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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (350-341)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#350 - Stéphane Ruffier
Stéphane Ruffier
Monaco (2007-2011), Saint-Étienne (2011-2020)
Si sa sortie n’a pas du tout été à la hauteur de sa carrière en Ligue 1 (et l’hommage de l’ASSE pas du tout à la hauteur de ce qu’il a apporté aux Verts), le Bayonnais restera ce mur qui a protégé la cage de Geoffroy-Guichard pendant neuf saisons (pour deux quatrièmes places, en 2014 et 2019, et une Coupe de la Ligue), après sa révélation du côté du Rocher. Son ego et la concurrence à son poste l’ont empêché d’exister en équipe de France, mais il pourra au moins se targuer d’avoir dépassé la légende Ivan Ćurković en tant que joueur le plus capé de l’histoire de Sainté (383 apparitions au total). Même si ses duels avec Zlatan Ibrahimović tournaient souvent au vinaigre. « Je suis arrivé au centre de formation à 16 ans, c’est tard, racontait, à Yahoo Sport en 2019, l’homme aux 428 matchs dans l’élite. Les autres étaient déjà là avant moi. Il fallait, en deux ans, passer devant tout le monde. Ensuite, quand je suis passé pro, le gardien de Monaco était Flavio Roma. Flavio, à Monaco, c’était quelqu’un ! Il était là depuis longtemps, titulaire indiscutable, international, l’un des leaders, et moi, je devais lui prendre sa place. Il faut vraiment le mériter pour convaincre le coach de mettre un jeune gardien à la place d’un mec du niveau de Flavio. J’ai lutté. Rien n’a été facile. J’ai toujours lutté. » La montagne Ruff’.
#349 - Franck Tanasi
Franck Tanasi
PSG (1977-1979 et 1982-1991)
Par définition, un défenseur est fait pour défendre. Même chose pour un latéral. Et ça, Franck Tanasi l’a bien compris. Le natif de Fort-de-France qui a passé toute sa carrière au PSG – à l’exception de deux prêts au Paris FC et Orléans à ses débuts – n’était pas Nuno Mendes. Loin de là, même s’il pouvait, lui aussi, s’aventurer de temps en temps vers la surface adverse pour distiller quelques centres. En revanche, tenter sa chance directement au but ? Très peu pour lui. Une peur de frapper qui lui permet d’être dans le livre des records du PSG en étant le joueur de champ qui a disputé le plus de matchs à Paris (254) sans jamais planter un pion. Un record que celui qui à la base voulait faire du rugby aurait pu faire voler en éclats s’il n’avait pas manqué un penalty face à Nantes. C’est probablement en raison de ce manque de stats offensives que le champion de France 1986 commençait toutes les saisons sur le banc. Mais c’est en raison de sa faculté à défendre qu’il finissait toutes les saisons en tant que titulaire.
#348 - Pascal Fugier
Pascal Fugier
OL (1989-1993), OM (1993-1994), Montpellier (1996-2000 puis 2001-2003)
« Tu ressors abasourdi de tout ça parce que ça relève un peu du cauchemar, quand même » : le 22 août 1998 est sans doute le pire souvenir de footeux de Pascal Fugier, présent sur la pelouse du Vélodrome le jour où l’OM a retourné son Montpellier, de 0-4 à 5-4 en une mi-temps. Le comble pour ce défenseur qui était lui-même passé par la cité phocéenne, quelques années plus tôt. Mais le latéral droit (qui pouvait aussi évoluer en défense centrale ou à la récupération), du haut de ses 377 rencontres de D1, aura surtout été une figure de son club formateur, l’OL, à qui il a permis de remonter en 1989 pour accrocher la cinquième place de l’élite deux ans plus tard, et de la Paillade, où il est resté sept saisons.
#347 - Hector Maison
Hector Maison
Nice (1961-1964 puis 1965-1966), Lyon (1966-1969)
Dans les années 1960, l’Argentin Hector Maison se trouve un pays d’adoption en écumant les pelouses françaises, de Nice à Lyon. Le milieu de terrain de poche a la fameuse grinta chère à son continent, mais aussi un sens du jeu et une compréhension tactique au-dessus de la moyenne. Plus de 200 matchs dans l’élite suffisent à lui forger une belle réputation de joueur ultra-fiable et symbolique de cette décennie. Reste surtout le souvenir d’une finale de Coupe de France remportée en 1967 avec l’OL face à Sochaux lors de laquelle Coco Maison shoote sur le général de Gaulle. « C’est à la fin du match, et je voulais gagner du temps, expliquait-il à So Foot. J’étais au duel avec un joueur sochalien sur le bord de la ligne de touche, au milieu de terrain, et je dégage en tribune simplement pour gagner du temps. C’est drôle, parce qu’en conférence de presse d’après-match, j’ai déclaré que j’avais joué avec le général de Gaulle, que je l’avais cherché et que je lui avais donné la balle ! Mais la réalité est tout autre, je voulais simplement gagner du temps, et le ballon est tombé sur les genoux du général, qui s’est levé et qui a renvoyé la balle. Et tout le stade s’est mis à crier. »
Une rencontre qui l’a surtout marqué par sa symbolique : « Ça représentait la France. Pour moi, c’était un rêve d’être ici. En plus, c’est la terre de mes ancêtres. Puis être là, à côté du président… Mais le plus marquant, c’était sa poigne. Je vous dit, quand il m’a serré la main, ça m’a beaucoup marqué. Cette grande main qui a recouvert la mienne, ça a été un honneur énorme. » Au point qu’il admet avoir « coulé une petite larme » à la mort de De Gaulle.
#346 - Jean-Pierre Bosser
Jean-Pierre Bosser
Angers (1979-1981), Brest (1982-1988), Nice (1988-1989), PSG (1989-1991)
Pour les amoureux des statistiques, Jean-Pierre Bosser est connu comme étant le joueur ayant disputé le plus grand nombre de matchs en D1 avec Brest (180 rencontres). Mais pour les esthètes, Bobosse a construit sa légende un soir de février 1986 lors d’un match entre Brest et Toulon. Alors dans le Var, Pascal Olmeta sort de sa surface comme à son habitude, crochète deux joueurs et envoie un ballon devant que JPB récupère et catapulte 60 mètres plus loin dans le but adverse. Une action préparée à la causerie comme il l’avait confié à l’époque après la rencontre : « Avant le match, Robert Dewilder (coach de Brest, NDLR) avait fait allusion aux sorties aventureuses d’Olmeta. J’ai pu l’amortir et bien que je n’avais pas la notion exacte de la distance, je me croyais dans le rond central, j’ai tenté ma chance instantanément. C’est sans conteste le but le plus beau et le plus surprenant que j’ai réussi depuis le début de ma carrière et je ne suis pas près d’en remettre un comme celui-là ! » Jusqu’à la fin de sa carrière, l’homme capable de jouer à tous les postes de la défense a vu ses coéquipiers – Henri Zambelli lui envoyant un « Hé Bobosse! Maintenant, quand tu vas tirer les 6 mètres, les autres feront un mur ! » – et ses supporters lui rappelaient sans cesse ce geste : « Certains supporters m’appellent maintenant le « Pelé blanc » ! Souvent, quand j’ai le ballon, même dans mon propre camp, j’entends des supporters qui crient : « Bobosse, tire ! Mets-nous en un maintenant de 65 mètres ! » » Et dire que cinq ans plus tôt, Jean-Pierre Bosser s’est fait tirer dans la jambe au fusil de chasse à la suite d’une soirée en boîte de nuit qui a dégénéré. De quoi expliquer pourquoi Bobosse a pu envoyer une telle sacoche : il avait du plomb dans la jambe.
#345 - Jean-François Beltramini
Jean-François Beltramini
Paris FC (1978-1979), PSG (1979-1981), Rouen (1982-1985)
La vie de Jean-François Beltramini se sera toujours déroulée à un rythme de folie. D’abord par une éducation passée dans une famille de seize enfants, lui, le quatorzième de la fratrie. Ensuite, par un sombre début de carrière, le voyant écumer les clubs de divisions régionales jusqu’à se stabiliser en D2, à Mantes, en 1973. Enfin, par son profil atypique : employé comme maçon afin de financer ses déplacements et son équipement sportif, il ne découvre le monde professionnel qu’à 25 ans. Un contrat signé avec Reims, avant d’être résilié dans la foulée, la faute à un salaire non versé.
En 1974, Beltramini est finalement récupéré par le Stade lavallois. Latéral droit, il enchaîne les bonnes prestations en deuxième division, qui l’amènent au Paris FC. La consécration, pour celui qui découvre alors l’élite, en 1978, à 30 ans. Séduisant sous la tour Eiffel, il attire donc le PSG, et le président Francis Borelli en personne, à l’été 1979. Mieux, il est replacé comme attaquant par Georges Peyroche. Deux saisons en rouge et bleu (14 buts en 36 matchs), malheureusement écourtées par une concurrence naissante avec Dominique Rocheteau. Lassé de son statut de remplaçant, le nouveau buteur décide donc de quitter la capitale en 1981 pour Rouen. À la relance à l’échelon du dessous, il permet au FCR de remonter un an après son arrivée et d’en devenir une figure majeure. 145 matchs, 63 buts (dont un quintuplé inscrit face à Nancy, le soir d’une victoire 7-1, le 31 août 1983), mais surtout, une place immense gagnée dans le cœur des supporters de Robert-Diochon. La définition même du : « il n’est jamais trop tard. »
#344 - Jay-Jay Okocha
Jay-Jay Okocha
PSG (1998-2002)
Ah si seulement nous n’avions pris en considération que les matchs de Division 1 face aux Girondins de Bordeaux pour établir notre classement, Jay-Jay Okocha serait probablement dans le top 10. Il faut dire que l’international nigérian revêtait toujours son plus beau costume lorsqu’il affrontait le club au scapulaire. À l’image de sa première avec le Paris Saint-Germain où il est arrivé avec un statut de transfert le plus cher de la Division 1 et de joueur africain le plus cher de l’histoire avec les 90 millions de francs (13,7 millions) versés par le club de la capitale au Fenerbahçe. Il fallait bien ça pour récupérer l’un des joueurs les plus frissons du Mondial 1998. Et Jay-Jay a vite prouvé qu’il valait bien ce prix. Moins de deux minutes après son entrée en jeu, le Nigérian efface deux Girondins avant d’envoyer une praline des 25 mètres qui laisse Ulrich Ramé bouche bée. Ce même Ramé qui prendra un lob angle fermé d’Okocha un an plus tard. Devenu en un instant le chouchou du Parc des Princes qui se levait à chaque feinte de Jay-Jay, le champion olympique 1996 n’a pas toujours eu la même réussite que face aux Girondins. La faute notamment à des blessures qui l’ont empêché de disputer plus de 25 matchs sur une saison de Ligue 1. Mais dès qu’il était sur le pré, en meneur de jeu ou en milieu relayeur, Okocha faisait parler sa magie. Avant d’aller ensorceler les supporters de Bolton et de laisser son numéro 10 à un autre magicien : Ronaldinho.
#343 - Georges Lamia
Georges Lamia
Nice (1956-1963), Rennes (1964-1966)
Dominique Colonna parti pour le Stade de Reims, la cage de l’OGC Nice s’ouvre en grand devant Georges Lamia en 1957. Le natif de La Calle est l’ange gardien du Gym lors de la fabuleuse saison 1958-1959, celle du quatrième titre de champion de France du club (le dernier à ce jour). Les Aiglons ont alors la meilleure défense du pays, et Lamia y est évidemment pour quelque chose. Courageux dans ses sorties et bondissant sur sa ligne, il est sélectionné par Albert Batteux pour l’Euro 1960. Les années qui suivent sont moins reluisantes et Lamia prend la direction du Havre, puis de Rennes, où il réalise une superbe saison 1964-1965, couronnée par une quatrième place en championnat, un titre en Coupe de France et une célébration digne de ce nom dans les rues de la capitale bretonne. Entouré des mêmes couleurs sous lesquelles il avait connu l’extase quelques années plus tôt sur la Côte d’Azur. « En rouge et noir, j’afficherai mon cœur. »
#342 - Bernard Placzek
Bernard Placzek
Lens (1957-1968)
Son enfance, c’est celle des terrils et des corons. Pendant l’Occupation, il tape dans des chiffons roulés en boule, qui servent de ballon. Depuis toujours, Bernard Placzek est viscéralement lié au Pas-de-Calais, et ce n’est pas sa carrière de footballeur professionnel qui y change quoi que ce soit. Après avoir débuté à Calais, ce demi défensif reconverti arrière gauche s’installe ensuite dans le onze lensois. D’une fiabilité à toute épreuve, jamais blessé ou presque, il n’en sort quasiment pas en douze saisons. Avec 473 apparitions sous le maillot sang et or (dont 377 en D1), le Libercourtois est encore, aujourd’hui, le deuxième joueur le plus capé de l’histoire du Racing, derrière l’indétrônable Éric Sikora. Une légende de l’Artois, tout simplement.
#341 - Mehmed Baždarević
Mehmed Baždarević
Sochaux (1988-1995)
Pour un club qui descendait en D2 à l’aube de la saison 1988, recruter Mehmed alias Mecha Baždarević qui a figuré dans l’équipe type UEFA en 1985 et son compatriote yougoslave Faruk Hadžibegić avec qui ils ont fait les 400 coups en sélection est une sacrée nouvelle. Un braquage que le FCSM doit à son entraîneur serbe, Silvester Takač, mais aussi à quelques coups de pouce du destin. À 27 ans, c’était le top départ pour les Yougoslaves, qui n’avaient le droit de quitter le pays qu’à cet âge-là, alors Bazda s’en est allé. Un peu partout en même temps. « À l’époque, on signait des contrats sur des bouts de papier. Moi, j’avais signé à la fois à l’Inter Milan et au Torino. La fédération italienne m’a suspendu, racontait-il au Parisien. Je devais donc trouver un autre pays. J’étais d’accord avec Aulas pour aller à Lyon alors en deuxième division, mais le coach Takač et Faruk (Hadžibegić) m’ont convaincu de venir avec eux à Sochaux. »
Bien lui en a pris, car il a fait rêver le stade Bonal. Son épatante palette technique que le meneur de jeu n’a cessé d’étaler durant ses dix années à Sochaux a fait rugir de nouveau les Lionceaux. Dès sa première saison, entouré de Stéphane Paille et Franck Sauzée, il est le facteur X de l’une des plus belles équipes de l’histoire de la D2, frappe neuf fois et distille cinq passes décisives, faisant remonter immédiatement le FCSM en D1. C’est le début de la grande histoire de « Bazda » dans l’élite en cette saison 1988 où Sochaux grimpera à la quatrième place et lors de laquelle son meneur de jeu sera décoré du titre de meilleur joueur étranger. Le premier de ses sept exercices en D1 où il plantera au total dix fois, donnant quatorze caviars et retrouvant même la Coupe UEFA en 1989-1990. Pas mal pour quelqu’un qui ne « devait rester qu’un an » seulement chez les Lionceaux. Ah, le Doubs parfum de Sochaux.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF