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Superclásico : une super revanche entre River et Boca ?

Par Georges Quirino-Chaves, à Buenos Aires
Superclásico : une super revanche entre River et Boca ?

Neuf mois après la victoire de River Plate face à son rival historique Boca Juniors au terme d’une finale de Copa Libertadores ubuesque disputée à Madrid, les deux équipes se retrouvent pour la première fois ce dimanche (22 heures) en championnat au Monumental. Dispositif de sécurité exceptionnel, provocations entre supporters, goût de revanche : la température monte à Buenos Aires qui se prépare à vivre trois Superclásicos en deux mois !

« Comment on va recevoir Boca ? Avec indifférence ! Pour nous, c’est comme s’ils étaient morts. C’est notre« ex-Clásico ». Le plus important a déjà été fait. » Le stress traditionnel avant cette rencontre ? Gaston, ce socio de River Plate, venu ce vendredi récupérer sa place au Monumental pour le match de dimanche, ne la ressent plus. Disparu depuis ce fameux 9 décembre 2018. Date de l’exil de la finale retour de la Copa Libertadores au stade Santiago-Bernabéu de Madrid. Un changement de continent inimaginable décidé par mesure de sécurité par la CONMEBOL après le caillassage du bus des joueurs de Boca Juniors le 24 novembre dernier sur la route de l’antre de River. Dans un stade madrilène qui n’avait jamais connu une telle ambiance, les hommes de Marcelo Gallardo, suspendu pour la rencontre, l’avaient emporté en prolongation grâce, entre autres, à une frappe monumentale de l’ex-Rennais Juan Fernando Quintero. « On ne vient pas seulement de gagner le match du siècle pour l’éternité, Boca vient aussi de perdre le match du siècle pour l’éternité » , écrit Andrés Burgo, journaliste et hincha de River, dans son livre La final de nuestras vidas.

« Je voulais mourir »

Neuf mois ont passé, mais le blues des bosteros, humiliés, est encore palpable dans les rues de Buenos Aires. « C’est une blessure qui va rester, c’est sûr. Mais il faut qu’on regarde devant nous maintenant » , reconnaît Maxi, socio du Xeneize, installé en terrasse du Boca es pueblo, local de supporters à la façade peinte en bleu et or, à quelques centaines de mètres de la Bombonera. Les supporters adverses n’étant pas autorisés au Monumental, c’est là que beaucoup se réuniront pour suivre le match ce dimanche. « Évidemment que je voulais mourir quand on a perdu ! avoue à côté Manuel, fan de Boca, mais préparateur physique à San Lorenzo. Mais c’était un match. Un seul. On ne va pas changer plus de 100 ans d’histoire pour une rencontre. River dit qu’il est le plus grand, mais Boca, au moins, n’est jamais descendu en deuxième division. (Les Millonarios ont connu la relégation en 2011, N.D.L.R.) Je préfère ça que de gagner la Libertadores. » Une rengaine utilisée par la plupart des supporters de Boca pour répondre aux provocations de ceux de River depuis décembre.

Le Superclásico, lui, s’affiche partout dans la ville, occupe presque tout le temps d’antenne sur les chaînes de sport. Encore davantage depuis que les deux équipes savent qu’elles se retrouveront aussi les 1er et 22 octobre, en demi-finale de la Copa Libertadores (aller au Monumental, retour à la Bombonera). Le mot « revanche » est souvent utilisé pour présenter la rencontre. Expression balayée cette semaine dans le quotidien Clarin par une légende de Boca Juniors, Jorge José Benítez, ex-joueur dans les années 1970 et ancien entraîneur du club : « C’est qu’il n’y aura jamais plus une finale comme celle de Madrid, prévient celui qui est surnommé El Chino. Si on gagne contre River dimanche et qu’on les élimine en Libertadores, ce sera une réussite.[…]Mais eux seront toujours là pour lever la main et nous rappeler : 9 décembre 2018 » .

Boca a changé et viendra au Monumental… dans un bus blindé

Si la rencontre n’aura pas forcément des airs de « rematch » , c’est aussi parce que l’équipe de Boca qui se présentera ce dimanche au Monumental n’aura plus grand-chose à voir avec celle de Madrid. L’entraîneur Guillermo Barros Schelloto a été, après la finale, remplacé sur le banc par le très pragmatique Gustavo Alfaro, ex-coach entre autres de Huracán et Arsenal de Sarandi. Un nouveau directeur sportif, Nicolas Burdisso, est arrivé, et seuls quatre joueurs qui avaient commencé la rencontre au Bernabéu (le gardien Andrada, les défenseurs Izquierdoz et Buffarini et le milieu de terrain Villa) sont encore dans l’effectif. Daniele De Rossi, arrivé fin juillet, devrait être titulaire pour son premier Superclásico. Carlos Tévez pourrait, lui, débuter sur le banc dans un stade où Boca ne s’est pas incliné depuis neuf ans. Après trois journées de championnat disputées, les Xeneizes comptent trois points d’avance sur les Millonarios qui ont, eux, conservé la majorité de leurs cadres. « Avec Boca, on se connaît très bien, indiquait cette semaine Marcelo Gallardo, l’entraîneur de River Plate. Même s’ils ont de nouveaux joueurs et entraîneur, on connaît les qualités de cette équipe. Et puis… leur maillot lui n’a pas changé ! Rien ne ressemblera à la dernière finale.[…]Je souhaite simplement que ces matchs se déroulent en paix. »

Pour que la sécurité soit cette fois-ci assurée, près de 1000 représentants des forces de l’ordre seront déployés autour du Monumental dont les alentours étaient déjà bouclés ce samedi soir. Seuls les socios du club auront accès au stade. Un tifo annoncé provocateur a été interdit par les autorités. Les joueurs de Boca Juniors, eux, ont cette fois-ci préféré effectuer leur mise au vert en dehors de la capitale. Ils arriveront au stade, avec le souvenir des jets de pierre de novembre dernier, à l’intérieur d’un bus blindé ! « Pour tester, les joueurs ont essayé de l’abîmer à coups de massue, mais il est resté intact » , a prévenu, très sérieusement, le chauffeur du véhicule Dario Ruben Ebertz au quotidien Olé. Protégés de tout, sauf de cette dernière provocation à l’approche du Monumental. Une fresque géante sur un mur en face du stade qu’ils ne pourront pas rater : une représentation des joueurs de River Plate et de Marcelo Gallardo soulevant la Copa Libertadores à Madrid.

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Par Georges Quirino-Chaves, à Buenos Aires

Propos recueillis par GQC, sauf mention.
Photos : Georges Quirino-Chaves

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