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Tebas la menace

Par Maxime Renaudet
Tebas la menace

Depuis la suspension de la Liga le 13 mars dernier, Javier Tebas est bien décidé à ce que la saison aille à son terme. Pour se donner toutes les chances d'y parvenir, le président de la Liga de Fútbol Profesional (LFP) a scellé un pacte avec le Conseil supérieur des sports (CSD) et la Fédération espagnole de football (RFEF), avant de menacer les clubs qui ne souhaiteraient pas reprendre la compétition. Une attitude pernicieuse qui démontre une nouvelle fois que le boss de la Liga fait fausse route.

Interrogé ce vendredi lors d’une visioconférence sur le déconfinement footballistique en Espagne, Javier Tebas n’a pas hésité à défier les clubs qui s’opposent farouchement à la reprise des compétitions, le Barça en tête. « Lorsque la Fédération espagnole de football nous donnera l’ordre de rejouer au football, s’il y a des équipes qui ne veulent pas jouer, cela sera traité comme une absence. Tout d’abord, trois points seront retirés, puis potentiellement plus selon les règles. Ils rentreront chez eux.  » Rien de bien étonnant quand on sait que six jours plus tôt, dans le palais Viana de Madrid, le président de la Ligue de football espagnole scellait un pacte avec Irène Lozano, présidente du Conseil supérieur des sports (CSD), et Luis Rubiales, président de la Fédération espagnole de football (RFEF).

Un pacte avec le Diable

Un accord historique et déterminant, puisque après plus de huit heures de réunion et une photo de famille un brin forcée, le CSD annonce enfin une feuille de route commune pour la reprise du football en Espagne. L’objectif, se préparer à reprendre les entraînements quand le gouvernement donnera son feu vert sanitaire, puis la compétition, afin d’éviter une perte d’un milliard d’euros pour les clubs espagnols. Mais pour en arriver là, Javier Tebas a dû consentir à de nombreux sacrifices qu’il devra assumer. Le premier concerne la part des droits audiovisuels du football reversée à la RFEF pour alimenter le foot amateur, féminin, olympique ou paralympique, qui passe de 1 % à 2 %. Ensuite, Tebas et Rubiales, qui se détestent ouvertement, se sont engagés à créer un fonds de soutien de 10 millions d’euros pour aider les athlètes les plus vulnérables. Enfin, la Liga a promis de verser 51 millions d’euros par an pendant quatre ans au CSD, toujours dans l’idée d’aider les autres disciplines sportives du pays. Si ces accords financiers apparaissent comme un coup de pouce salvateur pour la totalité du sport ibérique, permettant au président de la Liga de se racheter une image, Tebas a agi sans l’avis des clubs professionnels, qui sont pourtant les principaux concernés. Pire encore, ce pacte l’enfonce plus que jamais dans une opiniâtreté insensée. Celle de vouloir finir la saison, quels qu’en soient les coûts humains et financiers.

Chantage à la Tebas

Cette obstination ne date pas d’hier, puisque Tebas, obnubilé par les recettes des droits télé, rabâche depuis plus d’un mois sa volonté de terminer l’exercice entamé. Problème, de nombreuses voix contraires à la sienne se font entendre, à commencer par celles du vestiaire du FC Barcelone, qui a exprimé son inquiétude. Pour les rassurer, le boss de la Liga avait prévu de leur faire passer trois tests de dépistage quotidiens à partir de ce mardi, avant que le ministère de la Santé les repousse au 7 mai. Résultat, le président de la Liga se retrouve avec des milliers de tests sur les bras, alors même que l’Espagne peine à s’en procurer en quantité suffisante, et que le gouvernement en a acheté 650 000 défectueux à la Chine fin mars. De plus, le risque zéro n’existant pas, les joueurs devront signer une attestation de responsabilité pour être testé. Une aberration pour une multitude de joueurs, qui ne sont pas prêts à mettre en péril leur santé, alors que dans le même temps, le Covid-19 continue de tuer. Malin et vicieux, Tebas a donc menacé les clubs récalcitrants : « Nous avons également travaillé sur les pertes de trésorerie engendrées jusqu’à la fin de la saison.[…]Nous essayons de résoudre cette situation, mais nous le ferons quand tout sera plus clair et quand nous jouerons à nouveau. »

Une manière bien à lui de mettre un couteau sous la gorge des clubs professionnels, qui n’auront guère le choix lorsque le ministère de la Santé autorisera les clubs à reprendre le chemin de l’entraînement, puis celui des stades, vides et sans âme. Ce chantage n’est pas non plus du goût des socios du pays, et notamment ceux de l’actuelle lanterne rouge de Liga, l’Espanyol Barcelone : « Nous exprimons notre rejet total à l’égard des protestations et des odieuses menaces publiques du président de la ligue Javier Tebas. Avec plus de 23 000 morts officiels dans notre pays, il fait comme si de rien n’était, et son principal objectif est de reprendre la compétition immédiatement, tout comme Jaume Roures (le président de Mediapro, N.D.L.R.). Car leur seule préoccupation est l’argent, et ils le font savoir de manière éhontée par leur ignoble comportement. » L’argent, voilà ce qui motive Javier Tebas depuis avril 2013 et son couronnement à la tête de la Liga. Une posture pernicieuse qui pourrait bien se retourner contre lui si les compétitions étaient amenées à ne jamais reprendre. Voilà tout le mal qu’on est en mesure de lui souhaiter.

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