S’abonner au mag
  • Angleterre
  • Tottenham

Tottenham, autopsie d’une saison cauchemardesque

Par Matthieu Darbas

Dans la famille des cadors qui ne répondent pas au rendez-vous en Premier League, je demande Tottenham. Actuellement cinquièmes, les Spurs, massacrés dimanche à Newcastle (6-1), pourraient ne plus s'arrêter de dégringoler dans cette fin de saison. Explications.

Tottenham, autopsie d’une saison cauchemardesque

« Il n’y a pas de mots pour décrire une telle performance. » Désemparé, Cristian Stellini a tenté de revenir sur le match cauchemardesque de ses joueurs à Saint James’ Park (6-1). Face aux journalistes, l’ancien entraîneur italien par intérim n’a pas essayé de trouver des explications à un tel massacre, mais a plutôt accusé le coup. « Les 25 premières minutes ont été les pires que j’aie jamais vues. Nous avons encaissé quatre buts en autant de tirs (la cinquième frappe des Magpies n’a pas trouvé le cadre, tandis que la sixième signée Isak a permis aux locaux de mener 5-0 après 21 minutes de jeu, NDLR). Est-ce qu’il existe un scénario pire que celui-là ? » Après avoir évoqué ses choix de système et d’hommes, Stellini a assuré que « tout le monde avait besoin d’un peu de temps avant de tout analyser ». Le principal concerné ne pourra en tout cas pas le faire, puisqu’il a été démis de ses fonctions au lendemain de cette « performance totalement inacceptable », a grondé le président Daniel Levy dans un communiqué. Mais si la défaite des Spurs pour le compte de la 32e journée de Premier League et cette nouvelle valse des entraîneurs ont surpris tout leur monde, elles ne sont en rien étonnantes pour les amoureux du club.

Conte avait raison

Dominateurs de la tête et des épaules à Southampton le 18 mars dernier, les Spurs avaient vu les Saints revenir à 3-3 dans le dernier quart d’heure alors qu’ils menaient 3-1 à la 76e minute de jeu. Le week-end suivant, Harry Kane pensait donner un avantage certain aux siens peu après l’heure de jeu face à Everton. Mais même en supériorité numérique, Tottenham avait concédé le match nul dans les derniers instants de la partie (90e, 1-1). Toujours aussi révoltant, dans un match largement à leur portée face à Bournemouth, les Spurs ont vu Dango Ouattara installer la clim devant leurs propres supporters dans le temps additionnel (2-3, 90e+5). Et s’il faut encore des exemples pour décrire le manque de confiance et de solidarité de l’équipe londonienne cette saison, le but de Ndiaye qui a permis à Sheffield United d’éliminer les Spurs dès les huitièmes de finale de la FA Cup en mars dernier (1-0, 79e) ou encore l’unique réalisation de la victoire des Wolves (1-0, 82e) par Adama Traoré il y a peu feront le travail.

Il n’a donc pas fallu attendre le 23 avril pour se rendre compte que les Spurs avaient décidé de faire sans esprit d’équipe, sans unité, sans organisation, sans plan tactique, sans mental, sans combativité ou encore sans discipline depuis le début de cette saison 2022-2023. Un constat déjà drastiquement souligné par Antonio Conte, entraîneur alors en place après le match nul face aux Saints. « Ce que j’ai vu aujourd’hui est inacceptable. Allons au cœur du problème : nous ne sommes pas une équipe ! Nous sommes onze joueurs sur un terrain, c’est tout. Je vois des garçons égoïstes, des joueurs qui ne veulent pas s’entraider et qui ne mettent pas leur cœur à l’ouvrage », avait lancé le tacticien italien. Plus d’un mois plus tard, la situation n’a donc pas changé. Enfin si, du point de vue comptable : quatrième avec deux points d’avance, et autant de matchs disputés sur Newcastle il y a un peu plus d’un mois, Tottenham est désormais cinquième, six points derrière les Magpies et une rencontre de plus jouée. « Le plan tactique, c’est une chose. Mais le désir en est une autre, avait rajouté Conte, démis de ses fonctions la semaine suivante, il faut avoir du feu dans les yeux et dans le cœur. Le club a sa responsabilité, l’entraîneur aussi. Mais sérieux, où sont les joueurs ? » Déjà, pas à leur poste. Effectivement, quid de bien défendre face à la quatrième meilleure attaque du championnat avec Ivan Perišić et Pedro Porro, habituellement ailiers offensifs, au poste de latéraux ? Comment obtenir un résultat là où Manchester United (2-0), Chelsea (1-0) ou encore Manchester City (3-3) se sont cassé les dents cette année en décidant de brutalement changer de système ? Pourquoi avoir décidé de mettre en place pour la première fois de la saison un 4-3-3 quand tous les joueurs travaillent sur une défense à trois depuis l’hiver 2021 ? Qu’importe, le problème est évidemment plus profond.

Quelqu’un a des superpouvoirs ? 

« On peut essayer de trouver des excuses, mais on avait déjà raté le combat avant de le commencer. Vous ne pouvez pas entrer sur le terrain sans l’envie de gagner la bataille », a même balancé Hugo Lloris, d’habitude plutôt calme et stoïque face aux caméras. Sorti sur blessure à la pause après avoir encaissé cinq buts, le portier français de 36 ans a présenté ses excuses « au nom de toute l’équipe ». Mais ne faut-il pas s’excuser pour les quatre longues dernières années qui se sont écoulées ? Ces quatre dernières saisons depuis ce printemps palpitant où les Spurs de Mauricio Pochettino régalaient l’Europe d’un jeu renversant et plein de caractère jusqu’à grimper en finale de la Ligue des champions ? Depuis, rien ne semble comme avant. Après s’être débarrassé de Conte, le président Levy cherche un entraîneur pour la quatrième fois en trois ans et demi. Signe d’un souci de constance et d’une indigne mauvaise gestion pour un club de cette trempe.

Le pire dans cette histoire, c’est que les problèmes ne devraient pas s’arrêter là. Il y a plusieurs raisons à ça : d’abord une réception de Manchester United, actuellement quatrième, et un déplacement à Liverpool, septième, sont au programme des deux prochaines journées de championnat des Spurs. Et pour pimenter une situation déjà bien angoissante, les Spurs se déplaceront à Aston Villa, redoutable sixième de la Premier League, à deux journées de la fin. Dans le package « bien trop de risques à prendre », on peut aussi ajouter l’avenir de Harry Kane, au centre des discussions des dirigeants du club depuis trois saisons déjà. Celui qui a marqué 43% des 58 buts de son équipe en championnat cette saison verra son contrat prendre fin à l’été 2024 et le prochain entraîneur aura la lourde mission de le convaincre de rester. Enfin, il faudra avoir des superpouvoirs pour éteindre la colère des supporters du club, de plus en plus nombreux à pointer du doigt la présidence de Levy. Si l’arrivée de l’expérimenté Fabio Paratici, ancien directeur sportif de la Juventus, avait fait le plus grand bien à tout le monde dès juillet 2021, permettant à Levy de déléguer un peu de responsabilités, sa démission après avoir écopé d’une suspension mondiale de deux ans et demi pour sa collaboration entre 2010 et 2021 à la Vieille Dame laisse le club dans une situation compliquée. Le dirigeant anglais de 61 ans prend désormais toutes les décisions et a pour réputation de vouloir une rentabilité financière et sportive directe avec ses collaborateurs. Difficile de voir sur le long terme avec lui. Et si les résultats ne suivent pas, il est probable de prendre la porte comme l’ont donc fait Cristian Stellini, Nuno Espírito Santo, ou même José Mourinho avant lui. Alors Julian Nagelsmann (dont le nom revient avec insistance du côté de Tottenham, NDLR), tu déposes ton CV ?

Par Matthieu Darbas

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Premier League

Actus TOT

Antonio Conte

Harry Kane

Angleterre