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Top 50 : Transferts avortés (de 20 à 11)

Par Andrea Chazy, Clément Gavard et Adrien Hémard

Chaque période de mercato est une belle occasion d'assister à la naissance d'histoires rocambolesques. Entre les beaux coups et les flops annoncés, une autre catégorie mérite le coup d'œil. Voici une sélection de 50 transferts qui ont capoté au XXIe siècle. Au menu : des fax de dernière minute, des trahisons et des grosses colères.

#20 - Milinković-Savić à la Fiorentina

À l’aéroport Peretola de Florence, il est un peu plus de midi au moment où Sergej Milinković-Savić et son père, Nikola, posent pied sur le tarmac. Le milieu de terrain du KRC Genk, alors tout juste champion du monde U20 avec la Serbie au mois de juin 2015, est en route vers le siège de la Fiorentina pour y découvrir la Serie A sous les ordres de Paulo Sousa. Mais au moment fatidique de la signature du contrat, c’est le drame : SMS fond en larmes et demande plus de temps en invoquant « un motif personnel » . En Italie, on parle alors de pressions extérieures ou encore d’un accord existant entre son agent, Mateja Kežman, et le directeur sportif de la Lazio Igli Tare. Ce qui est sûr en revanche, c’est que le 31 juillet 2015 (moins d’une semaine plus tard), Sergej Milinković-Savić avait séché ses larmes et s’engageait officiellement avec la Lazio. Le début d’une grande histoire d’amour qui dure encore plus de six ans après. AC

#19 - Pato au PSG

C’est l’un des principaux rendez-vous manqués du début de l’ère QSI à Paris. Quelques jours après la nomination de Carlo Ancelotti au cœur de l’hiver de la saison 2011-2012, Doha cherche à faire un gros coup pour faire entrer Paris dans une autre dimension. Si Javier Pastore est arrivé durant l’été, les dirigeants parisiens rêvent d’offrir Alexandre Pato à leur nouveau coach. En stage hivernal, sous les yeux des dirigeants qatariens, Milan s’impose même sur un but de Pato. Malgré des offres parisiennes autour de 30M d’euros, et un contrat sur mesure, le deal ne se conclut pas. À l’époque, une rumeur circule : ce serait Barbara Berlusconi, membre du conseil d’administration de l’AC Milan, fille du Cavaliere et surtout en couple avec le joueur, qui aurait bloqué le départ de Pato à Paris. Une version démentie par l’intéressé quelques années plus tard, en 2014, dans les colonnes du Corriere della Sera : « J’ai toujours voulu dissocier les aspects professionnels et privés pour ma carrière. J’ai toujours pris mes responsabilités comme un professionnel. Ce n’était donc pas Barbara Berlusconi qui avait bloqué mon possible transfert au PSG, c’était le président Silvio Berlusconi. » Un an plus tard, au mercato d’hiver 2013, Pato rentre au Brésil chez les Corinthians. Et ne verra donc jamais Paris, comme joueur. AC

#18 - Diafra Sakho à Rennes

Après trois années passées à West Ham, Diafra Sakho souhaite changer d’air à l’été 2017. Le 31 août, il entrevoit une porte de sortie pour faire son retour en Ligue 1, au Stade rennais, où il passe normalement sa visite médicale malgré ses blessures récurrentes au dos. Mais les dirigeants bretons sont refroidis par des Hammers finalement décidés à conserver leur attaquant. « Il voulait aller à Rennes. Il a passé sa visite médicale, mais le club a choisi de ne pas le vendre et il est revenu, précisera Slaven Bilić la semaine suivante. Il a l’air bien à l’entraînement. J’espère qu’il va rester longtemps. Il doit savoir que jusqu’en janvier, il est un joueur de West Ham. » Une façon d’apaiser la situation, alors que Sakho s’était envolé pour Rennes au lieu d’aller à l’entraînement de West Ham. À son retour de Bretagne, plutôt que d’aller s’expliquer au club, il avait préféré aller miser 100 livres sur le canasson de son agent à l’hippodrome, empochant au passage 500 livres. Et Rennes dans tout ça ? Sakho y débarque cinq mois plus tard, le 29 janvier 2018. Le début d’une belle aventure ? Pas vraiment, le Sénégalais finira par résilier son contrat avec le SRFC en janvier 2020, avant de voir son arrivée au Gornik Zabrze, en Pologne, capoter en raison de désaccords sur les contours du contrat du joueur qui n’aura cette fois pas eu le temps de passer des tests médicaux. CG

#17 - Benjani à Manchester City

À une époque où Manchester City n’avait pas un réservoir offensif illimité, le club mancunien devait parfois se renforcer en plein hiver. C’est le cas en 2008 quand les dirigeants citizens jettent leur dévolu sur Benjani, l’ancien Auxerrois qui fait à cette époque trembler les filets de Premier League sous le maillot de Portsmouth. Une offre d’un peu plus de sept millions de livres est acceptée, l’attaquant zimbabwéen est donc attendu à Manchester dans les dernières heures du mercato. Problème : le buteur s’endort sur un siège à l’aéroport, trouve le moyen de rater deux vols en direction du nord du pays et ne signe pas son contrat dans les temps. « C’est un scénario qui aurait été impossible à écrire, avait alors halluciné le directeur général de Portsmouth. L’avion suivant, à 19 heures, a été annulé et celui de 20h30 a été retardé. Cela a transformé cette situation en fiasco. » Coup dur pour Sven-Göran Eriksson et pour les trois parties, le porte-parole de City confirmant que le club n’a pas réussi à « boucler l’affaire avant minuit » . La transaction est ainsi provisoirement bloquée par les instances anglaises, mais les histoires de transferts avortés ont également le droit à des happy ends. Quatre jours plus tard, la Premier League valide l’arrivée de Benjani à la surprise générale. Celui-ci fêtera la bonne nouvelle en marquant dès sa première apparition contre l’ennemi juré Manchester United. Comme quoi, une bonne sieste n’a jamais fait de mal à personne. CG

#16 - Mario Jardel à l’OM

Plus encore que le retour de Didier Drogba, la vraie fausse arrivée de Mario Jardel a marqué le peuple marseillais. À la Commanderie, le nom du Brésilien est même devenu une expression propre qui renvoie à tous ces joueurs longtemps annoncés proches de l’OM, mais jamais véritablement marseillais. Pour Mario Jardel, cela se passe à l’été 2001. Le buteur sort d’une belle saison à Galatasaray avec 34 pions en 43 matchs, dans la lignée de ses 4 années à Porto (154 buts en 167 matchs). L’international brésilien coche toutes les cases de la recrue star désirée par Bernard Tapie, de retour aux affaires en tant que directeur sportif. Un deal à 100 millions de francs est évoqué, et en juin 2001, Tapie considère que c’est fait : « C’est un joli coup hein ? » L’entraîneur Tomislav Ivic se projette lui aussi lors d’une conférence de presse : « Jardel est un grand buteur. Son jeu n’est pas spectaculaire, mais il est d’une rare efficacité. Avec lui, on ne joue pas n’importe comment, il faut bâtir à ses côtés un collectif susceptible d’exploiter son potentiel, notamment dans le jeu de tête. »

Sauf que le joueur, parti disputer la Copa América à reculons en Colombie, ne signera jamais à l’OM. Entre-temps, le montage financier imaginé par Tapie se révèle impossible, alors qu’aucun joueur ne souhaite être prêté à Galatasaray en échange et qu’il y a déjà 6 extra-communautaires dans le vestiaire. La vérité, c’est que Robert Louis-Dreyfus bloque la transaction : « Bien sûr que je vais passer pour un idiot si Jardel marque 40 buts au Portugal et que nos problèmes offensifs ne sont pas résolus, mais je n’ai pas apprécié que le joueur et son agent profitent du contexte pour demander plus d’argent. » L’OM se rabat sur Pascal Nouma, tandis que Jardel file au Sporting pour planter non pas 40, mais 48 pions en 36 matchs. De quoi porter le Sporting vers le titre pendant que l’OM végète dans le ventre mou. Le flair. AH

#15 - Hakan Yakın au PSG

Avant sa collection de stars, le Paris Saint-Germain était du genre à tenter des coups pendant le mercato. En 2003, le club de la capitale s’offre Hakan Yakın, en provenance du FC Bâle, et pense tenir son numéro 10 laissé vacant par Ronaldinho. Seulement, l’international suisse se contentera de porter la tunique parisienne au Camp des Loges. « L’entraîneur a dit du mal de moi, alors que je ne comprenais pas ce qu’il disait, éclaircira-t-il plus tard en parlant de Vahid Hallilodzic. Pour lui, je ne savais pas courir, j’étais trop gros. Comment faire confiance à quelqu’un qui vous accueille de cette manière ? » En vérité, le joueur de 26 ans a oublié de préciser qu’il souffrait de problèmes récurrents aux adducteurs. Si le PSG tente de câliner sa nouvelle recrue, Yakın choisit de se faire opérer le 15 août, alors que son médecin décèle une hernie discale nécessitant une absence d’au moins trois mois. Le 21 août, il débarque au centre d’entraînement avec des béquilles, et Paris lui met sous le nez l’annulation de son transfert justifiée par une fausse déclaration le jour de sa visite médicale. Retour à l’envoyeur : Yakın revient à Bâle. CG

#14 - Vikash Dhorasoo à Grenoble

Concoctée à base d’éléments du tube digestif du porc – parfois du veau -, et originaire de Troyes, l’andouillette est un des fleurons sous-cotés de la gastronomie française. Et l’un des plus clivants. C’est aussi un délice qui a mis fin à l’aventure grenobloise de Vikash Dhorasoo. Reprenons depuis le début : en juillet 2007, le milieu de terrain rejoint Livourne en Serie A. Avant d’intégrer l’effectif, le club lui demande de jouer un amical avec la réserve pour se remettre en forme. Il refuse, est mis à l’écart et résilie finalement en octobre sans avoir jamais porté le maillot de Livourne. Libre, il se rapproche du Grenoble Foot 38 (L2) en décembre 2007. Donnée pour acquise, la signature ne sera jamais apposée au bas du contrat. La faute à une andouillette, comme l’a raconté le joueur en 2012 sur France Inter : « Quand je suis arrivé à Grenoble, comme j’aime bien manger, j’ai demandé au déjeuner une andouillette-frites. On m’a dit : on n’a pas ça ; ici c’est légumes vapeur. Et je me suis soudain rendu compte que, pour reprendre une vie de professionnel, il allait falloir me remettre au régime et faire des efforts que je n’avais plus envie de faire. Et ça m’a décidé : j’ai dit non, et j’ai abandonné le foot pro. » Quelques jours plus tard, Dhorasoo annonce sa retraite. AH

#13 - David Suazo à Milan

Véritable légende du Cagliari Calcio où il est resté huit ans (102 en 275 matchs entre 1999 et 2007 toutes compétitions confondues), le « Roi David » est courtisé à l’été 2007 par les deux Milan. Suazo avait donné sa parole à Roberto Mancini et à l’Inter, a même passé sa visite médicale avec les Nerazzurri, et pourtant, le 19 juin, l’AC Milan annonce avoir recruté David Suazo. Coup de maître des Rossoneri dans ce derby ? Pas si vite. Si le président de Cagliari de l’époque, Massimo Cellino, avait bel et bien traité avec Milan, « car il n’arrivait pas à joindre son homologue de l’Inter » selon ses dires, le Milan se rend compte du bourbier dans lequel il s’est empêtré et renonce finalement à faire venir le joueur. Car Suazo, lui, ne veut pas revêtir le maillot rouge et noir. « C’était un moment spécial, car Milan et l’Inter me voulaient, relate l’intéressé. Mais l’Inter avait fait un pas supplémentaire, avec l’entraîneur Mancini qui m’avait appelé en premier. Il m’avait déjà parlé et m’avait dit qu’il me voulait et qu’il me considérait comme faisant partie du projet qu’il avait en tête. Cellino avait clairement les intérêts de Cagliari en tête, et puis Milan est arrivé. Le président m’a appelé, et je n’ai pas pu dormir une nuit, mais j’avais déjà pris ma décision. » Le 26 juin, après une période de flou, David Suazo rejoint officiellement l’Inter, et Cagliari récupère 14 millions d’euros dans le deal. La fin d’un feuilleton qui aura tenu en haleine les tifosi des deux clubs pendant une bonne dizaine de jours. AC

#12 - Fekir à Liverpool

La carrière de Nabil Fekir aurait pu basculer en août 2018. L’explosif milieu offensif lyonnais était à deux doigts d’aller parfaire son anglais à Liverpool, où il a même passé sa visite médicale. Sauf que celle-ci révèle un problème au genou, qui pousse les Reds à tout annuler. Un faux prétexte ? Oui, d’après le principal intéressé qui finira par vider son sac dans le Time trois ans plus tard : « C’était un moment sombre. (…) J’ai vu beaucoup de choses qui n’étaient pas vraies. On a dit que le genou m’empêchait d’aller à Liverpool, mais ce n’était pas vrai. Je suis allé à Clairefontaine, et ils ont eu toutes les preuves (médicales, NDLR) que le genou allait bien. J’ai eu un problème avec mon agent, mon conseiller. C’est lui qui est responsable de l’échec du transfert. Ils devaient trouver une raison pour que l’affaire n’aboutisse pas et ils ont rejeté la faute sur le genou. » Depuis cette histoire, le joueur et son ex-agent Jean-Pierre Bernès ne cessent de se répondre par médias interposés. « Le jour de la signature, on a vu arriver un avocat et le beau-frère de Nabil qui ont dit : « Arrêtez tout, les discussions doivent reprendre à zéro », racontait son représentant à L’Équipe en septembre 2019. C’était surréaliste, on se serait cru dans un film de Walt Disney. » À chacun sa version de l’histoire. CG

#11 - Thauvin au LOSC

On peut planter un couteau dans le dos de tout un peuple et recevoir sa chanson en retour. La preuve avec Florian Thauvin qui n’a pas joué une rencontre au stade Pierre-Mauroy depuis 2013 sans avoir le droit à son petit refrain : « Thauvin, Thauvin, on t’enc*le » , ou la variante « Thauvin fils de p*te » . Un accueil personnalisé que l’ancien Marseillais devait à sa volte-face historique de l’été 2013. Rappel des faits : flamboyant à Bastia, l’ailier de 19 ans signe en janvier un contrat de quatre ans et demi au LOSC, qui le prête dans la foulée à Bastia jusqu’à la fin de saison. Thauvin tape la pose avec le maillot du LOSC, « un grand club » , « une très grosse écurie française » dont il salue le projet de jeu. Élu meilleur espoir de Ligue 1 à la fin de la saison, il profite de la cérémonie pour se rapprocher de l’état major de l’OM. Début juin, le feuilleton commence : Marseille veut Thauvin, Thauvin veut Marseille. Michel Seydoux gonfle les muscles, mais c’est le salaire qui fait défaut, alors que Flotov a changé de statut depuis janvier (10 buts en L1). Début août, le tout récent champion du monde U20 finit par s’entraîner avec les Dogues, avant de faire grève. L’OM l’arrache finalement pour 15 millions d’euros, le 2 septembre, sans que Thauvin n’ait disputé le moindre match avec Lille. AH


Par Andrea Chazy, Clément Gavard et Adrien Hémard

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