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Genesio veut vivre avec ses idées

Par Clément Gavard, à Rennes
Genesio veut vivre avec ses idées

Le Stade rennais et Bruno Genesio espèrent profiter de la réception du Shakhtar Donetsk, ce jeudi soir, pour poursuivre l'aventure européenne et laisser derrière eux un début d'année compliqué.

La vie d’un entraîneur n’est pas un long fleuve tranquille, et celle de Bruno Genesio, couronné meilleur technicien de Ligue 1 la saison dernière par ses pairs, n’a rien de simple en ce début d’année. Il est difficile de parler d’urgence pour un club qui navigue à un rythme record en championnat (43 points après 24 journées, meilleur total de son histoire à ce stade à égalité avec l’exercice 2010-2011), mais le temps presse et le bilan depuis la trêve de la Coupe du monde ne correspond pas aux ambitions du Stade rennais, avec 7 défaites en 12 matchs, dont 5 sur les 7 derniers. « Quand vous êtes dans des périodes très difficiles, il y a deux solutions, posait le coach breton le week-end dernier. Soit on s’apitoie sur notre sort, soit on cherche des solutions. Notre travail, c’est de chercher des solutions. C’est un peu long pour les trouver pour l’instant, mais ça va venir. » Le succès face à Clermont dimanche (2-0) n’est qu’une étape dans la guérison d’une équipe malade, et la deuxième manche face au Shakhtar Donetsk, ce jeudi soir, se présente comme une occasion rêvée pour les Rouge et Noir et leur entraîneur de s’éloigner de la zone de turbulences en s’envolant vers les huitièmes de finale de la Ligue Europa. 

Vents contraires

En première ligne, comme chaque coach dans cette situation, Genesio semble avancer avec moins de certitudes ces dernières semaines et cherche toujours son onze titulaire, multipliant les associations et les systèmes (une défense à 5 contre le PSG et Marseille en janvier, le 4-4-2, le 4-3-3), même si celui-ci ne cesse de répéter que « c’est l’animation qui est importante ». Elle ne posait aucun problème avant le Mondial, quand Rennes enchaînait 17 rencontres sans perdre toutes compétitions confondues, mais la pause et les vents contraires, comprendre les nombreuses blessures (Martin Terrier, Xeka, Hamari Traoré, entre autres), ont enrayé la machine bretonne. « Ce serait exagéré de dire que l’on est en reconstruction, mais l’équipe a subi beaucoup de modifications pour des raisons diverses et il y a peut-être aussi cette explication à donner dans cette série un peu difficile », a confirmé Genesio. Ce qui ne l’a pas empêché de parler du besoin de « remise en question pour tout le monde, les joueurs, le staff, moi et tout le club », ni de faire des choix forts à Varsovie lors du barrage aller perdu contre le Shakhtar Donetsk en laissant plusieurs cadres sur le banc, ou même en écartant Flavien Tait du groupe («  un choix uniquement sportif ») le week-end dernier pour la réception de Clermont.

Tâtonnements, choix et idée de jeu

À l’aube d’une semaine qui ressemble à un tournant pour la suite de la saison, entre un match couperet en Coupe d’Europe et le derby à Nantes dimanche, le technicien rennais a précisé en avoir profité pour « échanger en tête à tête avec certains sur ce que j’attends de plus, ce que j’attends d’eux. (…) Je suis un coach qui aime expliquer les choses à mes joueurs, les leur faire comprendre. Je pense que c’est comme ça qu’on avance. » Une manière, aussi, de rester le patron d’un vestiaire qui doit composer avec la dynamique moribonde, ce qui n’est jamais idéal. Au-delà des petites tensions internes, c’est l’union sacrée qui prime sur les bords de la Vilaine. Les dirigeants rennais Olivier Cloarec et Florian Maurice forment un trio avec Genesio, lui aussi très apprécié de la famille Pinault, les propriétaires du club breton. Et Genesio, attaché au jeu offensif et au spectacle, avait prévenu ce week-end : « Je ne changerai pas ma façon de jouer, ça c’est clair. Tant que je serai ici, si on veut voir une autre équipe jouer, il faudra changer d’entraîneur. Moi, je continuerai à jouer dans le projet que j’ai mené depuis que je suis arrivé ici. »

Je ne changerai pas ma façon de jouer, ça c’est clair. Tant que je serai ici, si on veut voir une autre équipe jouer, il faudra changer d’entraîneur.

Bruno Genesio

Le public du Roazhon Park, lui, n’a pas lâché un entraîneur qui a envoyé du jeu la saison dernière, même si le choix d’aligner un onze expérimental à l‘aller avait fait grincer quelques dents à Varsovie, où l’on avait rencontré des supporters en colère. «  Il n’était pas question de balancer le match comme j’ai pu l’entendre, tranchait-il encore ce mercredi. Il y a une concurrence, saine, et mon devoir et mon métier, c’est de faire des choix parfois bons, parfois moins bons. Mais à chaque fois qu’ils sont faits pour l’équipe, pour le contexte d’un match, d’une compétition, et non pas pour faire des effets d’annonce ou je ne sais quoi. » Près de deux ans après son arrivée sur le banc rennais pour succéder à Julien Stéphan, Genesio n’a pas usé tout son crédit, loin de là, mais son Stade rennais, un peu moins spectaculaire cette saison et trop cyclique, aurait bien besoin d’une aventure européenne plus longue après une sortie frustrante contre Leicester en 8es de finale de Ligue Europa Conférence l‘an dernier. Cette fois, Rennes devra rattraper un retard d’un but contre le Shakhtar, « une vraie bonne équipe, un peu dévalorisée au match aller ». La recette du chef ? «  Il faudra à la fois amener beaucoup de folie, mais aussi beaucoup d’intelligence et de patience. » La saison du club breton et l’histoire de Bruno Genesio avec celui-ci peuvent basculer en 90 minutes, ou peut-être un peu plus.

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Par Clément Gavard, à Rennes

Tous propos recueillis par CG en conférences de presse

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