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Sterling, et si c’était lui ?

Par Maxime Brigand
Sterling, et si c’était lui ?

Laissé sur le banc au coup d’envoi à Anfield mercredi dernier pour solidifier le cœur du jeu avec Gündoğan, Raheem Sterling pourrait retrouver une place de titulaire mardi soir. Assez pour faire oublier sa drôle de performance du week-end dans le derby mancunien et retourner son club formateur ? Pas évident.

Étrange semaine que celle traversée par Raheem Sterling. Voilà un type de 23 piges qui, selon l’indicateur le plus fiable concernant l’efficacité d’un joueur offensif – les big chances, soit les occasions nettes –, est le bonhomme le plus adroit de Premier League avec un taux de conversion de 54,55%, une statistique d’ogre qui le place, entre autres, devant Harry Kane et Mohamed Salah, mais qui, dans le même temps, fait tourner la tête de son entraîneur. En août dernier, Pep Guardiola affirmait que « les joueurs améliorent les entraîneurs » et citait l’exemple de Sterling. L’Angleterre s’est alors dit qu’elle allait enfin récolter les espoirs semés depuis 2011, et le joueur, lui, s’est dit que cette saison serait la bonne.

Avait-il tort ? Non, en aucun cas : Raheem Sterling est bien en train de livrer sa meilleure saison à l’heure même où il rêvait de planter un minimum de « quinze ou seize buts » sur un exercice complet. Il en est à 21 toutes compétitions confondues, plus une grosse dizaine de passes décisives. Pourtant, encore et encore, Sterling pose question et a fait hurler de rage Guardiola samedi, lors d’une rencontre face à Manchester United (2-3) qui devait sacrer City. Trois jours plus tôt, le Catalan avait décidé de le sortir de son onze. Un pari raté.

Le spectre de Liverpool

Facile à dire après la bataille, mais la non-titularisation de Sterling pour faire entrer İlkay Gündoğan dans l’équipe a conduit à la conclusion suivante : Guardiola a été, en partie, l’architecte de sa propre défaite à Anfield (3-0) lors d’un quart de finale aller où Liverpool a avalé City dans l’intensité, en coupant notamment toutes relations au centre du terrain, lieu où « les meilleurs joueurs doivent évoluer » selon Pep Guardiola. C’est là que Gündoğan a été installé pour essayer de contrôler la sauvagerie de la bande de Klopp, ça a été un échec et ça a même laissé, forcément, le côté droit de City, où Sterling aurait dû soutenir Kyle Walker, ouvert aux contres féroces des Reds.

Un chiffre brutal pour appuyer l’échec : Guardiola a tenté d’assembler Gündoğan, Fernandinho, De Bruyne et David Silva à cinq reprises depuis sa prise de fonction. Résultat ? Une victoire en cinq essais. L’histoire aurait-elle été différente avec Sterling ? Pas forcément, et on ne le saura jamais, d’autant qu’à chaque fois que l’international anglais a remis les pieds à Anfield, il s’est planté. Il suffit, pour s’en convaincre, de revoir son match du 14 janvier dernier face aux Reds.

La liberté encadrée

Alors, pourquoi croire en Sterling pour ce retour, et ce, trois jours après que le bonhomme a croqué trois cartouches monstrueuses face à United ? Parce qu’au-delà de ses ratés, l’Anglais a joué un rôle central dans l’excellente première période des Citizens, étirant avec subtilité le bloc mancunien et se montrant décisif sur le deuxième but de City. Problème : si United est revenu, c’est aussi par son manque de réalisme. Et alors ? Mardi soir, l’heure n’est plus vraiment à la réflexion et Raheem Sterling pourrait se montrer indispensable, tout comme Bernardo Silva en cas de non-titularisation de la flèche anglaise. Peut-être avant tout car, en matière de transformation, Sterling est la plus belle réussite de la saison d’un Guardiola qui, il y a quelques mois encore, enseignait au gamin comment ouvrir son corps pour ensuite mieux visualiser l’espace à l’entraînement.

Sur le moment, la vidéo avait fait le tour du monde, même si le conseil n’avait rien de dingue : le contrôle orienté est une clé que l’on donne rapidement aux attaquants dans toutes les bonnes écoles de football. C’était surtout une invitation à la simplicité pour un joueur habitué aux envolées techniques, mais qui avait besoin d’être cadré pour atteindre une forme de liberté surveillée. Sans ça, le football ne serait rien et Guardiola a permis à Sterling d’évacuer la (sur)pression qui pèse sur ses épaules depuis qu’il a décollé des starting blocks. Reste à confirmer dans certains moments-clés. Un quart de finale retour de C1 face à Liverpool est une belle occasion, non ?

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