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Top 5 : la Berrichonne et la Ligue 2, sacrée romance

Par Maxime Brigand
Top 5 : la Berrichonne et la Ligue 2, sacrée romance

Jour historique pour la Ligue 2 : en recevant Lens, lundi soir, à Gaston-Petit, la Berrichonne va entrer dans l’histoire du football français en devenant le club ayant disputé le plus de matchs en deuxième division (1441). Et s’il ne fallait en retenir qu’une petite poignée...

1. Marseille 0-4 Châteauroux – 22 octobre 1994

Buts : Bossis (18e, 42e, 89e) et Maharzi (64e) pour la Berrichonne.

Ce match est l’histoire d’un exploit, mais aussi d’un pied gauche : celui d’un type né à Saint-André-Treize-Voies, en Vendée, devenu, après sa carrière de joueur, mandataire indépendant spécialisé dans l’épargne et la prévoyance. Son nom ? Bossis. Oui, comme le grand Max, sauf qu’on parle ici de Joël, l’un des meilleurs buteurs de l’histoire des Chamois niortais qui, avant de filer s’éclater dans les Deux-Sèvres, aura disputé deux belles saisons à Châteauroux, entre 1994 et 1996. La Berrichonne vient alors d’être sacrée championne de troisième division et est déjà dirigée par son guide spirituel : Victor Zvunka. C’est l’époque de Triki, Algérino et Gastien, de Kari Ukkonen, aussi, mais donc surtout d’un déplacement somptueux au Vélodrome, d’où les Castelroussins repartent avec une victoire monstrueuse (0-4) dans les poches et un triplé de Joël Bossis. L’histoire raconte que Tapie n’aura vu que 45 minutes de la démonstration. Au retour, la Berri accrochera de nouveau l’OM (0-0) et bouclera la saison en cinquième position. Le meilleur est à venir.


2. Châteauroux 5-3 Saint-Étienne – 22 mars 1997

Buts : Adam (50e), Lachuer (54e, 76e), Dufresne (59e) et Bouzaiene (87e) pour la Berrichonne // Charrièras (25e), N’Diaye (34e) et Thimothée (66e) pour les Verts.

Et le meilleur, le voilà : la saison 1996-1997 de la Berrichonne est un millésime. Portés par une défense de fer, un artiste (Jason Mayélé), un meneur de jeu royal (Yann Lachuer) et un collectif béton, les Castelroussins roulent sur la D2 (eh oui, c’est arrivé) et s’offrent, sur leur route, un match de cinglé face à l’AS Saint-Étienne. « Le déclic qui nous fait prendre conscience que l’on peut jouer la montée » , souffle Zvunka dans les colonnes de La Nouvelle République. Et quel déclic ! Menée 0-2 à Gaston-Petit, la Berri revient dans le match dès le début du second acte grâce à une merveille de Frédéric Adam, suivie d’une douceur de Lachuer. En neuf minutes, la troupe de Zvunka a fait son retard et Jérémie Janot est alors transformé en marionnette d’un final d’anthologie : en trente-trois minutes, les Berrichons plantent trois nouveaux buts – Lachuer inscrit notamment son premier doublé en deuxième division – et renversent l’ASSE (5-3), future dix-septième de D2 cette saison-là. La Berrichonne, elle, fonce vers la D1. Prends ça, la remontada.


3. Troyes 5-5 Châteauroux – 17 décembre 2004

Buts : Grax (20e, s.p., 75e), Perrone (28e), Montero (71e) et Nivet (88e) pour l’ESTAC // Boukari (37e), Kamata (51e), Lanteri (63e), Chafni (78e) et Ba (87e) pour la Berrichonne.

Un grand n’importe quoi. Quelques mois après la finale de Coupe de France perdue face au PSG et quelques semaines après un aller-retour européen enfumé face à Bruges, la Berrichonne sort de nouveau les pétards et arrose le stade de l’Aube. Bougés en première période et menés 2-0 à la suite d’une panenka de Grax sur Roche et à une immense boulette de Teddy captain Bertin, les Castelroussins se rebiffent et reviennent au score grâce notamment à un gosse en plein dépucelage chez les pros, un certain Razak Boukari. La suite est un bordel qui voit Romuald Peiser jouer avec des gants sauteurs, Juan-Luis Montero nettoyer la lucarne castelroussine, Benjamin Nivet planter face à son ancien club et Issa Ba danser. Un feu d’artifices au milieu d’une période trouble pour la Berri, malgré une bonne cinquième place en fin de saison.


4. Châteauroux 2-1 Strasbourg – 14 mai 2010

Buts : Baby (25e, 38e) pour la Berrichonne // Gueye (30e) pour le Racing.

Le destin est coquin. Artisan de la remontée du Racing en Ligue 1 en 2007, Jean-Pierre Papin chasse son ex en National lors d’une soirée de printemps iconique pour le public berrichon. Pour une raison simple : on parle ici d’un match à la vie à la mort entre deux équipes au bord de la chute. Ce soir-là, une défaite envoyait directement le battu en troisième division, et à ce petit jeu, la Berrichonne se marre grâce à un doublé de l’immense Amara Baby. Au bout de l’angoisse, Gaston-Petit souffle dans une ambiance de PMU et voit le public alsacien détruire l’intégralité de la tribune visiteur de l’enceinte. Si Strasbourg commence alors un long chemin de croix, la Berrichonne, elle, lance une série de plusieurs saisons dramatiques : 14e en 2011, 14e en 2012, 16e en 2013, 18e en 2014 (merci Luzenac) et 19e en 2015. Viendront ensuite les belles années de National, d’où la Berri reviendra en terminant championne à l’issue de l’exercice 2016-2017 en réussissant l’exploit de s’incliner deux fois 0-5 à domicile (face à Épinal et au Paris FC, champagne !). Quelle vie.


5. Châteauroux 1-2 Auxerre – 27 avril 2018

Buts : Sarr (32e) pour la Berrichonne // Sakhi (47e) et Barreto (90e) pour l’AJA.

Pourquoi un vulgaire Châteauroux-Auxerre, anonyme match d’une anonyme trente-sixième journée de Ligue 2 ? Car ce jour-là, à Gaston-Petit, certains cinglés rêvent de voir la Berrichonne accéder aux play-offs d’accession à la Ligue 1, quelques mois à peine après s’être extirpée de National. Et il y a de quoi : emmenée par la merveille Saïd Benrahma, le Patrick Vieira du Berry (Sidy Sarr), le vieux Grégory Bourillon, le soyeux Maxime Barthelmé, un Mouez Hassen en pleine renaissance et la promesse Cheik Traoré, la Berri s’éclate pour son retour au Royaume. Problème, elle va aussi rater le coche lors d’une réception d’Ajaccio (0-2), d’un déplacement au Paris FC (0-0) et lors d’un match décisif face à une AJ Auxerre qui ne jouait plus rien (1-2). Ainsi, Châteauroux laisse filer ses poursuivants, son petit rêve et se contentera d’offrir au Havre la chance de recevoir lors des barrages en accrochant le Stade brestois lors de la dernière journée. Grâce à qui ? Au roi Saïd, évidemment.

Bilan de la Berrichonne après 1440 matchs disputés en deuxième division : 461 victoires, 444 nuls, 535 défaites.

Ainsi va la vie.

Par Maxime Brigand

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