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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 12

Steed Malbranque à Saint-Étienne : le vert à moitié vide

Par Clément Barbier
Steed Malbranque à Saint-Étienne : le vert à moitié vide

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce nouvel opus, focus sur l’arrivée tout aussi surprenante que brève de Steed Malbranque à Saint-Étienne, en 2011. Décrit comme « le plus Lyonnais des Lyonnais » par Rémi Garde, il opte finalement pour le club à la tenue couleur gazon au retour d’une décennie passée en Angleterre. Avant de s’apercevoir que, vraiment, elle ne lui allait pas.

Il y avait pourtant des signes avant-coureurs qui laissaient penser que Steed Malbranque dans le Forez, ça ne marcherait pas. Comme, au hasard, une formation à l’Olympique lyonnais, puis trois saisons, 110 matchs et dix buts avec les Gones. Une décennie plus tard, après avoir sillonné la perfide Albion du Sud au Nord, faisant surtout le bonheur de Fulham avec ses 44 banderilles en 211 matchs et son statut de meilleur buteur du club en 2002-2003, Malbranque retourne en France. Pas loin de Lyon, mais pas à Lyon du tout.

En 2011, Sunderland, contraint de réduire sa masse salariale, se sépare de Steed Malbranque. Faute de mieux, le Franco-Belge désigne – aussi étrangement que cela puisse paraître au vu de son passé – Saint-Étienne comme point de chute et y signe deux ans. Capitaine de l’AS Saint-Étienne cette saison-là en raison de la grave blessure de Loïc Perrin, Sylvain Marchal accueillait pourtant à bras ouverts l’arrivée de Steed Malbranque, « un très bon joueur qu'[il] connaissait et qui sortait de très belles années en Angleterre ». Mais l’aventure s’écourte bien rapidement : au bout de quatre semaines seulement, et après n’avoir joué qu’un bout de match sous les couleurs de l’ASSE. « Au début, tous les clignotants étaient au vert. Je pensais faire le bon choix en signant à Sainté. Après trois semaines, je me suis aperçu que j’avais peut-être fait une erreur. Mieux vaut s’apercevoir de son erreur tout de suite que de rester comme ça pendant un an », confessait Malbranque sur les ondes de RMC en septembre 2011. Après avoir signé le 3 août, disputé 26 minutes sur la pelouse du Vélodrome (0-0) en prenant la place de Florent Sinama-Pongolle le 21 du même mois, le milieu de terrain résilie son contrat le 6 septembre. Dix jours plus tôt, alors que Christophe Galtier le convoque pour un match à Sochaux (perdu 2-1), l’ancien de Tottenham préfère se désister. « On se dit alors qu’il devait avoir un souci personnel », témoigne Sylvain Marchal, qui n’avait rien relevé de particulier dans le comportement de Malbranque aux entraînements.

Steed Malprank

De ce retrait mystérieux découle une kyrielle de suppositions au sujet de la vie de l’ex-Cottager, toutes plus moroses et sombres les unes que les autres. Notamment celle selon laquelle Steed Malbranque se serait retiré du football en raison de l’état de santé de son soi-disant fils, qui serait atteint d’un cancer. Sur Twitter, les messages de soutien fleurissent : Rio Ferdinand y passe, Louis Saha, Joey Barton également. « Steed Malbranque, bonne chance à toi et à ta famille mon frère à travers ce qui doit être une période vraiment difficile », écrit par exemple l’ancien défenseur de Manchester United.

Sauf qu’en réalité, Steed Malbranque n’a pas de fils. Mais deux filles. « Si l’histoire de Malbranque n’est pas vraie, alors celui qui a lancé la rumeur doit l’arrêter immédiatement, cet espèce d’enfoiré », se ravise Ferdinand. « Absolument dévasté pour Steed Malbranque. J’espère que son fils ira bien. Très mauvaise nouvelle », écrit quant à lui Saha dans un premier temps, avant d’exprimer son soulagement :« Content de savoir qu’il n’y a pas de problème de santé avec la famille de Steed Malbranque. Ouffff !!! Prends soin de toi, frère. » Joey Barton, lui, la joue insider : « Mes pensées vont à Steed Malbranque et sa famille. Steed s’est retiré du football pour s’occuper de son fils, à qui on a diagnostiqué un cancer. »

Père-fide

D’autres rumeurs liées à son départ de Sainté font écho d’un racket dont sa famille aurait été victime, ou d’une brouille avec son père. C’est plutôt de cette dernière dont se souvient Marchal, « de ses problèmes personnels, notamment avec son père ». Si ces tensions sont vérifiées – les deux hommes perdent contact lorsque Steed rejoint l’Angleterre en 2001, – ce ne sont cependant pas les raisons de son bref passage dans la Loire. En témoignent les propos très offensifs de Claude Malbranque au sujet de son fils, dans un entretien accordé au Progrès : « Je n’ai pas plus de nouvelles de Steed que vous. Nous sommes en rupture depuis dix ans, depuis son départ de l’OL, témoigne-t-il en 2011, persuadé que son fils « a peur de [lui] ». « C’est sa vie ? Et alors ? Qui est-ce qui l’a monté à ce niveau ? Je me suis cassé le cul pour le placer dans un beau milieu. Qui a négocié pendant six mois pour son premier contrat à l’OL ? S’il m’avait écouté, il aurait fait une meilleure carrière. Il serait monté en équipe de France », suppose-t-il. Avant de conclure avec un tacle à la carotide d’une tristesse infinie : « Pas question de le voir. Je vis sans lui, il ne me manque pas. La preuve, je n’ai pas regardé un de ses matchs en Angleterre à la télé. Il s’est mis toute sa famille paternelle à dos. »

Lyon et relions

Malbranque quitte donc l’ASSE. « On a été très surpris, personne ne s’en doutait, confesse Marchal, qui n’avait pas été alarmé plus que cela par la situation du numéro 25 de l’ASSE. C’est quelqu’un de discret, qui ne parle pas beaucoup de toute façon », détaille l’ancien défenseur central, actuellement entraîneur au FC Metz. Son départ de l’AS Saint-Étienne acté, le milieu de terrain de 31 ans part s’entraîner avec le SM Caen, avec lequel il doit s’engager l’année suivante en cas de maintien des Calvadosiens dans l’élite. Pari perdu : Malherbe est relégué. Malbranque rebondit finalement à l’Olympique lyonnais, onze ans après son départ. Une histoire aux allures de conte de fées : les retrouvailles entre l’OL et le milieu de terrain sont idylliques, il s’avère comme un pion essentiel de Rémi Garde, puis d’Hubert Fournier. Un temps proche de l’équipe de France, il dispute finalement 130 nouvelles rencontres avec l’OL jusqu’en 2016, avant de faire le bonheur des clubs amateurs de la région : Monts d’Or Azergues (nouveau GOAL FC), puis le FC Limonest Dardilly Saint-Didier. Depuis, Malbranque brille au padel, sur un gazon qui est synthétique, mais forcément plus vert que celui de Geoffroy-Guichard en 2011.

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Par Clément Barbier

Propos de Sylvain Marchal recueillis par CB

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