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Top 50 : Ils ont marqué l’histoire de Koh-Lanta (de 10 à 1)

Par Swann Borsellino, Kevin Charnay, Théo Denmat et Steven Oliveira

Depuis 2001, de nombreux aventuriers et aventurières ont rivalisé pour gagner Koh-Lanta, résister aux conseils, gagner des épreuves, soulever des totems, trouver de quoi manger dans la jungle... S'il y a eu autant de candidats que de trajectoires, certains et certaines ont plus marqué l'émission que d'autres. Voici les 50 candidats qui ont le plus marqué Koh-Lanta depuis ses débuts.

#10 - Moundir

Moundir

Moundir Zoughari serait-il comme le bon vin ? Le temps a en tout cas eu le mérite d’adoucir sérieusement l’aventurier. Jamais vainqueur, jamais finaliste, mais à jamais le premier. À jamais la première rockstar de Koh-Lanta et l’une des premières icônes de la télé-réalité française. Pour le meilleur et souvent pour le pire. Quand il débarque au Panama en 2003 après un interminable casting, Moundir a 29 printemps et aucune idée de la gueule qu’aura son avenir. Alors il prend son sac à dos dans lequel il range de la curiosité, son amour du sport et des kilos de remarques archaïques et sexistes. Il les servira notamment à Linda et Hélène lors la sacrosainte « embrouille des 100 000 » qui a donné lieu à l’enlevage de T-shirt le plus iconique de la télévision française. Premier candidat, avant Mohamed, à avoir pris un carton rouge de la prod’ – une nuit à l’écart de la tribu à la suite du « ferme ta race » et à son comportement agressif -, Moundir peut remercier Tony et, donc, les années. De retour en 2008, il se prend d’affection pour Christelle, moins pour Philippe, mais tel un Leandro Paredes échoué sur une île, l’embrouille ne va pas au-delà du coup de pression. Éliminé, il sert aux caméras le « pourquoi être aussi corrpu ! Éducation de merde ! » qui lui vaudra un tour d’internet, mais aussi une mascotte dans les Guignols de l’info, puis la consécration : sa propre émission télé. Moundir, l’aventurier de l’amour voit le jour en 2010, et la machine est lancée. Arrivé sans repère en 2003, il finit père en 2020. Sa plus belle victoire.

Moundir compil

#9 - Teheiura

Teheiura

C’est simple : pour sa première saison à Raja Ampat, en 2011, il nous a tous envoyé une immense claque dans la tronche. Gentil, puissant, fort en équilibre, modeste, intelligent… On l’avait enfin trouvé, l’aventurier par excellence. Visé par l’ire des Rouges, le gus avait dû gagner six épreuves et trois immunités pour sauver ses fesses, tout en étant d’une innocence quasi suspecte et capable de cuisiner un tronc d’arbre. Une balade dans la forêt se transformait alors en leçon de survie. En réalité, l’arrivée de Téhé à Koh-Lanta, c’est celle de la 3D au cinéma. Le problème des deux, c’est qu’ils vieillissent mal. Revenu trois fois dans l’aventure pour ses enfants Manavai, Mihivai, Vainanui et Vaitoanui, il cumule à la fois le record du nombre de jours sur l’île (103), celui du nombre d’éliminations avec un collier dans le maillot (2), et celui du plus mauvais stratège de l’histoire avec pourtant quinze victoires individuelles. La palette technique de Ronaldinho et la vision de jeu d’une taupe. Pas pour rien s’il est le seul aventurier à compter plus d’éliminations que de participations. On sera cependant toujours aussi heureux de le voir sauter aux portes de la finale lors de Koh-Lanta Le come-back du retour du best des légendes en 2072 .

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#8 - Freddy

Freddy

N’importe quel gamin né au début des années 1990 avait deux idoles dans la vie : Jeux vidéo Magazine et Freddy Boucher. Équipé en 2009 de tous les cheat codes de Koh-Lanta, l’ingénieur avait transformé le camp des Jaunes en hôtel de luxe micronésien, construisant la cabane, les radeaux, une balançoire, une table et des bancs en bambous pour huit personnes, des couverts, des verres, des brosses à dents, et il est probable que la liste soit incomplète. Seul souci : son arrogance avait provoqué son élimination prématurée au 21e jour. Revenu depuis aussi souvent que les bouteilles de champagne dans la vie de George Best, il restera dans l’histoire comme le perdant magnifique de la plus belle finale des poteaux, sur un pied, contre Grégoire dans Le Choc des héros. Encore un type qui aurait déjà dû gagner l’aventure quinze fois. Le problème, c’est qu’à force de se présenter comme un leader, le Boucher s’est souvent fait avoir comme un bleu.

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#7 - Pascal

Pascal

« Un jour en 2016, Denis m’appelle et me dit : « Ce Koh-Lanta c’est une ca-ta-strophe. Heureusement on a un mec qui s’est révélé sur la fin et qui nous sauve l’édition. »  » Quand Marc Rambaud parle, on l’écoute : Pascal est la bouée de sauvetage de l’édition Thaïlande et même Jean le Cam est d’accord. Pascal et son tatouage maori autour du nombril, Pascal et son phrasé des cités, Pascal et sa casquette à l’envers… En plus de cligner des yeux plus vite que son ombre, il avait réussi cette année-là à survivre à l’intégralité des conseils, mû par « l’honneur » , une stratégie hors pair, et la volonté de faire gagner Wendy, complètement retombée dans l’oubli. Tout le monde a encore en tête sa triche sur l’épreuve des proches avec le bandeau qui lui remontait sur le front et sa démonstration à l’orientation où, après avoir trouvé le poignard, il avait été le premier à revenir en marchant jusqu’à Denis. « J’ai le temps. Je m’en bats les couilles. Putain, je frime, c’est bon. Ah putain, à la Travolta dans Staying Alive. Je roule des épaules comme lui. C’est qui le patron ? Y A T’IL DONC PERSONNE D’AUTRE ? » Un malade mental. Et puis, un agent immobilier sans aucune dégaine qui chausse du 46 et gagne deux fois sur les poteaux ? Immense respect. Même si ça lui a valu d’entendre des singes la nuit dans la chambre pendant huit mois après son retour.

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#6 - Jade

Jade

On pourrait faire une compilation de dix heures des victoires de Jade sur les épreuves de résistance physique avec « Résiste » de France Gall en boucle. En 2007, la jeune Toulousaine réussit l’exploit de tenir tête à l’immense Grégoire et de le battre régulièrement. Sur chaque épreuve, c’est un duel épique que se livrent les deux candidats, notamment lorsqu’ils tiennent plus de quatre heures en se tenant sur un poteau. « C’était une machine à torture. J’ai eu tellement mal que j’avais envie de vomir. J’ai toujours une vertèbre déplacée depuis cette épreuve et j’ai cette petite douleur depuis 2007 » , se souvient l’aventurière. Et lorsqu’elle revient en 2009 dans une édition All-Stars, même si la concurrence est bien plus féroce, elle hisse son niveau pour rester la meilleure. Si bien qu’en deux éditions, Jade remporte neuf épreuves individuelles, un record pour une femme sur Koh-Lanta. Mais surtout, elle remporte deux fois l’épreuve mythique des poteaux avec une facilité déconcertante. Du jamais-vu. Nuit debout, c’est elle.

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#5 - Grégoire

Grégoire

5 comme Zizou au Real. Parce que comme ZZ, il n’y a pas un Français qui déteste Grégoire. Parce que comme ZZ, on pourra toujours trouver dans l’histoire des légendes meilleures que lui, plus fêlées, on aura quand même une bonne raison de se convaincre qu’il est le meilleur de tous les temps. Arrivé en 2007 comme « le type qui dort dans sa voiture » , il n’a eu besoin ni d’allume-cigare pour faire le feu, ni d’accélérateur pour avoir une longueur d’avance sur tout le monde dans les épreuves. Saint-Patron des épreuves d’équilibre bien avant l’arrivée de Claudus, chasseur de noix de coco comme si elles poussaient sur le sable, Grégoire a été craint comme la peste, et ce, à juste titre puisque seule l’immense Jade pouvait lui tenir tête sur le long terme. Sa tête fut d’ailleurs coupée, car crainte lors de sa première participation. Mais l’aura du Zizou de Koh-Lanta était telle qu’Adrien décide d’abandonner dans la foulée pour laisser à Grégoire l’occasion de revenir. Cependant, le come-back victorieux n’arrivera que lors du Choc des héros après une épreuve des poteaux mythiques face à Freddy et un succès final. Désormais loin de la télé, celui qui s’est notamment reconverti en apiculteur fait partie de ceux que l’on aimerait revoir, au moins une dernière fois.

Gregoire vs Jade
top victoires de Gregoire

#4 - Marc

Marc

Certains noms sont prédestinés. En naissant Marc Rambaud, le candidat de Koh-Lanta : Johor était fait pour marcher dans les pas de son homonyme Rambo. Comme le personnage joué par Sylvester Stallone, Marc est à l’aise dans la nature : quand il ne pêche pas des poissons, il concocte un atelier huile de coco ou bat le record du feu avec une flamme allumée en moins de 2 minutes. Comme John Rambo, Marco est un fin stratège : il est d’ailleurs le premier candidat à être venu sur l’île avec des kilos en trop pour qu’une fois arrivé à la réunification il soit à son poids de forme. Car oui, Marc a préparé ce Koh-Lanta comme personne avant lui : il s’est entraîné à faire le feu dans son garage et à intégrer la coco à son régime alimentaire deux mois avant le départ. Mais la comparaison ne s’arrête pas là, puisque Marc est aussi un homme qui n’aime pas qu’on lui mette à l’envers. Alors qu’il avait dédicacé une victoire à son frère, décédé entre le tournage et la diffusion, la production n’a pas trouvé bon de garder cette séquence. Du coup, l’entrepreneur de Maine-et-Loire spoile sur Facebook l’émission suivante et menace de le faire toutes les semaines avant d’obtenir des excuses. Car oui, Marc est un putain de patron. Et ce ne sont pas ses victimes Alban, Jeff ou encore Sébastien, éliminé dans la foulée d’une embrouille avec le boss, qui diront le contraire. Et comme tout dictateur, Marc remporte l’élection avec une énorme majorité. Avant de verser les 100 000 euros à une association. Un dictateur au grand cœur donc.

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#3 - Clémence

Clémence

C’est un fait, Clémence n’a jamais été la candidate la plus impressionnante de l’histoire de Koh-Lanta. Et ce, même si elle a mis fin à une série de trois immunités consécutives remportées par Mohamed lors de Koh-Lanta : Pacifique en 2005 en restant plus longtemps que lui accroché à un tronc. Une épreuve qu’elle a de nouveau remportée 13 ans plus tard dans Le Combat des héros. Mais ce n’est pas le seul point commun entre ces deux éditions pour la Toulousaine. Et l’autre est bien plus solide sur un CV, puisque c’est la victoire finale, l’ancienne étudiante en STAPS désormais gérante d’un café-concert étant à ce jour l’unique candidat à avoir gagné deux éditions de Koh-Lanta. Et si Clémence a réussi pareil exploit, c’est qu’elle a tout compris à l’émission où il ne faut pas être ridicule sur les épreuves, s’entendre bien avec tout le monde et entrer dans les bonnes stratégies. Mais aussi savoir la jouer solo quand cela est nécessaire comme lorsqu’elle choisit Francis pour l’accompagner en finale au grand dam de son ami Mohamed face à qui elle aurait probablement perdu. Car dans la vie, il faut faire des choix. Même si parfois ils ne sont pas bons, comme lorsqu’elle a tourné dans un épisode de Sous le soleil. Heureusement pour elle, sur Koh-Lanta, elle n’a jamais fait la moindre erreur.

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#2 - Claude

Claude

Quelle année de merde. En 2020, on a évité de justesse une Troisième Guerre mondiale après l’assassinat d’un général iranien, toute l’Australie a flambé et plus d’un milliard d’animaux ont péri dans ces incendies, la pandémie du coronavirus s’est abattue sur la planète, les fractures sociales et la pauvreté extrême n’ont cessé de croître, et on a perdu, entre autres, Kobe Bryant et Diego Maradona.

Au moment où la France déprimait le plus, durant le long et pénible premier confinement : un phare dans la nuit. Tous les vendredis soir, elle se retrouve devant sa TV et vibre pour un homme : Claude Dartois. Il est déjà une légende de Koh-Lanta, avec deux participations et deux défaites en finale. Mais lors de cette troisième aventure, il va faire l’unanimité comme aucun candidat et même aucun sportif français depuis Zinédine Zidane. Dernier rempart face à des adversaires tous plus agaçants les uns que les autres, son talent et son charisme vont faire de lui un héros. Il devient officiellement le plus fort de l’histoire avec ses 17 succès individuelles, dont deux orientations et une victoire sur les poteaux. Mais encore une fois, il échouera d’un cheveu, à la troisième place cette fois-ci. Pas grave, la France adore ses Raymond Poulidor. L’histoire est presque encore plus belle comme ça.

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#1 - Phil

Phil

Phil est donc, selon nous, le plus grand aventurier de l’histoire de Koh-Lanta, et il va falloir se lever tôt pour le déloger de son trône. Pour marquer le coup, on a carrément appelé Phil, histoire de prendre des nouvelles et de revenir sur son aventure qui a marqué l’émission.

Bonjour Phil. Alors, comment va le « p’tit bézot » ?
Il va bien, tout le monde va bien aujourd’hui. Comme toutes les familles, on a eu des passades de soucis. Par exemple, l’année dernière, on n’a pas eu de chance, on nous a rentré dedans dans les deux voitures dans le même mois ! Mais au niveau de la santé, tout se passe bien, alors c’est l’essentiel.

Vous habitez toujours en Normandie ?
Bien sûr ! Dans la même maison, avec la même femme et les mêmes enfants. Il y a toujours la forêt derrière chez moi, où je vais courir tous les dimanches. Ce week-end, on est sorti faire du vélo avec les enfants, mais on a regretté, on n’était pas assez couverts et on a eu un peu froid. Ma vie me satisfait parfaitement.

Vous êtes né et avez grandi ici, quel était votre quotidien quand vous étiez plus jeune en Normandie ?
Je cachais tout à tout le monde. J’ai perdu mon père à l’âge de trois ans, et à partir de là, la famille nous tourne le dos. Je suis petit, donc je ne le comprends. Je ne comprends pas non plus pourquoi tout le monde a à manger dans son assiette et pas moi. Je ne comprends pas pourquoi je dois commencer à aller travailler à l’âge de 11 ans. Je viens d’avoir 50 ans, et la retraite, je devrais déjà l’avoir. (Rires.) J’ai vendu de tout pour me faire de l’argent : des moules, des jonquilles, du muguet, du lilas… Mais je n’en parlais pas aux copains. Quand j’allais aux jonquilles, c’était à 4h du matin, je me souviens encore où c’est. On allait les vendre ensuite sur les marchés à midi. Et j’allais voler dans les magasins pour m’habiller. C’était dur. Là, on est en période de Noël. À l’époque, je me souviens qu’on n’était que deux avec ma mère, et on regardait par la fenêtre pour voir le sapin des autres gens.

Cette vie difficile dès le plus jeune âge, ça vous a enseigné quoi comme valeurs selon vous ?
Le travail. Ça m’a appris à m’occuper de plus personne et à tracer ma route pour m’en sortir. Après, j’ai habité dans une cité. C’était deux immeubles de seize locataires et on n’était que trois ouvriers à partir travailler : deux anciens et moi. Quand on voyait tous les autres en bas de l’immeuble en train de descendre des bières quand il faisait beau, on ne comprenait pas forcément. Et puis aujourd’hui, quand je vais voir ma mère, qui habite toujours là-bas, ils n’ont pas bougé. À 50 ans, je me lève toujours avec cette même énergie quand je vais travailler. J’avais un peu ralenti après Koh-Lanta, mais là je recommence à faire 50h la semaine parce que l’entreprise m’a demandé un effort. Je leur ai dit : « Oui je donne un coup de main parce que la période est difficile, mais ça ne va pas durer. Après, je reprends mes samedis. » Je l’ai fait pendant onze ans déjà, maintenant ça suffit.

Vous vous souvenez du moment où vous avez découvert Koh-Lanta ?
Comme si c’était hier. J’ai toujours voulu participer au Bigdil avec Vincent Lagaf parce que j’adorais ce personnage. Mais non, ce n’était pas le truc qui me convient, c’est éphémère, c’est une soirée. J’attendais une émission qui me ressemble plus. Et un jour, je vois les annonces de TF1 qui recherche des candidats pour un jeu d’aventure, avec ce générique qui sort de nulle part. J’ai quand même regardé la première édition avant pour voir ce que ça donne. J’ai vu et je me suis dit : « C’est ça. » À partir de là, je me suis inscrit tous les ans au casting. Pendant dix ans jusqu’à ce qu’on me prenne. Ça me rappelait toute mon enfance. C’est-à-dire qu’on te donne rien et tu te débrouilles. Mais là, on est tous égaux. Il n’y a personne qui a plus. Si tu veux plus, il faut gagner. Pour moi, les épreuves, ça représentait les épreuves de la vie, le travail.

Selon vous, qu’est-ce qui a fait que vous avez été pris en 2012 ?
Ma femme me disait que dans une phrase, il fallait mettre un verbe, un adjectif, un machin, un machin. En 2012, j’ai dit : « Écoute, moi j’en ai marre de tout ça, je vais écrire comme je pense et comme je parle. » Et là, ça passe. C’est la première fois que je vais à Paris, à l’occasion du casting, c’est fou. Mais ça se passe mal sur place, je me retrouve devant quelqu’un qui me pose question sur question. Ça me déstabilise, je suis persuadé d’avoir tout foiré. Mais j’ai réussi ! J’avais envie de le dire à tout le monde, mais je me suis retenu parce que ça devait rester confidentiel. Quand je voyais tout le monde qui se foutait de ma gueule depuis des années, j’étais dingue. (Rires.)

Comment vous vous êtes préparé juste avant de partir ?
J’ai su que je partais trois semaines avant. Je bouillonnais. J’avais pas envie de me blesser avant de partir, alors je ne faisais plus rien. (Rires.) J’ai posé une semaine de vacances et j’ai fait que de bouffer du chocolat en regardant la télé pour faire du gras. J’ai pris cinq kilos en quatre jours juste avant de partir.

Au début de l’aventure, aucun des deux chefs d’équipe ne vous choisit et vous êtes laissé de côté avec trois autres aventuriers. Pourquoi on ne vous a pas choisi ?
On est les quatre derniers à arriver sur le parcours. Ça faisait une semaine que j’étais dans mon canapé, le corps on lui demande de courir, il ne comprend pas. Et puis la jeune fille avec qui je suis, elle court encore moins vite que moi. Je comprends pourquoi je ne suis pas choisi. Quand je me vois à la télé en maillot, je suis mort de rire, je ne me reconnais pas, je me dis : « Oh le petit gros ! » (Rires.)

C’est pas trop dur à encaisser ? C’est comme quand personne nous choisit pour faire les équipes au foot quand on est petit.
C’est la même sensation. À Koh-Lanta, il y a beaucoup de choses qui ressemblent à la maternelle. (Rires.) Pourtant, j’essaie de me vendre un peu, mais ça ne passe pas. J’ai déjà quelqu’un sur le dos à ce moment-là : Marie, la Belge. Elle m’insulte comme jamais, je prends cher. Même si certains voulaient me prendre dans l’équipe, elle a réussi à convaincre les autres que non.

Vous aviez l’air seul contre tous durant toute l’aventure. C’est comment d’être dans cette position ?
Ça m’a fait du mal. On arrive dans les équipes plus tard et ils sont déjà tous soudés. Le soir du premier conseil, je me lève parce que je veux quitter l’aventure. Javier me convainc de rester en me disant de prouver ce que je sais faire. Je reste, et j’en veux quand même à tout le monde. Dès que je suis passé à la réunification, dans les jeux individuels, j’avais envie de les arracher. J’aurais pu me tourner vers les Rouges et faire une alliance avec Namadia et tout, mais je ne faisais pas confiance à tout le monde, notamment Marylou. J’aurais pu renverser la situation en faisant ça et prendre les devants. Mais comme dans la vie de tous les jours, je me suis dit : « Occupe-toi de tes affaires et ne te crée pas de nouveaux problèmes. » Alors, j’ai préféré faire mon chemin de mon côté.

Les éléments les plus forts sont souvent éliminés dès qu’il y a une opportunité à Koh-Lanta. Vous, vous êtes venu avec une autre façon de faire. Pourquoi ?
J’avais envie qu’on change cette donne, donc je décide de le clamer haut et fort. L’épreuve où il faut porter les sacs et où le premier doit éliminer quelqu’un, je ne regarde même pas qui arrive derrière moi. Je dis : « Sortez le dernier. » Point. Et je suis content, parce qu’aujourd’hui, je revois des jeunes qui refont ce que j’ai fait, qui veulent se battre contre les meilleurs. Pourquoi virer toujours les plus forts ? C’est une stratégie comme une autre, mais j’ai pu donner un autre point de vue.

L’image de cette aventure qu’on retient de vous, c’est quand vous donnez votre poignard à Vanessa à l’orientation. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Au début, elle part en disant qu’elle a perdu sa carte. J’ai juste envie de l’aider à ce moment-là, alors je la suis, et je la vois à la table d’orientation. Là, je comprends qu’elle bluffait. Je la suis discrètement, comme un Indien comme dit Denis. Elle ne me voit pas ! Le compétiteur reprend le dessus et je comprend que c’est le poignard qu’elle cherche, alors je cherche aussi. Et boum : je le trouve. Une fois que je l’ai, je ne sais pas, il y a quelque chose qui se passe. Le remords arrive. Je prône le sport depuis le début et je fais ça. C’est pas possible. J’aurais pu le garder, beaucoup de gens me l’ont dit. C’est le jeu, mais il y a aussi l’honnêteté.

Vous n’avez donc aucun regret ?
Aucun. J’ai fait Koh-Lanta pour le plaisir, pour l’aventure. Je ne voulais pas quitter cette Terre avant d’avoir fait Koh-Lanta. Il fallait que je le fasse. J’aurais été très malheureux aujourd’hui si je n’avais jamais été pris. Je ne suis jamais allé à Koh-Lanta pour gagner ne serait-ce qu’un peso. En plus, tant d’argent me faisait peur. Je n’en voulais pas autant, je ne savais pas comment gérer ça. Je sais pas si je peux le dire, mais j’ai toujours eu peur qu’on m’enlève mes enfants et qu’on me demande des sous.

Deux ans plus tard, vous participez donc à un deuxième Koh-Lanta. Vous ne gagnez aucune épreuve. Comment ça se fait ?
Je n’étais pas dedans. Je le fais, mais je n’en ai pas trop envie, parce que c’est trop tôt. J’aurais préféré attendre un peu plus longtemps. J’étais à 90 %, il me manquait ces 10 % pour être plus performant. Et puis, j’étais face à des gens très forts. Mais en revanche, d’un point de vue humain, c’est une aventure bien plus belle. Je me suis fait des vrais amis, comme Laurent. C’est mon vrai pote, je l’adore.

Mais paradoxalement, vous faites encore mieux que lors de votre première participation en allant sur les poteaux.
Oui, j’ai gardé mon poignard cette fois-ci. (Rires.) Cette épreuve d’orientation était terrible. Avec Moundir, on a cru qu’on allait rester toute la nuit. Cette année encore, j’ai regardé l’orientation la semaine dernière. Le jeune sportif, là, Dorian, il était perdu. Il n’était plus dedans. Ça m’avait fait pareil un moment avec la fatigue, la chaleur. Mais j’ai réussi à faire plus loin que 2012. On ne m’a jamais éliminé, et Denis n’a jamais éteint mon flambeau. C’est une fierté, il brûle toujours. Et là, depuis trois ans, l’envie d’y retourner me revient comme la première fois. Et physiquement, je n’ai jamais été aussi en forme.

Qu’est-ce que ça vous a apporté de participer à cette émission ?
C’était une revanche. Mais juste pour moi, parce qu’on n’a rien à prouver aux autres en fin de compte. Il faut juste être droit dans ses baskets, être poli avec tout le monde et aujourd’hui je dirais faire gaffe à la nature. Je suis un ardent défenseur de la nature maintenant. J’ai vu des choses là-bas qui étaient répugnantes, ça vous met une claque. Il faut prendre soin de cette planète, parce que tôt ou tard, on va la perdre.

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