour faire barrage au génie d’un Kevin De Bruyne esseulé, il a surtout permis à un container de revanchards d’aller prouver leur valeur.

Ainsi, c’est un Anthony Lopes – de retour sur la terre de ses ancêtres – qui a pu démontrer à ses compatriotes qu’il avait un niveau international après sa boulette contre le Benfica en octobre 2019. Ainsi, c’est Marcelo – qui était en conflit ouvert avec les supporters lyonnais, à cette même époque – qui a prouvé que le tractopelle était capable de diriger les manœuvres comme un chef de chantier. Ainsi, c’est Marçal – un type dont le parcours a été tout sauf linéaire – qui se permettait de chambrer des golden boys comme Sterling. Ainsi, c’est le maudit Moussa Dembélé – frustré d’être remplaçant, depuis le retour de la Ligue des champions – qui a pu marquer ses deux premiers buts en C1 au meilleur des moments. Enfin, c’est Rudi Garcia qui a su insuffler un élan conquérant à ses troupes et leur donner confiance en trouvant le bon équilibre pour faire déjouer des adversaires aussi rodés que la Juve et donc City. Applaudissements, s’il vous plaît.

La France leur dira merci

Parce que ce succès servira forcément d’exemple pour la suite. Pour l’Olympique lyonnais, déjà, qui pourra se rassurer avec une fibre européenne et une capacité à se sublimer dans ce genre de rendez-vous qui n’a pas disparu. L’an prochain, même sans Coupe d’Europe et même si l’effectif est amené à être modifié, le club de Jean-Michel Aulas aura des raisons de bâtir sur ces fondations et de continuer à compter sur sa jeunesse, symbolisée ici par Houssem Aouar et Maxence Caqueret. Mais ce match pourra aussi servir d’électrochoc à cette France du foot, championne du monde, complexée et désespérée de ne pas pouvoir rivaliser avec ses puissants voisins.

Certes, le contexte post-coronavirus est particulier. Certes, on pourra toujours dire que l’arrêt de la Ligue 1 a été salutaire pour nos représentants, alors qu’on en faisait justement un désavantage. Un shot de confiance nécessaire alors qu’il y a quelques heures encore, certains se demandaient si l’arbitre néerlandais n’allait pas avantager les Anglais pour offrir une qualification directe à l’Ajax pour la prochaine C1… Preuve d’un peuple qui se sait condamné d’avance par les éléments. Finalement, M. Makkelie a été bon (peut-être trop, puisque le premier but de Dembélé peut être entaché d’une faute au départ de l’action ou d’un hors-jeu). Ce samedi soir, le pays ira donc se coucher en sachant que deux demi-finales de Ligue des champions l’attendent mardi et mercredi. Avec, pour la première fois de l’histoire, deux de ses représentants (Paris et Lyon) opposés à deux clubs allemands (respectivement Leipzig et Bayern). Quand bien même les Bavarois ont fait forte impression contre le Barça, il n’y a actuellement pas mieux que l’Olympique lyonnais pour renverser cette logique. Et que personne ne ressasse le cauchemar de Séville, d’ici là !

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