- Allemagne
- Bayern Munich
Tolisso peut-il s’adapter au Bayern ?
Corentin Tolisso, pur produit lyonnais, part s'exiler à Munich et devient le joueur le plus cher de l'histoire du FC Bayern. Mais est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Revue des sujets sensibles quand on arrive en Bavière.
Vivre à l’allemande : difficile
Entre la France et l’Allemagne, les différences ne sont pas énormes, mais quelques particularités peuvent perturber Corentin Tolisso dans la capitale bavaroise. Traverser un passage piéton au feu rouge ? Avoir cinq minutes de retard à son premier entraînement ? Des erreurs classiques pour un Français qui peuvent lui valoir une mauvaise image dès le premier abord. Pour cela, il reste pire que tout : Tolisso court le risque de confondre la quenelle et la weiß Wurst (le boudin blanc qui se mange au petit-déjeuner avec un peu de moutarde douce), crime de lèse-majesté total. Seule solution : suivre une formation express avec Uli Hoeneß à son arrivée, en zappant le module sur l’optimisation fiscale.
La french touch : facilitateur
Le Bayern n’a jamais eu trop de mal à faire jouer ses Französen. Bon, sauf Alou Diarra et Jean-Pierre Papin. Mais avec l’amour des supporters du FCB pour des gars comme Lizarazu ou Ribéry, Tolisso a des prédécesseurs qui parlent en sa faveur. Le Français a la cote à Munich, même si Coman n’a pas vécu la saison la plus facile de sa carrière en 2016-2017. Sur le papier, il n’y a aucune raison que cela représente une difficulté pour Tolisso. D’autant plus que, si besoin, il pourra compter sur Willy Sagnol pour le guider dans les couloirs de la Säbener Straße.
Passer de Lyon à Munich : assez facile
Lyon et Munich ont des points de concordance. Les deux villes ne sont pas des capitales et se veulent pour autant des cités d’importance dans leur pays. Par rapport à la capitale des Gaules, même si l’Isar et le Rhône, ce n’est pas tout à fait pareil, et qu’il n’y a pas Fourvière pour prendre de la hauteur à Munich, la cité munichoise peut offrir le grand Englischer Garten pour l’air frais et de la verdure en centre-ville, sans oublier la Marienplatz pour le prestige. Munich a le charme de la très grande ville de province qui a de l’ambition. Tout comme Lyon. Et pour se croire (vaguement) dans le sud, voire en Italie en allant au restaurant, il n’y a pas mieux en Allemagne.
Changer de formidable outil : sans problème
Quitter le Parc OL pour l’Allianz Arena, quelle différence ? Certes, il y aura quelques supporters de plus et un T vivant à chaque match à domicile, mais pas de « ahou » . Mais qu’y a-t-il de plus facile que de passer d’un stade moderne placé loin du centre-ville à un autre stade moderne placé loin du centre-ville ? Ce n’est pas l’AA qui posera problème à Tolisso pour trouver rapidement ses repères.
La concurrence du milieu : adaptation probable
Sur le papier, les joueurs pouvant prendre une place dans le onze titulaire du Bayern sont nombreux, entre Rudy (également un nouveau venu), Kimmich, Martinez… Seulement, ceux-là sont tous concernés par une place prévisible au sein de la défense, dans l’axe ou à droite. Tolisso n’est pas là que pour faire le nombre, ni pour anticiper le possible départ de Renato Sanches. Dans un groupe qui voudra faire autre chose que renouveler sa couronne en Bundesliga et aller chercher la C1, la concurrence n’est pas un réel souci pour Tolisso. Il aura son temps de jeu. Surtout avec ses facultés d’adaptation à n’importe quel rôle au milieu.
Défendre son look : facile
Ils sont nombreux au Bayern à avoir un style bien à eux et à se battre pour le titre convoité de « joueur le plus stylé de l’année selon GQ Allemagne » . À ce jeu, Tolisso a ses chances s’il parvient à s’affirmer dans le vestiaire. Pour cela, il peut notamment profiter d’une venue à Munich du tatoueur officiel de Jérôme Boateng pour s’ajouter quelques gribouillis sur le corps, voire acheter une paire de la collection de ce même Boateng. Avec tout cela, il pourra instagramer et snapchatter tranquillou avec Alaba à toute heure sans que cela ne choque qui que ce soit en Allemagne. Il restera une épreuve à passer toutefois : la culotte de peau. On attend de voir la traditionnelle virée du Bayern à l’Oktoberfest avec impatience.
Avoir la confiance de Carlo : assuré
Carlo Ancelotti le connaît, peut lui distiller quelques indications de jeu en français si nécessaire et si les coups de sourcil ne suffissent plus. Tolisso peut également compter sur le fait que sa venue doit beaucoup au coach italien. C’est lui qui a fait mettre le nom du jeune Français sur les tablettes bavaroises. En marge de la signature officielle, Rummenigge a eu cette sentence tout sauf sibylline : « Corentin Tolisso était le joueur que notre entraîneur Carlo Ancelotti voulait pour le milieu de terrain. » Alors, si Carlo Ancelotti le veut, ce sera forcément un succès à terme.
Par Côme Tessier