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Tebas, Vox populiste

Par Julien Duez
Tebas, Vox populiste

Interrogé sur les ondes d’une radio catholique espagnole, Javier Tebas déclarait la semaine dernière envisager de voter pour le parti d’extrême-droite Vox aux prochaines élections. Pas forcément la meilleure position à adopter quand on est le président de la Ligue de football professionnel de son pays.

Dimanche soir : le Rayo Vallecano reçoit la Real Sociedad. Toujours en course pour les places européennes, les Basques sont pourtant menés 0-2 à la demi-heure de jeu. Sauf que Héctor Moreno et Willian José parviennent à trouver la faille et arrachent le point du nul. Qu’importe, les Madrilènes réalisent malgré tout une bonne opération en revenant à un point du Celta de Vigo, premier non-relégable. Mais l’image que l’on retiendra de cette soirée, elle provient des tribunes de l’Estadio de Vallecas : une banderole déployée par les Bukaneros, groupe ultra du Rayo, sur laquelle on peut lire : « Les clubs de la LFP(ligue de football professionnel espagnole, N.D.L.R.) dissimulent le fascisme de Tebas. » Pour comprendre le pourquoi du comment, il faut remonter quelques jours en arrière.

Dans le plus grand des calmes

Invité lundi dernier par la radio d’obédience catholique Cadena COPE, Javier Tebas n’a pas manqué de donner son avis sur Vox, un parti d’extrême-droite (ou de droite populiste, c’est selon) qui a défrayé la chronique le 2 décembre dernier en faisant son entrée au parlement de la région andalouse, bastion historique du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). « L’irruption de ce parti me semble être une bonne chose, une très bonne chose. Cela fait longtemps que je disais que l’Espagne avait besoin d’une alternative à l’image de ce que propose Vox. On doit respecter les 400 000 personnes qui ont voté pour eux en Andalousie. Si le parti conserve la ligne qui est la sienne, je voterai pour lui » , déclarait-il.

Pour rappel, Vox a été fondé en 2013 par un groupe de frondeurs du Parti populaire (PP). Comment pourrait-on résumer sa ligne politique ? Peut-être en citant son secrétaire général Javier Ortega, lequel déclarait en juillet dernier que « comme Donald Trump aux États-Unis, nous voulons rendre l’Espagne à nouveau grande » . Concrètement, cela passe – entre autres – par l’abrogation de la loi contre les violences domestiques, car jugée injuste envers les hommes. Le parti s’affiche également contre le mariage pour tous et l’avortement. Quant à l’immigration, Vox souhaite expulser 52 000 clandestins originaires d’Afrique du Nord. Une certaine vision du radicalisme en somme, qui vient rappeler le passé politique de Javier Tebas, militant pour le parti d’extrême-droite Fuerza Nueva (Force nouvelle en VF, fondé par un ancien franquiste dénommé Blas Piñar López) durant ses vertes années à Huesca.

Un très mauvais signal

« Je ne suis pas un militant, mais je suis un électeur. Si je travaille pour le football espagnol, je travaille pour l’Espagne et son image de marque » , ajoutait le président de la LFP. Et c’est justement là où le bât blesse. Car Javier Tebas n’est pas qu’un simple avocat. Dans son pays, c’est le premier ambassadeur d’un sport qui, partout dans le monde, souffre encore chaque jour du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie et de moult autres formes de discrimination. Hors de question pourtant de remettre en question ses convictions politiques qui n’appartiennent qu’à lui. À titre comparatif, si Nathalie Boy de la Tour compte voter Rassemblement national aux prochaines élections, c’est son droit le plus strict en tant que citoyenne. Mais s’afficher publiquement en faveur d’un parti allant à l’encontre des campagnes d’inclusion que tente de mettre en place le football pour justement réduire les comportements déplacés dans les stades, on n’est pas loin d’appeler ça un bon gros paradoxe.

Ceci dit, Tebas n’est plus à un paradoxe près. On se rappellera qu’en 2016, il déplorait l’absence d’une Marine Le Pen à la sauce ibérique, laquelle serait bénéfique « surtout pour l’identité nationale espagnole, qui n’est pas défendue par les partis » . Partant du principe que le football est par excellence le miroir de la société, la déclaration a de quoi faire rire, surtout venant de la part d’un homme à l’origine de l’internationalisation outrancière de son championnat. Qui a dit que politique et ballon rond ne faisaient pas bon ménage ? Arrive un moment où il faut savoir se positionner une bonne fois pour toutes.

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