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  • Guerre en Ukraine

Ukraine, ô peine

Par Raphaël Brosse
Ukraine, ô peine

L’« opération militaire » lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, jeudi au petit matin, a engendré une onde de choc d’ampleur mondiale et suscité un flot irrépressible de réactions. Pendant que les instances internationales condamnent l’agression russe, les footballeurs cherchent, eux aussi, à avoir voix au chapitre. Pour déclarer leur soutien au peuple ukrainien. Ou pour appeler à l’aide.

Ce devait être le week-end des retrouvailles. Après deux mois et demi de trêve hivernale, la Premier Liha était en effet censée reprendre ses droits ce vendredi, avec un intrigant FK Mynai-Zorya Luhansk en ouverture. Désormais, cependant, on ne sait guère quand ce match aura lieu. Ni s’il aura vraiment lieu un jour. Car le championnat ukrainien, son palpitant mano a mano Shakhtar-Dynamo et tout ce qui l’accompagne ont été mis en veille. Il était 5h45 (heure de Moscou), jeudi, quand Vladimir Poutine a annoncé le lancement d’une « opération militaire » en Ukraine. Les premiers bombardements, dans le Donbass, mais aussi à Kiev, Kharkiv et jusqu’à Odessa, ne se sont pas fait attendre. Alors forcément, face à cette guerre qui vient de commencer et au vent de panique suscité, parler de football et des footballeurs peut paraître futile,sembler accessoire. C’est pourtant ce que l’on va faire ici.

Condamnation unanime, interrogations légitimes

Parce qu’il serait intéressant, déjà, de savoir sur quel pied les instances vont danser devant l’agresseur russe et ses généreux partenaires économiques. Bien sûr, tout le monde a emboîté le pas de la communauté internationale pour condamner, d’une voix unanime, les agissements commandités depuis le Kremlin. Initialement planifiée à Saint-Pétersbourg le 28 mai prochain, la finale de la Ligue des champions a été relocalisée au Stade de France. L’UEFA pourra-t-elle, toutefois, se passer de l’apport financier de Gazprom – auquel a renoncé Schalke 04 -, l’un des principaux sponsors de la C1 ? Par ailleurs, si le Zénith a été bouté hors de la Ligue Europa par le Betis jeudi soir, le Spartak Moscou poursuivra son aventure continentale en jouant ses matchs à domicile sur terrain neutre. À moyen terme, les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde, prévus fin mars, risquent également de poser problème. Les fédérations polonaise, suédoise et tchèque (dont les sélections se trouvent dans la même « voie » que la Sbornaya) ont fait savoir qu’elles ne se rendraient pas en Russie, exhortant la FIFA et l’UEFA à « réagir immédiatement et présenter des solutions alternatives. »Sans oublier que l’Ukraine ira, au même moment, défier l’Écosse à Glasgow.

Messages de soutien et appels à l’aide

Au-delà de ces considérations politiques, des décisions qui seront prises, notamment à l’occasion de la réunion d’urgence programmée ce vendredi matin, il y a des hommes. Des joueurs qui, même s’ils font maintenant carrière à l’étranger, n’en demeurent pas moins viscéralement attachés à leur terre natale. De la légende Andriy Shevchenko au plus virulent Oleksandr Zinchenko, ils sont nombreux à avoir clamé leur amour de l’Ukraine. Roman Yaremchuk, lui, a fièrement exhibé un T-shirt frappé du Tryzub juste après avoir permis à Benfica d’égaliser face à l’Ajax Amsterdam, mercredi (2-2). « Je voulais soutenir mon pays, a ensuite expliqué le buteur lisboète au micro de CNN Portugal. J’ai beaucoup réfléchi à ce sujet, et j’ai peur de cette situation. » Du haut de ses 64 ans, Oleksandr Petrakov, le sélectionneur de la Zbirna, se dit même « prêt à aider [s]on pays ». De l’autre côté de la frontière, en revanche, on se fait plus discret. À l’exception notable de Fyodor Smolov, habitué du contre-pied, qui a courageusement affiché sur Instagram son opposition à la guerre.

Enfin, il y a ceux qui appellent à l’aide. Ceux qui n’avaient rien demandé, étaient venus en Ukraine pour jouer au foot et se retrouvent au milieu d’un conflit qui les dépasse complètement. C’est le cas des membres de la colonie brésilienne du Shakhtar. Bloqués dans un hôtel de Kiev, en compagnie de leurs compatriotes du Dynamo et avec femmes et enfants, ils ont fait part de leur détresse dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Les Auriverdes espèrent que le gouvernement du Brésil pourra les sortir de là, mais les liaisons aériennes sont, pour le moment, interrompues. « Nous essayons d’entrer en contact avec nos ambassades pour comprendre ce qu’il faut faire. Nous cherchons un moyen de partir », a raconté à Sky Italia Roberto De Zerbi, le coach des Mineurs. Et d’ajouter : « Les Ukrainiens sont les vraies victimes. (…) Il y a de très jeunes gars qui sont à la merci des événements. » On est peut-être un peu naïf, mais au fond, on a hâte qu’il ait lieu, ce match entre Mynai et le Zorya. Cela signifiera que le cauchemar est terminé, que la vie retrouve un semblant de normalité. Que le ballon peut à nouveau rouler.

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Ukraine

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