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Vitinha, de l’importance du cadre

Par Maxime Brigand
Vitinha, de l’importance du cadre

Pointé du doigt depuis plusieurs rencontres, Vitinha a été un acteur majeur de la victoire parisienne dimanche soir, au Vélodrome (0-3), face à un OM séché pour la deuxième fois consécutive à domicile.

Ça avait commencé comme ça, en pleine saison des mariages et sous un beau soleil de juillet, mais surtout avec un désir, rapidement révélé à un parterre de journalistes assoiffés d’indices. Ainsi parlait Christophe Galtier au premier jour de son aventure à Paris : « Oui, j’ai une idée assez précise de ce que je veux voir de l’équipe : du rythme, de l’intensité, une capacité à récupérer le ballon très tôt et très haut pour pouvoir mettre sous pression l’adversaire. » Et on a ensuite vu. Invincible jusqu’à la première soirée de 2023, le PSG version Galtier a, dans un premier temps, réussi à aller dans le sens des souhaits de son nouveau capitaine de bateau, puis s’est ensuite un peu essoufflé en apéritif du Mondial au Qatar, avant de voir une crise géante tomber sur son gâteau (trois défaites en championnat, une élimination indiscutable en Coupe de France sur la pelouse de l’OM, des prestations collectives catastrophiques, un paquet de blessures, un huitième de finale aller de Ligue des champions géré tant bien que mal par un staff jonglant entre les structures et peinant à faire émerger une nouvelle façon de se marrer). Bousculé avant de se pointer au Vélodrome dimanche soir, l’entraîneur parisien, amputé d’un Neymar de nouveau blessé, avait donc choisi d’abattre la carte de la modestie et simplement espéré tout haut voir son groupe « faire l’opposé » de ce qu’il avait fait dans la piscine de son dauphin, le 8 février. « C’est-à-dire gagner des duels, sortir de la pression marseillaise et, surtout, avoir plus de courses dans la profondeur, ce qui nous avait fait énormément défaut lors de ce match de Coupe de France », explicitait Galtier, vendredi, dans la foulée d’un entraînement géant et public au Parc des Princes. Alors ? Alors, grâce à Kylian Mbappé et grâce à une structure collective repensée pour répondre aux envies de l’OM castagneur d’Igor Tudor, le PSG a retrouvé la banane, faisant notamment ressortir du tableau un acteur secoué par les vagues depuis plusieurs semaines : Vitinha. 

Un chasseur sachant chasser

Il y a une dizaine de jours, Christophe Galtier l’avait défendu publiquement, rappelant à la presse qu’elle avait « son nom à la bouche pendant trois mois ». Le milieu portugais, déboulé l’été dernier pour plus de 40 millions d’euros, a en effet été l’un des boulons principaux du plan vainqueur dessiné par le staff parisien ce week-end. Il confirme alors une nouvelle fois que si un joueur peut sublimer un cadre, c’est avant tout le cadre qui permet aux joueurs de se sublimer. Le cadre, justement : avec le retour de Mbappé et celui de Presnel Kimpembe (qui s’est malheureusement rompu le tendon d’Achille droit au quart d’heure de jeu), Galtier a choisi dimanche de ranger son losange et de ressortir sa défense à trois têtes pour la première fois depuis la défaite à Rennes (1-0), mi-janvier. L’idée derrière le 5-3-2 parisien ? Permettre au bloc de mieux défendre sur la largeur et d’être surtout plus agressif côté ballon grâce à des relayeurs (Vitinha et Fabián Ruiz) envoyés en première ligne pour chasser le premier relanceur marseillais. Explications de Galtier au micro de Prime Vidéo : « Marseille construit souvent à quatre avec un milieu. Il fallait alors que l’un de nos milieux puisse sortir sur cette construction, et les trois milieux ont fait un gros match dans la pression, ont su harceler quand ils devaient le faire, pendant qu’on avait choisi de laisser Léo et Kylian à l’intérieur pour pouvoir jouer des ballons en transition. » À ce petit jeu, Vitinha, l’un des éléments du PSG les plus actifs sans ballon (4 ballons récupérés, dont celui à la base du 0-3), a été précieux et a aidé sa clique à avancer pour ensuite limiter les conversations marseillaises dans les couloirs, ce qui a également pu être permis par la présence d’un pion supplémentaire dans une ligne défensive mieux protégée et donc plus aventureuse. Gêné, l’OM a alors souvent été obligé d’allonger ou de passer à l’intérieur, où les Parisiens ont été disciplinés et ont récupéré plusieurs ballons. 

Exemple de séquence sans ballon du 5-3-2 parisien, avec Mukiele envoyé sur Kolasinac, Vitinha sur Balerdi (il va ici contrer l’ouverture du défenseur argentin), Danilo prêt à jaillir, Mbappé-Messi à l’intérieur et un duo Ruiz-Verratti chargé d’aider à fermer les solutions de passe côté ballon.

Autre séquence en seconde période, où Vitinha a de nouveau déclenché le pressing parisien, forçant la passe de Balerdi vers Kolasinac, qui a ensuite été obligé d’allonger long de ligne vers Sanchez. Ramos interviendra tranquillement.

Le Portugais a également été essentiel pour gérer les transitions offensives marseillaises. On l’a, par exemple, vu impliqué à la 6e après un corner de l’OM…

… et être à la retombée d’un changement d’aile de Tavares qu’il va alors remettre de la tête dans les gants de Donnarumma.

Nouvelle situation en fin de match où, sur une transition marseillaise, Vitinha va d’abord cadrer…

… attendre qu’une partie du bloc parisien se reforme…

… puis va surgir sur Ounahi.

Un lecteur sachant lire

Discipliné et plus solide, même si tout n’a pas été parfait et qu’il a encore concédé plusieurs occasions, Donnarumma sortant notamment deux parades brillantes en seconde période, le PSG a affiché un visage rassurant sans ballon. Mais, au-delà de la puissance de Mbappé dans la profondeur, il a surtout fait mal à l’OM grâce à un autre élément : une grosse quantité de mouvements généreux à vide qui ont fait exploser dans tous les sens un bloc olympien qui se contracte en misant sur une très large majorité de marquages individualisés, donc en acceptant de potentiellement ouvrir des espaces gigantesques. Si l’approche avait fait imploser les Parisiens en Coupe de France, elle a cette fois affiché ses limites. Bailly n’a pas pu assumer très longtemps son duel avec Mbappé (et si Tudor avait inverti ses deux centraux ?) et les milieux parisiens, Ruiz et Vitinha en tête, ont cette fois accepté de se transformer en papillons difficiles à canaliser grâce à plusieurs outils (du passe-et-va, des permutations, des projections, de la recherche du 3e homme…) plutôt qu’en pingouins scotchés à leur banquise. En attendant une confirmation, on a alors retrouvé, le temps d’une soirée qui lui offrait un contexte tactique parfait, le milieu portugais sous son visage le plus intéressant : celui vu à quelques reprises lors de la première partie de saison. Porté par la position haute de ses pistons, les projections de ses relayeurs, mais aussi par les compensations d’un Vitinha qui a su être influent à plusieurs hauteurs et recréer un triangle intérieur de qualité technique supérieure avec Messi et Verratti, le PSG s’est gavé de grosses occasions (7) et n’a vite laissé aucune chance à l’OM.

Tout au long de la soirée, Vitinha a su évoluer à plusieurs hauteurs. Lors des phases de construction, il est d’abord souvent venu former une paire avec Ruiz devant une ligne de quatre formée par les trois centraux parisiens et Marco Verratti, alors que les deux pistons (Mukiele et Nuno Mendes) évoluaient à hauteur de Mbappé et Messi.

De cette position, l’Italien a alors pu sauter les premières lignes de pression marseillaises et trouver Mbappé…

… qui a ensuite pu exploiter les espaces ouverts par l’approche sans ballon de l’OM en combinant avec Messi.

Autre situation de sortie de balle du PSG : cette fois, Ramos décide de sortir court avec Mukiele. Vitinha va venir aider son piston…

… s’associer à lui…

… et aider pour faire le premier décalage. Sur cette situation, Messi ratera son contrôle.

Le duo va se rattraper quelques minutes plus tard sur l’action du 0-1 : Vitinha va d’abord attaquer l’espace pour faire stresser la ligne défensive marseillaise…

… puis va être trouvé dos au jeu par Mukiele…

… afin de placer Messi face au jeu. Il lancera ensuite Mbappé dans sa situation préférentielle.

Ce jeu de compensation pour placer Messi en position de lanceur était très visible en début de saison et a été vu tout au long de la soirée à Marseille.

Il a aussi été précieux pour faire remonter le bloc en attaquant la grande profondeur comme sur cette situation où il va d’abord être trouvé par Danilo…

… puis va s’appuyer sur Mukiele qui va ensuite trouver Verratti…

… avant d’être lancé dans la moitié de terrain de l’OM.

Enfin, Vitinha a également attaqué la petite profondeur comme ici avec Mbappé. L’attaquant français va d’abord le trouver…

… et ensuite être à la retombée d’un centre du milieu portugais.

Il aurait également pu finir sur un centre de Mendes sans une grosse faute – non sifflée – de Kolasinac. Ici, Messi reprendra au-dessus.

En plus d’un Vitinha hyperactif (12 kilomètres avalés, 36 sprints – record du match) et d’un Verratti de nouveau à l’aise sous pression, Fabian Ruiz, un poil plus maladroit, a aussi été à son avantage, tout comme Marquinhos, parfois en galère en phase défensive en première période avant de se reprendre, mais qui est passé tout près d’inscrire un but sur attaque rapide. La question, maintenant, est de voir si le PSG, qui a su tirer des leçons de ses récents échecs et a affiché une grosse solidarité (il fallait voir certaines compensations défensives de Verratti et Vitinha en fin de match pour conserver l’unité du 5+3), peut tenir dans la durée une attitude aussi positive et reproduire des matchs avec un plan aussi bien exécuté. Lors de la première partie de saison, Christophe Galtier et son staff avaient fini par abandonner la défense à trois pour gagner en imprévisibilité. Aujourd’hui, cette structure, du moins avec deux des trois étoiles qui composent la galaxie parisienne, semble pourtant toujours celle qui offre le plus de garanties dans tous les registres. C’est en tout cas celle qui était la mieux adaptée pour faire sauter cet OM et c’est aussi celle qui rend service à la plupart des profils d’un groupe justement construit pour cette formule, ce que Galtier a rappelé ces derniers jours. Alors, ça repart pour un tour ? Dossier à suivre.

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