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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (460-451)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#460 - Jean-Pierre Adams

Jean-Pierre Adams
Nîmes (1970-1973), Nice (1973-1977), PSG (1977-1979)

28 juin 1969. Au Parc des Princes, Jean-Pierre Adams (21 ans) s’incline en finale de CFA avec son club de Fontainebleau face au CS Pierrots Strasbourg (3-2). À ce moment-là, celui qui joue attaquant de pointe n’imagine pas que quelques années plus tard, il retrouvera ce terrain avec le maillot du Paris Saint-Germain sur le dos ou celui de l’équipe de France. Et surtout à un poste de défenseur central. Car oui, dès son arrivée à Nîmes en 1970, Jean-Pierre Adams a été installé en charnière centrale. Logique vu la carrure du bonhomme, qui s’est très vite imposé comme un monstre défensif. De quoi permettre à Nîmes puis à Nice de finir vice-champion de France (des résultats que les deux clubs n’ont plus jamais obtenus depuis). Et surtout de permettre à Jean-Pierre Adams d’être appelé en équipe de France, où il formera avec Marius Trésor la fameuse « Garde noire » qui sera décrite par Franz Beckenbauer comme « l’une des meilleures paires de centraux de l’époque » . Malheureusement, l’après-carrière ne sera pas aussi joyeux avec cette erreur d’anesthésie lors d’une opération au genou qui le laissera dans un état végétatif pendant 39 ans jusqu’à son décès en 2021.

#459 - Georges Casolari

Georges Casolari
Monaco (1959-1969)

Né à Nice, cet arrière droit est pourtant devenu un pur Monégasque, ayant fait sa formation et l’essentiel de sa carrière sur le Rocher, avant de s’y éteindre le 6 octobre 2012 à l’âge de 71 ans. « Caso » était, de fait, présent lors des deux premiers titres de champion du club de la principauté, sous la houlette de Lucien Leduc (1961 et 1963, année lors de laquelle Monaco rafle également la Coupe de France avec un but de Casolari en finale), mais aussi du premier succès européen de l’ASM, un incroyable 7-2 pour disposer de l’AEK Athènes. Après plus de 210 rencontres dans l’élite, l’international français connaîtra également une descente avec son club, avant de terminer à l’US Toulouse.

#458 - François Omam-Biyik

François Omam-Biyik
Laval (1987-1990), Rennes (1990-1991), Cannes (1991-1992), OM (1992), Lens (1992-1994)

Le 8 juin 1990, à San Siro, François Omam-Biyik s’envolait plus haut que tout le monde, pour placer un coup de casque mal géré par Nery Pumpido et faire tomber l’Argentine en ouverture de la Coupe du monde italienne. L’aboutissement d’une carrière pour le Camerounais, véritable bourlingueur aux six expériences en France.

Son arrivée dans l’Hexagone, le longiligne attaquant de Sacbayémé la doit au Tournoi de Toulon de 1986. Alors au Canon de Yaoundé, Omam-Biyik est effectivement élu meilleur joueur de la compétition (fait inédit pour un footballeur africain) et séduit Michel Le Millinaire, qui le recrute l’année suivante. La bonne pioche, pour celui qui termine meilleur buteur de son club en 1988 et 1990 (onze puis douze réalisations), culminant à 37 réalisations en 81 apparitions chez les Tangos. « Michel Le Millinaire est le meilleur entraîneur que j’ai eu, glissera-t-il à Ouest-France. C’est lui qui m’a appris les bases du football. Le football tout court en fait. »

L’éloge est à la hauteur du rendement du Lion sur la pelouse, au point de lui ouvrir les portes du Mondial donc (le Cameroun atteindra les quarts de finale en Italie) et d’un transfert au Stade rennais, alors promu en D1, en 1991. Un seul exercice en Bretagne, mais toujours autant de pions pour un garçon quasiment décisif à chaque journée – 14 buts en 38 rencontres – trônant en haut de la liste des artificiers du club rouge et noir. Sa tête plongeante en lucarne, inscrite face au PSG le 28 juillet 1990, sera d’ailleurs élue plus beau but de la première moitié de saison. La suite sera cependant en dents de scie, au détour d’un passage à Cannes, malgré son association avec le jeune Alen Bokšić et le grand Franck Priou, bien servis par l’émergent Zinédine Zidane, l’élégant Aljoša Asanović ou le travailleur Franck Durix. Suivront finalement l’OM puis Lens, pour son ultime étape en D1, avant de prendre son envol, comme à Milan, direction le Mexique.

#457 - Youssouf Fofana

Youssouf Fofana
Monaco (1985-1993), Bordeaux (1993-1995)

Qu’il n’y ait pas méprise : nous ne parlons pas ici du Youssouf Fofana ayant découvert l’équipe de France en septembre dernier, mais de son glorieux homonyme, qui a lui aussi porté le maillot monégasque une trentaine d’années plus tôt. Ailier gauche virevoltant, dribbleur insatiable et passeur d’une grande précision, Youssouf (Falikou) Fofana est notamment connu pour avoir illuminé le Rocher un soir de novembre 1988, à l’occasion d’un huitième de finale retour de C1 face au FC Bruges, qui voit le Diamant noir signer un triplé et l’ASM décrocher la première qualification de son histoire pour les quarts de la compétition. Le prodige formé à l’ASEC Mimosas, qui termine deux fois sur le podium du Ballon d’or africain (deuxième en 1987, troisième en 1988) fait également des merveilles sur la scène nationale, au sein d’une équipe sacrée championne de France en 1988 et victorieuse de la Coupe en 1991. Un palmarès que ne renierait sans doute pas « l’autre » Youssouf Fofana.

#456 - Pascal Feindouno

Pascal Feindouno
Bordeaux (1998-2001), Lorient (2001-2002), Bordeaux (2002-2004), Saint-Étienne (2004-2008), Monaco (2011)

La carrière de Pascal Feindouno est construite comme un film qui débuterait par la fin. Sauf qu’ici, l’épilogue est heureusement plus joyeux que le destin de Carlito Brigante dans L’Impasse. Après des débuts compliqués dans des championnats européens mineurs (Lituanie, Suisse, Turquie), le gamin de Conakry pense enfin franchir un palier en signant à l’AS Monaco. Hélas, l’expérience tourne court. Après seulement 5 matchs disputés, il quitte le Rocher au bout de 6 mois pour une autre monarchie, celle du Qatar, où il lui faut deux saisons, à Al-Rayyan puis Al-Sadd, pour se rappeler au bon souvenir de la Ligue 1. Et c’est Saint-Étienne qui décroche la timbale. Dans le Forez, il trouve enfin la stabilité, disputant 150 matchs et inscrivant 38 buts en 4 saisons. Suffisant pour lui permettre de s’engager avec les Girondins. À Bordeaux, entre deux caviars offerts à Pauleta, il découvre vraiment la Coupe d’Europe, avec notamment un quart de finale de Ligue Europa perdu face à Valence. C’est alors qu’à la surprise générale, Élie Baup décide de l’envoyer en colo à Lorient. En Bretagne, il retrouve Darcheville, qui deviendra son David Kleinfeld, et remporte enfin son premier trophée : une Coupe de France. De retour à Bordeaux pour finir sa carrière, il connaîtra l’apothéose lors de son dernier match. Entré en jeu face au Paris Saint-Germain, il offre le titre de champion de France aux Girondins lors de l’ultime seconde de la saison et de sa carrière.Happy end.

#455 - Maxime Fulgenzi

Maxime Fulgenzi
Sedan (1955-1966), OM (1966-1968)

Une légende des Ardennes, ni plus ni moins. Malgré les sirènes du Stade de Reims, Maxime Fulgenzi a passé plus de treize ans à Sedan. Chez les Sangliers, l’ailier acquiert un surnom qui rend hommage à sa pointe de vitesse : « Pétrolette » . Une saison à 13 buts en 1959-1959, une autre à 11 en 1960-1961, deux épopées couronnées de succès en Coupe de France : Fulgenzi devient incontournable, au point d’être choisi pour participer à une campagne publicitaire de La Bière de Sedan. Il se distingue également par sa polyvalence, lui qui dispute la finale de Coupe de France 1956 au poste de défenseur, aux côtés de Daniel Carpentier et Albert Eloy. Après son immense passage à Sedan, l’international français prend la direction de Marseille, puis revient dans les Ardennes, à Mouzon, où il achève sa carrière en deuxième division, à quasiment 38 ans. Gros moteur, « Pétrolette » .

#454 - Jean Boyer

Jean Boyer
Marseille (1932-1935)

Bien avant Bernard Tapie, un autre Parisien de naissance est devenu une légende de l’Olympique de Marseille : Jean Boyer. Car si Jeannot a débuté et remporté une Coupe de France avec le CASG Paris, c’est bien à l’OM qu’il est devenu quelqu’un. Le football n’étant pas professionnel à son arrivée dans le Sud en 1923, Boyer avait un emploi fictif d’employé comme courtier en légumes secs. Sauf que son vrai métier était de planter des buts. Et ça, il le faisait à merveille. Grâce à ses pions, l’OM a remporté 3 Coupes de France et un championnat amateur à une époque où la Division 1 n’existait pas encore. La légende veut même que lors d’un quart de finale de Coupe face au Stade Français, les supporters marseillais avaient quitté le stade à 0-2 pour aller prendre le train, pensant l’élimination actée, et n’ont pas vu le triplé de Jean Boyer dans le dernier quart d’heure pour offrir la victoire à l’OM. Premier international français et quatrième meilleur buteur – 170 buts en 181 matchs, seuls Gunnar Andersson (194), Jean-Pierre Papin (182) et Josip Skoblar (176) font mieux – de l’histoire du club olympien, Jean Boyer aurait certainement été avec les autres larrons dans notre classement s’il n’avait pas connu la D1 à seulement 32 ans. Une première édition du championnat qu’il fera avec le brassard de capitaine et durant laquelle il montrera tout son talent offensif, mais aussi toute sa classe. Alors que le match entre l’Olympique lillois – futur champion de France – et l’OM tourne au cauchemar pour les Nordistes avec l’expulsion de plusieurs joueurs, permettant aux Marseillais de mener 7-0, Jean Boyer refuse d’alourdir plus la marque et enchaîne les passes à 50 mètres des cages lilloises. S’il avait su qu’il échouerait à 6 buts de Josip Skoblar, il aurait peut-être inscrit plus de buts lors de ce match-là.

#453 - Georges Winckelmans

Georges Winckelmans
Olympique lillois (1932-1935 puis 1936-1939)

Georges Winckelmans reste le grand monsieur de la première finale de l’histoire du championnat de France, disputée le 14 mai 1933 à Colombes. Buteur une première fois à la 75e minute pour porter le score à 3-1, l’attaquant nordiste crucifie une deuxième fois Francis Roux à la 86e, alors que l’AS Cannes venait tout juste de revenir à 3-3. Score final : 4-3 en faveur de l’Olympique lillois, qui remporte là le seul titre de champion de France de son histoire. Mais Winckelmans, ce n’est pas que ça. Le bonhomme se révèle également comme un leader, qui n’hésite pas à hausser le ton.

À l’image de ce coup de gueule en décembre 1932 après un revers 7-0 contre l’OM, match que les Lillois ont volontairement arrêté de jouer face à l’agressivité des Marseillais. « Je prends conseil du délégué du Comité qui nous accompagne, M. Hochart. Je suggère de ne plus jouer, de faire figure de mannequins. M. Hochart m’approuve et, dès ce moment, nous laissons la balle aux Marseillais. Le résultat ne nous préoccupe plus, lâche-t-il dans Le Grand Echo du Nord. Il n’y avait pas cinq minutes que le match était commencé que MacGowan avait essuyé deux K-O. Il reçut d’abord un coup de pied dans le dos qui le tint étendu sur la touche, où notre dévoué masseur lui prodigua ses soins. Il reprit sa place et reçut un coup de pied sur la bouche qui lui fendit la lèvre. Peu après, Aman était stoppé, d’un coup de pied toujours, au bas-ventre. Défossé devait être la troisième victime. Il bloqua la balle lorsque Alcazar et Boyer le chargèrent, accompagnant leurs charges de coups de poing redoublés. Et ce fut tout pour la première mi-temps, si on veut bien excepter une passe de casse-tibias qui s’abattit avec fracas sur la cheville de Jacques Delannoy. […] Défossé doit à ses qualités d’encaisseur d’être sorti de là sans grand dommage. Vous savez que Défossé a fait de la boxe. Avec les Marseillais, c’est un sport qu’il faudra comprendre dans la préparation au football. » L’Olympico, première version. Mais dans l’histoire du championnat de France, grâce à Winckelmans, c’est Lille, à jamais, qui reste le premier.

#452 - Roger Ricort

Roger Ricort
Monaco (1977-1983), Lille (1983-1984), Toulon (1984-1987), Nice (1987-1990)

Champion de France 1978 avec Monaco, Roger Ricort a mis un peu de temps avant de trouver son rythme de croisière. Mais une fois lancé, le milieu de terrain maralpin a bien carburé. Entre août 1982 et juin 1987, le gaucher colle pas moins de 32 buts avec l’ASM, le LOSC et Toulon. « Un formidable joueur, confiait Maurice Cohen, président du Gym de 2002 à 2009. Il pouvait jouer partout : ailier, milieu gauche ou dans l’axe. C’était un battant. » Pour son équipe, pour ses coéquipiers, et évidemment pour son grand ami René Marsiglia. Il avait d’ailleurs cherché à le venger après une rupture du tendon d’Achille. « J’ai passé mon temps à courir derrière Jean-Marc Ferratge, confiait Ricort à Nice-Matin. Je voulais le couper en deux. Il me disait : « Roger, je n’y suis pour rien. René s’est blessé tout seul. » Il avait raison. Mais il me fallait un coupable. J’avais mal pour René. » Le natif de Nice a fini sa carrière sur la Côte d’Azur avec trois saisons chez les Aiglons. Directeur sportif du club de 2005 à 2009, il rendra encore de fiers services au Gym en attirant notamment Baky Koné, Loïc Rémy et David Ospina. Je suis Nissart et je le reste, et dans le verbe et dans le geste.

#451 - François Ludo

François Ludo
Lens (1949-1953), Monaco (1953-1962), Grenoble (1962-1964)

À Monaco et Lens, le nom de François « Ludo » Ludwikowski restera dans les mémoires à jamais. Le défenseur d’origine polonaise a ainsi marqué son club formateur, dans le Nord, en y passant quatre saisons. Des campagnes pleines (107 rencontres), portée par une élégance notable au sein d’une arrière-garde pourtant habituée à subir et à jouer le maintien en première division.

Un calme notable également loin des terrains, pour un joueur respecté de tous ses adversaires, qui lui vaudra l’appellation du « joueur le plus timide de France » . Qualité véritable, cette caractéristique lui permettra en effet de gagner la confiance de chacun de ses entraîneurs. Car après Lens, c’est donc à l’AS Monaco que « Ludo » a poursuivi son parcours, pour écrire quelque chose d’encore plus grand. Arrivé à l’été 1953, il est ainsi un artisan majeur du tout premier sacre monégasque, en remportant la Coupe de France l’année suivante.

Et c’est finalement en 1961 que la consécration arrive pour « Ludo » et son club. Aux côtés de Michel Hidalgo, Marcel Nowak ou Raymond Kaelbel, il remporte en effet le championnat de France et se verra récompensé d’une sélection, en amical face à l’Espagne. Le point d’orgue de ses 319 rencontres en rouge et blanc, avant de s’offrir deux ultimes piges du côté de Grenoble. Amputé des deux jambes à la suite d’une longue maladie, après sa retraite sportive, il aura eu le temps de passer le flambeau à son petit-neveu : un certain Éric Sikora.

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