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Taremi, joue-la comme Daei
Le premier a repéré le second alors qu’il n’avait que 17 ans. Et les deux ont aujourd’hui marqué l’histoire de leur sélection. Principale arme offensive iranienne, Mehdi Taremi marche dans les pas d’Ali Daei, légende du pays. Sur comme en dehors du terrain, l’élève fait quasi tout comme le maître.
« Après mon service militaire, je me suis engagé à Iranjavan à 17 ans, et j’ai marqué douze buts en championnat. » Avant de se faire un nom en Europe sous la tunique du FC Porto, Mehdi Taremi a d’abord fait parler de lui dans le Golfe persique. Au talent prometteur dans l’élite iranienne, le natif de Bushehr voit sa carrière décoller grâce à Ali Daei, légende du pays. « Un de ses proches lui a montré des vidéos de mes matchs, reprend Taremi dans une longue interview pour Football360. Ali, qui entraînait Persépolis, a tout de suite dit qu’il me voulait. » L’attaquant d’1,90m rejoint le club mythique du football iranien l’été 2014. Débute alors une trajectoire liée au destin du meilleur buteur de la Team Melli.
Attachés depuis le début
« Beaucoup de membres du staff et de joueurs de Persépolis disaient que j’étais trop lent. Même un des frères de Daei avait assuré que j’étais trop timide et que je ne m’imposerais jamais, se souvient Taremi. Heureusement qu’il était là, Ali était convaincu que je serais un grand joueur. Sans lui, personne ne m’aurait connu. » Et celui qui est devenu le premier Iranien à marquer un doublé en Coupe du monde plus tôt dans la semaine fait bien de le reconnaître. Sur le départ pour tenter de sauver le Saba Battery Qom, club en grande difficulté financière et aujourd’hui disparu, Daei garde un œil sur son chouchou et n’hésite pas à user de son aura pour voir Taremi exploser. « Au début, Hamid Derakhshan ne voulait pas trop de moi à cause de ma lenteur. Daei a fait pression sur la direction, et j’ai été titularisé pour la première fois au troisième match. J’ai marqué quelques minutes après le coup d’envoi. » La place dans le onze de Taremi ne sera plus jamais discutée. 55 buts en 112 apparitions sous les couleurs rouges du plus grand club du championnat suivront.« Si je deviens un jour entraîneur, je ne regarderai jamais que le football chez un joueur pour le sélectionner. Il y a aussi l’instinct. Ali l’a eu pour moi, et ça a changé ma vie », conclut Medhi.
Les grandes gueules
45 pions avec la sélection. Voilà ce qui sépare les deux hommes aujourd’hui. Et si à 30 ans, Mehdi Taremi a quelques années pour faire son retard, il ressemble en tout point à son idole une fois les pieds en dehors du terrain. Invité par la FIFA et la Fédération iranienne pour assister au Mondial, Ali Daei a décidé de ne pas se rendre au Qatar en soutien aux manifestations contre le régime en Iran. « Alors que la plupart d’entre nous ne se sentent pas bien, j’ai décidé de décliner cette invitation. Je souhaite être avec vous dans mon pays et exprimer mon soutien envers toutes les familles qui ont perdu des êtres chers », avait annoncé la légende sur les réseaux. Au lendemain de ces déclarations, le passeport du second meilleur buteur de l’histoire des sélections a été confisqué pendant quelques jours par les autorités.
Conscient donc des possibles retombées du régime autoritaire, Mehdi Taremi avait fait pareil en dénonçant la violence du gouvernement envers les femmes dans la foulée. « Pouvez-vous vraiment être un humain et ne pas vous sentir malade après avoir vu ces vidéos déchirantes ?, clame l’attaquant iranien, faisant référence à la mort de Mahsa Amini, vraisemblablement assassinée le 16 septembre par la police des mœurs perses, pour un voile prétendument mal porté.Après avoir vu ces quelques images, je déteste beaucoup de mes compatriotes. La violence ne peut être une solution pour personne. » De quoi en faire l’un des – très – rares internationaux à ne pas se ranger dans le silence. Toujours pareil, comme Daei auparavant, Taremi s’est aussi chargé de tacler la Fédération juste avant l’arrivée au Qatar.« L’organisation autour de notre sélection est digne d’une DHR, l’amateurisme y règne. Parfois, si on veut du café ou du thé après le déjeuner, on nous demande de payer. La seule préoccupation de nos dirigeants est de savoir qui siégera dans un fauteuil. Personne ne se soucie de notre football », avait souligné l’Iranien avant de jouer avec sa boule de cristal : « On va finir derniers au Mondial. Il faut voir la vérité en face. » S’il est encore bien seul face au pays de Galles ce vendredi, il pourrait avoir vu juste.
par Matthieu Darbas