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Thomas Müller, le roi de la renaissance

Par Maxime Renaudet
Thomas Müller, le roi de la renaissance

Alors qu'il semblait sur le déclin après sa mise au ban par Niko Kovač en début de saison, Thomas Müller renaît depuis le départ du Croate début novembre. Repositionné en soutien de Robert Lewandowski par Hans-Dieter Flick, le joueur du Bayern réalise même une des meilleures saisons de sa carrière. Idéal pour prendre sa revanche sur Chelsea, près de huit ans après la désillusion vécue en finale de C1.

Allianz Arena, 19 mai 2012, 87e minute. Finale de Ligue des champions. Daniel Van Buyten remplace Thomas Müller, pourtant buteur quatre minutes plus tôt. Mais dans la foulée, alors que l’attaquant allemand n’a pas encore eu le temps d’enfiler son ciré, Chelsea et Didier Drogba égalisent sur leur unique corner de la rencontre. Ce but rebat les cartes de cette finale et met à sac les plans de Jupp Heynckes. La suite, tout le monde la connaît. Le Bayern va perdre ce match au terme d’une séance de tirs au but que les Allemands avaient pourtant parfaitement commencée. Ce scénario cruel ne laisse pas de marbre Müller, encore plus inconsolable quelques semaines plus tard quand il est remplaçant lors de la demi-finale de l’Euro 2012 perdue face à l’Italie. Mais l’homme sans muscles n’est pas du genre à se laisser abattre. Et près de huit ans après cette déception, le voilà prêt à prendre sa revanche contre les Blues, au moment où il a retrouvé son meilleur niveau.

London calling

Ironie de l’histoire, Chelsea est venu taper à sa porte à la fin de l’été 2010, quelques semaines après avoir assisté de loin à l’élimination de la Nationalmannschaft en demi-finales du Mondial sud-africain contre l’Espagne. Séduit par l’approche et l’idée d’évoluer en Premier League, Müller avait néanmoins préféré rester en Bavière. La réponse a été la même quand les Blues sont revenus à la charge lors du mercato d’hiver 2015. S’il n’a jamais cédé aux sirènes de Londres, c’est bien dans la capitale anglaise que l’attaquant le plus dégingandé d’Allemagne s’est refait la cerise un an après. Et cette fois-ci, lors de la première finale de C1 opposant deux équipes allemandes, Müller est encore sur le pré quand Nicola Rizzoli siffle la fin d’une finale remportée par le Bayern Munich.

Après cette saison parfaite ponctuée par un triplé historique du club bavarois, Heynckes laisse sa place à Guardiola, et nombreux sont alors ceux qui pensent que Müller va faire les frais de cette arrivée. Que nenni, Müller devient vite un pion essentiel du coach catalan. Logique, car que ce soit Klinsmann, Van Gaal ou Heynckes, aucun coach n’a pu se passer de ses services. Seule l’arrivée de Carlo Ancelotti à l’été 2016 l’a déstabilisé puisque le 4-3-3 de l’Italien ne lui laissait que peu de place. Tellement peu de place qu’en janvier 2017, il avait même été élu deuxième plus grande déception de la première partie de saison en Bundesliga, derrière Julian Draxler. Mais comme cette saison, Müller avait réussi à inverser la tendance avant de se rendre à nouveau indispensable.

Meilleur passeur de Bundesliga

Pourtant, cette saison 2019-2020 avait bien mal débuté pour celui qui partage la combinaison prénom-nom la plus répandue d’Allemagne. Sous les ordres de Niko Kovač, Thomas Müller s’est assis sur le banc des remplaçants plus d’une fois sur deux. À tel point que lors du dernier mercato d’hiver, de nouvelles rumeurs l’ont envoyé à Chelsea. Mais ce vieux serpent de mer ne se concrétisera toujours pas puisque l’arrivée de Hans-Dieter Flick en novembre a reboosté un homme qui se refuse à jouer les doublures. L’ancien milieu du Bayern, ancien adjoint de Joachim Löw et de Kovač, a remis Müller en selle. Très régulièrement aligné derrière Robert Lewandowski – qui confie volontiers que le Bayern est « plus flexible, plus créatif et plus difficile à prévoir » quand ils sont associés tous les deux – il a retrouvé ses jambes d’antan alors que sa carrière semblait être sur le déclin.

À nouveau titulaire indiscutable, il a inscrit cinq buts et délivré dix passes décisives en Bundesliga depuis l’arrivée de Flick, contribuant largement au regain de forme du club bavarois. Mieux encore, avec ses quatorze passes décisives en championnat, il a déjà atteint son record personnel de la saison 2017-2018. Rien d’étonnant pour son coéquipier Joshua Kimmich, qui n’hésitait pas à vanter ses mérites en octobre dernier, au moment où Müller rongeait son frein : « C’est toujours lui qui met le feu, il a toujours quelque chose à dire dans une mauvaise phase comme celle-ci, et il ne change jamais sa façon d’être. » Une façon d’être qui n’a jamais bougé, même quand Joachim Löw lui a de nouveau fermé les portes de la sélection nationale en février. Mais à 30 ans et après avoir tout gagné avec son club de cœur, Müller n’a plus qu’un objectif : confirmer sa renaissance en écrasant Chelsea lors de la première joute de sa carrière à Stamford Bridge.

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