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Tottenham, le stade des problèmes

Par Julien Perthuis
Tottenham, le stade des problèmes

Tottenham reçoit ce mercredi soir l'Inter en Ligue des champions. Une rencontre où l'erreur ne sera pas permise pour la bande à Harry Kane si elle veut continuer d'exister en C1. Une rencontre qui, de plus, se déroulera à Wembley et non dans le nouveau stade qui avait pourtant été promis par les dirigeants du club pour le début de la saison. Retour sur la construction du successeur de White Hart Lane, entre une certaine idée de la grandeur et une autre de la lose.

C’est une pub qui a fait sensation dans le métro londonien cet été. Des affiches représentant le futur stade de Tottenham avec l’inscription « Le seul endroit où voir la Ligue des champions à Londres » . Un troll à l’intention des voisins d’Arsenal et de Chelsea, non qualifiés pour la compétition européenne reine. Sauf que les choses ne se passent pas exactement comme prévu pour les Spurs. À l’heure où Tottenham s’apprête à disputer le troisième de ses trois matchs de poule de C1 à domicile, l’enceinte, qui devait être inaugurée pour le début de la saison, n’a toujours pas ouvert ses portes. Et comme rien ne garantit que les Spurs seront encore en vie en C1 en janvier, on est à deux doigts du foirage complet. Si l’histoire de la pub est anecdotique, elle est révélatrice des errements du club dans un projet pourtant vendu comme la petite révolution qui lui permettrait de passer un cap.

Une promesse, c’est une dette

En 2016, tout est pourtant acté : White Hart Lane et ses 36 284 places vont être démolis pour faire de la place à une nouvelle arène de 62 062 places. De plus, transition également importante entre un bâtiment datant de 1899 et un autre voulu ultra-moderne avec architecture futuriste, sièges chauffants équipés de ports USB, distributeurs automatiques de mousses et boulangerie géante. Le grand luxe. Une source de revenus non négligeables pour l’institution, d’autant qu’un accord sur dix ans a été passé avec la NFL pour qu’au moins deux matchs de football américain y soient joués par saison. L’ancien président du club, Lord Sugar, a visité le chantier récemment et n’a pas hésité à parler de meilleur stade du monde.

À la fin de la saison dernière, passée à Wembley, les fans espéraient commencer 2018-2019 dans leur nouvelle maison. Pendant l’été, il est toutefois annoncé que le 15 septembre sera le grand jour. Ça commence à sérieusement sentir le roussi quand, un mois avant la date fatidique, les dirigeants de Tottenham demandent un nouveau délai, sans plus de précision. Le 26 octobre dernier, il est annoncé que toutes les rencontres à domicile des Spurs pour 2018 se dérouleront à Wembley. Puis, tout récemment, c’est le Times qui révèle que deux scénarios sont en fait possibles : une inauguration début janvier, face à Manchester United, ou mi-mars, contre le rival d’Arsenal. Une annonce officielle devrait être faite début décembre. Mais l’accord pour jouer à Wembley tient pour toute la saison. La preuve que le chantier pourrait réserver d’autres surprises ?

Si l’armature du bâtiment semble achevée depuis belle lurette, des problèmes avec les systèmes de sécurité sont à l’origine des retards accumulés. Le DG de Mace, le maître d’ouvrage avec lequel s’est associé Tottenham, a expliqué cet été que des problèmes de câblage relatifs aux appareils d’alerte incendie ont contraint à repousser l’inauguration. Plus d’erreurs que la normale auraient été faites quant à la connexion électrique de ces appareils. Plus globalement, c’est l’accomplissement des équipements électroniques qui est très en retard.

Bières, coke et bastons sur le chantier

Un rapport du média spécialisé Construction News permet d’y voir un peu plus clair. Un management faiblard, une organisation inexistante et l’absence de communication entre équipes auraient conduit à des erreurs, souvent de la part de sous-traitants du domaine de l’électrique. Le problème de fond : Mace est le maître d’ouvrage principal, avec autour une constellation de sous-traitants qui répondent au club en priorité. Cela conduit à un manque de coordination entre tous ces agents. Avec 4000 ouvriers sur le chantier au plus fort de sa fréquentation, celui-ci est devenu un immense bordel à ciel ouvert. Les sources de Construction News affirment que des ouvriers se mettent bien à la bière dès le début de la journée avant de filer aux chiottes sniffer quelques rails de coke, que des bastons perturbent l’avancée des travaux et que le matériel manque constamment.

« Quand nous serons installés, il n’y aura plus d’excuses pour ne pas remporter de trophées »

Les coûts des travaux auraient dépassé le milliard de livres et pourraient continuer à s’accumuler avec la construction qui s’éternise. Peu importe, Tottenham n’a qu’une seule priorité : finir son stade. Au risque de mettre de côté l’aspect sportif ? L’équipe n’a pas recruté cet été. Et même si elle réalise l’un des meilleurs débuts de saison de son histoire, une non-qualification pour la Ligue des champions pourrait s’avérer désastreuse. Une perspective qui alarme les fans, qui sont évidemment enchantés par tous ces retards… Des représentants du Tottenham Supporters Trust ont rencontré le board du club en août pour discuter du problème et demander des explications quant au mercato. La rengaine des dirigeants des Spurs face à cette situation ? Soyez patients, nous comprenons votre frustration, mais vous allez avoir le meilleur stade d’Angleterre. Pour Daniel Levy, le président du club, le retard est « décevant, coûteux et frustrant » mais il se montrera « intransigeant » dans la perspective « de remettre quelque chose d’extraordinaire aux fans » . Mace se défend en affirmant que les fourvoiements sont inévitables sur un projet de cette envergure et que l’entreprise n’est pas au courant des problèmes d’alcool et de drogue évoqués par Construction News : « Mace réfute fermement l’image de notre projet qui est dépeinte par ces allégations anonymes. »

En conférence de presse, c’est souvent le pauvre Mauricio Pochettino qui doit payer les pots cassés à la place de ses dirigeants. Attention néanmoins à ne pas trop tirer sur la corde. Le 26 septembre, le manager argentin se servait de ce contexte comme d’un compte à rebours annonçant les imminents succès de son club : « Je suis vraiment confiant pour la fin de l’année et, quand nous serons installés, il n’y aura plus d’excuses pour ne pas remporter de trophées. » La déception a dû être grande quand il est apparu que les choses traînaient. Fin octobre, il confiait ainsi ressentir sa « pire impression » depuis son arrivée malgré des résultats sportifs honorables. Et pour cause, le football en tant que tel ne semble plus être la priorité des dirigeants. Vivement, pour tout le monde, que ce chantier se finisse enfin.

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