- Coupe de Grèce
- Finale
- Panathinaïkos-Aris (1-0)
Stéphanie Frappart, victime des maux du football grec
En proie à la violence après les images choquantes de Stéphanie Frappart escortée par la police pour assurer sa sécurité après la finale de la Coupe de Grèce, le football grec a de nouveau montré une bien mauvaise image de lui-même.
Mercredi soir, une bonne partie de l’Europe du football (enfin, les plus mordus) aura les yeux rivés sur Athènes et l’OPAP Arena. Hôte de la finale de Ligue Europa Conférence, que jouera quasiment à domicile l’Olympiakos face à la Fiorentina, la capitale grecque sera attendue au tournant sur sa capacité à organiser un tel événement. Incapable de gérer ses supporters, dans une impasse institutionnelle sévère, le gouvernement avait tranché dans le vif en décembre dernier, imposant un huis clos total de deux mois pour le championnat national, assorti de nouvelles mesures de sécurité lors de la reprise, censées contenir ces violences perpétuelles. Cette fois, c’est l’arbitre française Stéphanie Frappart qui en a fait les frais lors de la finale de la Coupe de Grèce.
Une finale à huis clos, des débordements sur le terrain
L’arbitre française, coupable d’avoir, justement, exclu trois joueurs, dont deux de l’Aris Salonique, a malheureusement dû être protégée et escortée par la police pour rejoindre les vestiaires. En effet, des membres de l’Aris, dont son président, l’ont prise à partie, considérant qu’elle était responsable de leur défaite (quelle originalité !). Mais alors, pourquoi Stéphanie Frappart s’est-elle retrouvée dans ce qui pouvait ressembler à un traquenard ? Sa nomination s’inscrit dans une volonté des instances grecques d’apaiser les tensions et de limiter la corruption. Les matchs à enjeux ne sont désormais plus arbitrés par des locaux, mais par des étrangers. Ce qui n’a pas calmé les acteurs du jeu, ce week-end.
Les images sont désespérantes : Stéphanie Frappart a été poursuivie jusque dans les travées du stade, avant d’être confinée dans son vestiaire. Elle a même dû zapper la cérémonie de remise des médailles pour des raisons de sécurité. Un cauchemar ? Oui. Quelque chose de normal ? Sûrement pas. Ce triste spectacle s’est pourtant déroulé devant… moins de 100 personnes en tribunes. La Fédération grecque avait en effet instauré un huis clos et délocalisé la rencontre à Volos, offrant seulement 30 places à chaque club et distribuant 30 invitations de son côté. Une paix en tribunes, pas sur le terrain, où la rencontre a fini en eau de boudin. Cette fois, impossible de jeter l’opprobre sur les supporters.
Stéphanie Frappart, une victime parmi tant d’autres
C’est une mentalité et un écosystème qui ont fait faillite. Si on pouvait lire dans les médias grecs la honte d’avoir observé de tels comportements, parlant même d’amateurisme, les coupables de ce samedi étaient à retrouver maillots jaunes sur le dos, partis à la recherche d’une excuse pour justifier leur revers. On a même retrouvé un dirigeant en première ligne de cette contestation ridicule, en l’occurrence Theodoros Karypidis, président de l’Aris. Tout cela six ans après les événements survenus lors d’un match entre le PAOK et l’AEK, où le président du PAOK, Ivan Savvidis, était descendu armé sur la pelouse pour menacer un arbitre.
Ironie du sort, les clubs ne se remettent pas, voire jamais en question. Dernier exemple en date ? Même à froid, l’Aris n’en démord pas et a décidé de déposer une plainte devant l’UEFA à l’encontre de Stéphanie Frappart et de l’arbitre de la VAR, Hamid Ghenawi, sous prétexte qu’il n’a pas signalé un penalty en sa faveur dans le temps additionnel, avant le but du Pana. Dans le même temps, l’arbitre française a quant à elle précisé dans son rapport avoir été victime d’agression verbale et de menace physique, de la part d’un joueur cette fois-ci. Le mal semble toutefois bien plus profond et loin de se limiter au football. À Berlin dimanche, théâtre du Final Four de l’Euroleague de basket, ce sont les supporters du Pana et de l’Olympiakos qui se sont signalés, en provoquant des bagarres d’une grande violence dans la capitale allemande. Le sport est un reflet de la société, dit-on, et cela n’a rien de rassurant ces derniers temps. Il ne reste plus qu’à espérer que la finale de Coupe d’Europe devant se tenir à Athènes ce mercredi remette la chose la plus importante au premier plan : le foot.
Par Julien Faure