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Tardy : « Je ne suis pas venu à Singapour pour me reposer »

Propos recueillis par Alexis Billebault
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Richard Tardy occupe depuis deux ans la fonction de directeur des sélections nationales de jeunes à Singapour. Le Français (66 ans), qui a travaillé dans de nombreux pays (Grèce, Côte d’Ivoire, Liban, Algérie, Émirats arabes unis, Maroc, Rwanda) explique comment le petit pays d’Asie du du Sud-Est tente de sortir de son relatif anonymat.

Les trois derniers résultats de Singapour (1-1 contre la Birmanie et 0-6 face à l’Argentine en amicaux, défaite 1-2 contre Taïwan en qualifications pour la Coupe d’Asie 2019) ne donnent pas l’impression que le football singapourien respire la sérénité…La grosse déception, c’est le revers contre Taïwan à domicile. La prochaine Coupe d’Asie des nations se jouera à vingt-quatre et c’est une belle occasion de se qualifier via le dernier tour des éliminatoires. Singapour avait obtenu un bon match nul à Bahreïn en mars (0-0). Une victoire contre Taïwan aurait permis à la sélection de compter quatre points. Là, ça se complique, et il faudra faire quelque chose quand la sélection rencontrera le Turkménistan en septembre prochain. C’est vraiment dommage.

Est-ce vraiment surprenant, finalement ?Perdre à domicile contre Taïwan, c’est une grosse déception, car Taïwan se situe à un niveau inférieur à celui de Singapour. Mais le football ici a encore beaucoup à faire pour espérer rivaliser avec les meilleurs, même si la sélection est capable de faire de bonnes performances, comme son nul au Japon (0-0) en qualifications pour la Coupe du monde 2018. Singapour n’est pas un pays très peuplé. Le réservoir de joueurs est donc assez limité. Et il n’y a pas une énorme culture foot. Ici, les gens s’intéressent davantage à la Premier League anglaise qu’au football local et son championnat. Quand on a 1000 spectateurs pour un match de championnat, c’est bien.

Le championnat ne compte que neuf équipes…Oui. Dont trois ont un statut un peu particulier. Il y a Albirex Niigata, une équipe satellite du club japonais du même nom. Elle n’est composée que de Japonais. Même chose avec DPMM FC, qui vient de Brunei, et qui a droit à trois étrangers. Et il y a enfin Young Lions FC, qui ne compte que des locaux de moins de 22 ans. Le niveau du championnat est un mélange de National, de CFA et même de CFA 2 pour certaines équipes. Il y a quelques années, Singapour a attiré quelques joueurs européens, dont l’Anglais Jermaine Pennant, qui a joué l’année dernière à Tampines. Mais comme les clubs n’ont droit qu’à trois étrangers et que le championnat n’est pas très réputé, c’est difficile de les faire venir.

Ici, l’éducation scolaire est très importante. Et le sport fait partie de l’ensemble. Les matchs entre écoles, entre lycées sont très importants. Du coup, les jeunes n’ont pas forcément le temps de bien s’entraîner dans leurs clubs.

Les clubs sont-ils bien structurés ? Car Singapour est un pays plutôt riche…Paradoxalement, la plupart des clubs manquent de structures. Comme vous le savez, Singapour n’a pas une grosse superficie. Beaucoup d’équipes doivent louer des terrains pour pouvoir s’entraîner, car elles ne disposent pas de centres d’entraînement dignes de ce nom. Le problème, c’est que le pays manque de surfaces constructibles. Et des terrains de foot, ça prend de la place. Il y a un club qui sort un peu du lot, celui de Home United. Au niveau structurel, au niveau de son recrutement. Mais contrairement à ce que vous pouvez imaginer, les clubs singapouriens ne roulent pas sur l’or. Les budgets ne sont pas très élevés. Les plus gros moyens sont octroyés à la sélection nationale qui, elle, ne manque de rien, notamment pour s’entraîner.

Y-a-t-il des choses concrètes au niveau de la formation ?Les compétitions de jeunes sont plutôt bien structurées. Les moins de 17 et moins de 18 ans participent au championnat des réserves. Les sélections nationales de jeunes bénéficient de bonnes conditions de travail, même s’il manque un centre technique national. C’est un projet, j’espère qu’il va aboutir. Il y a aussi pas mal d’académies dans le pays. Et on joue beaucoup au foot dans les écoles. Ici, l’éducation scolaire est très importante. Et le sport fait partie de l’ensemble. Les matchs entre écoles, entre lycées sont très importants. Du coup, les jeunes n’ont pas forcément le temps de bien s’entraîner dans leurs clubs. Et on voit qu’ils présentent des lacunes techniques et tactiques.

Les joueurs singapouriens s’exportent très peu. Pourquoi ?Le football n’est pas forcément considéré comme un facteur d’élévation sociale. Et les joueurs singapouriens, qui vivent plutôt bien, ne cherchent pas forcément à sortir de leur confort. À Singapour, la vie est très agréable. Le pays est très sûr, très moderne, riche. Les joueurs n’ont pas forcément envie de s’exiler en Thaïlande, en Malaisie ou en Chine. Il y a deux ou trois internationaux qui évoluent en Malaisie, c’est tout.

Même les plus anciens de la sélection nationale n’ont pas trop bougé de Singapour…Non. Car ils sont bien ici. Cela peut se comprendre. Mais il est évident que si des Singapouriens décidaient de s’expatrier, cela bénéficierait à la sélection. Laquelle est d’ailleurs confrontée au problème de l’âge. Certains (Mustafic Fahrudin, Daniel Bennett, Hassan Sunny, Sharil Ishak, Khairul Amri, ndlr) ont largement passé la trentaine. La question de la nouvelle génération se pose déjà. On y travaille. Je suis venu ici pour aider le football local à progresser, pas pour me reposer. D’ailleurs, je n’ai pas vraiment le temps pour ça…

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