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Theo Hernández, les Bleus dans les yeux

Par Andrea Chazy
Theo Hernández, les Bleus dans les yeux

Étincelant avec Milan depuis plusieurs semaines, Theo Hernández, meilleur buteur du club lombard, met chaque week-end encore un peu plus la Botte à ses pieds. Une régularité qui doit légitimement pousser Didier Deschamps à le considérer comme l’un des favoris au poste de latéral gauche en vue de l’Euro 2020.

Pour n’importe quel homme sur Terre, glisser sur le ventre devant plus de 50 000 personnes est loin d’être chose aisée. Sauf pour Theo Hernández. Son ventriglisse, après avoir expédié une volée du gauche sans contrôle depuis l’entrée de la surface, dimanche face à l’Udinese (3-2), est un modèle du genre. Les bras sont collés au corps, la ceinture abdominale est sollicitée tandis que le regard, lui, est fixe et lointain. Ce but, c’est bien son sixième de la saison toutes compétitions confondues, le cinquième en Serie A, ce qui fait du latéral gauche le meilleur buteur rossonero après vingt journées. Inquiétant pour l’AC Milan, peut-être, mais terriblement réjouissant pour le Français.

Même s’il ne prête pas attention aux « Olé, olé, olé, olé… Theo, Theo » , chant entonné par les tifosi rossoneri lors de chacun de ses coups de canon gagnants, un constat s’impose : en 2020, comme lors de sa fin d’année civile 2019, Theo Hernández glisse sur les obstacles et tout ce qui gravite autour de lui. Pour le moment, ça marche plutôt bien.

La gauche qui gagne

C’est souvent lorsqu’il est en vacances, en Espagne, que la carrière du cadet des Hernández bascule. La première fois, c’était sur la Costa del Sol, à Marbella en juin 2017. Theo Hernández avait préféré le soleil et les plages au rassemblement des Espoirs de Sylvain Ripoll. « J’ai fait une erreur de jeunesse, clamait l’intéressé en novembre dernier dans L’Équipe. Mais ce n’était pas clair non plus à tous les niveaux;(…)On va dire aussi qu’on ne m’avait pas poussé à y aller, que certaines personnes espéraient peut-être que je choisisse l’Espagne… Il y avait mon transfert au Real qui se négociait à ce moment-là. Ça, plus ça, plus ça… Mais j’ai fait une connerie. » Une bêtise, donc.

La seconde fois, pas plus tard que cet été à Ibiza, c’est un rendez-vous avec Paolo Maldini, légende et actuel directeur technique du Milan, qui va tout changer. Dans le bon sens, cette fois. « J’avais besoin de jouer. Ma rencontre avec lui a tout fait basculer.(…)On a tout de suite accroché. Maldini, c’est un mythe, probablement le plus grand joueur à mon poste. Nos discussions m’ont montré qu’il me connaissait bien. Quand Paolo Maldini vous recrute, ça vous file quand même de la confiance ! » Une blessure face au Bayern de son frère Lucas, au cœur de l’été en amical, vient ralentir l’explosion du beau bébé de 21 ans (il en a désormais 22), mais ce n’est qu’une question de temps. Dès son retour, l’ancien de l’Atlético et du Real file rapidement son plaid et son coussin à Ricardo Rodríguez et s’installe pour de bon dans le couloir gauche milanais. Au-delà de ses réalisations, qui font du bien sur un plan comptable, sa percussion, sa technique et ses qualités athlétiques font de lui un incontournable du onze de Stefano Pioli. Sa capacité à répéter les efforts et les montées offensives, notamment les dernières minutes des matchs, impressionnent. Forcément, les louanges pleuvent, à tel point que le natif de Marseille se fait une place dans le onze de la phase aller en Serie A. Une adaptation express qui ne peut laisser personne indifférent, y compris Didier Deschamps.

Second poteau Theo ?

L’équipe de France, elle non plus, n’a jamais laissé Theo Hernández de marbre. « Avant d’y penser, il faut travailler. Mais oui, j’ai envie d’y aller, de rejoindre Lucas un jour. (Rires.) Après, il faudra qu’il passe dans l’axe. Sinon, je vais le dégager ! » Et vu l’état de forme actuel de ses concurrents au poste, il est logique de voir le Milanais commencer à y croire davantage. Que ce soit Lucas Digne, Benjamin Mendy ou bien Ferland Mendy, aucun ne « profite » vraiment de la blessure de Lucas Hernández, en octobre, pour crever l’écran au poste de latéral gauche, que ce soit en club ou en sélection.

Ce couloir gauche, un endroit où son frère dépanne plutôt bien, mais où Theo croit pouvoir avoir son mot à dire, aussi : « Lui comme moi, on est portés vers l’avant. Mais moi, j’aime encore plus attaquer et peut-être moins défendre que lui. Lucas est un vrai défenseur qui a été formé dans l’axe. Lui, il a appris à attaquer en changeant de poste. Moi, c’est mon vrai poste. » Les pions sont avancés. Dans deux mois, les Bleus commenceront d’ailleurs leurs matchs de préparation pour l’Euro 2020 avec un amical face à l’Ukraine (le 27 mars). D’ici là, Theo Hernández doit garder le rythme pour, pourquoi pas, espérer suivre les traces de son aîné. En gardant en tête qu’il y a deux ans, le 23 mars 2018, Lucas Hernández fêtait sa première cape avec le maillot bleu et devenait champion du monde quatre mois plus tard. Un destin similaire à l’Euro ? Évidemment que Theo en rêve jour et nuit.

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