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Toulouse : pas de panique, la situation est sous contrôle
Comme officialisé mercredi, via un communiqué laconique, Philippe Montanier n’est plus l’entraîneur de Toulouse. Ce départ surprenant, qui s’ajoute à celui de plusieurs joueurs cadres non prolongés, laisse à penser que le TFC part en vrille. À tort.
Il faut bien reconnaître qu’à première vue, la décision paraît rude. Deux saisons abouties, une identité de jeu saluée, un titre de champion de Ligue 2, un maintien serein en Ligue 1 et, surtout, une Coupe de France qui trône fièrement dans l’armoire à trophées : le bilan de Philippe Montanier sur le banc du Toulouse FC a de quoi faire un paquet d’envieux. Cela n’a pas empêché le technicien normand d’emprunter le même chemin que bon nombre de ses confrères au cours des derniers mois, à savoir celui de la sortie. Le club de la Ville rose a en effet officialisé, ce mercredi, la fin de sa collaboration avec l’ancien entraîneur de Rennes ou Lens. Chez les supporters violets, la stupéfaction peut être accompagnée d’une once d’angoisse, dans la mesure où quatre joueurs majeurs du onze de départ – Branco van den Boomen, Stijn Spierings, Brecht Dejaegere et Maxime Dupé – ont choisi de partir libre cet été, imités quelques semaines plus tard par la gâchette anglaise Rhys Healey. Une sacrée page est en train d’être tournée, alors que se profilent un mercato estival brûlant et un exercice 2023-2024 de tous les dangers (participation à la Ligue Europa, Ligue 1 à dix-huit clubs). Au fond, cependant, il n’y a pas vraiment lieu de s’inquiéter.
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Le Toulouse Football Club annonce le départ de Philippe Montanier. https://t.co/OV6CgSiWw2
— Toulouse FC (@ToulouseFC) June 14, 2023
Une surprise ? Quelle surprise ?
Vu de loin, le départ de Philippe Montanier ressemble à un coup de théâtre. En réalité, quiconque a suivi de près l’actualité du TFC depuis la reprise post-Coupe du monde savait qu’un tel dénouement était quasi inéluctable. La mise à pied de Michaël Debève, début décembre, avait déjà fortement refroidi l’ambiance. Comme révélé par le site LesViolets.com, les relations entre Damien Comolli et l’entraîneur de 56 ans n’étaient pas au beau fixe, ce dernier regrettant notamment l’omniprésence des datas dans le processus de décision. On peut évidemment regretter la façon dont la nouvelle a été officialisée (un communiqué lapidaire), qui rappelle que le Toulouse de l’ère RedBird ne s’embarrasse pas avec les bons sentiments quand il s’agit de prendre une décision.
En revanche, difficile de considérer que la fin de l’aventure toulousaine du natif de Vernon soit une immense surprise. Il est même tout à fait permis de suggérer que ses dirigeants avaient anticipé cette situation en remplaçant Debève par Carles Martinez Novell, qui vient de récupérer la place laissée vacante sur le banc occitan. Le coach espagnol est jeune (39 ans), a un profil bien plus « data-compatible » que son prédécesseur, il est apprécié au sein du vestiaire et il a eu six mois pour s’acclimater et comprendre le fonctionnement du récent 13e de Ligue 1. Sa prise de fonction ne ressemble ni à un virage à 180 degrés, ni à un pari tenté au débotté. C’est un choix réfléchi, qui s’inscrit dans une certaine continuité.
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Carles Martinez Novell nommé entraineur de l'équipe professionnelle du TéFéCé.#DeboutToujours 😈 pic.twitter.com/t1GRKByPgg
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Se souvenir des étés passés
De même, à l’exception notable de Dupé, difficile de tomber des nues en découvrant la liste des joueurs ayant refusé de prolonger. La cellule de recrutement a eu de longs mois pour s’y préparer. D’ailleurs, si Vincent Sierro a débarqué dès le mercato hivernal en provenance des Young Boys Berne, c’était précisément pour qu’il prenne ses repères dans l’entrejeu, avant d’en devenir l’un des tauliers l’an prochain. Des renforts sont déjà arrivés (le milieu offensif César Gelabert, l’ailier Ibrahim Cissoko), d’autres vont suivre dans les semaines à venir. Certes, des mouvements sont également à attendre dans l’autre sens (Farès Chaïbi, Anthony Rouault, Zakaria Aboukhlal ?), ce qui risque de susciter de nouvelles craintes.
Il faudra toutefois se souvenir que, jusqu’à présent, le président Comolli et ses équipes se sont rarement plantés, même si leurs étés sur les bords de la Garonne ont toujours été animés. L’inquiétude était de mise en 2020, déjà, quand l’équipe a été reconstruite autour d’inconnus venus des quatre coins de l’Europe, au lieu de s’appuyer sur de vieux briscards estampillés Ligue 2. Elle l’était encore quand Patrice Garande a été remplacé par Montanier – dont la cote n’était, à l’époque, pas bien haute –, puis au fil de ventes vues comme autant de coups durs (Manu Koné, Amine Adli, Nathan Ngoumou…). À chaque fois, le Téf’ a su s’adapter et rebondir. Il est vrai que le défi qui l’attend est un peu plus grand. Mais supposons au moins que ceux qui le dirigent ont une idée bien précise de ce qu’ils font.
Par Raphaël Brosse