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Spinoza, Spinazzola ou les deux?
C'est un concept bien connu des fans du Burger Quiz, mais qui méritait bien une adaptation pour le football. Si l'Italie a brillé au premier tour, elle le doit beaucoup au blase quasi philosophique de son piston gauche, Leonardo Spinazzola. A priori, rien à voir avec son presque homonyme Baruch Spinoza, penseur éclairé et révéré du XVIIe siècle. Ou peut-être que si, finalement.
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Réponses :
1- Si le blase de Baruch Spinoza a une consonnance latine, c’est parce que le bonhomme est d’origine espagnole-portugaise. Rien à voir avec l’Italie, donc. Spinazzola, en revanche, a bien vu le jour à Foligno, dans la province de Pérouse.
2- Joueur méconnu du grand public alors qu’il évolue encore à l’Atalanta, Spinazzola représente pour la première fois la Nazionale le 28 mars 2017, face aux Pays-Bas, en match amical. Quant à Spinoza, son premier ouvrage, Les Principes de la philosophie de Descartes, est publié à Amsterdam en 1663.
3- Le rationalisme de Spinoza est encore salué aujourd’hui par nos intellos bleu-blanc-rouge. Exemple avec Blandine Kriegel, une ancienne assistante de Michel Foucault, qui a consacré un ouvrage au célèbre philosophe néerlandais en 2018. Leonardo Spinazzola, lui, a tapé dans l’œil du Monsieur tactique de L’Équipe, Dan Pérez, qui en a fait son « piston déséquilibrant » favori. Les grands esprits se rejoignent.
4- Spinazzola ne s’en cache pas : il n’a jamais pensé à devenir autre chose que footballeur. Lorsqu’il était étudiant à l’université de Leyde, Spinoza a en revanche gagné sa vie en taillant des lentilles optiques pour lunettes et microscopes.
5- Critique de l’utilisation de la religion à des fins politiques, Spinoza est excommunié en 1656 par le rabbin Isaac Aboab Da Fonseca (rien à voir avec Omar). Recruté par la Juventus en 2010, Spinazzola a lui été prêté par les Bianconeri à pas moins de 7 clubs différents, avant de revenir faire une saison dans le Piémont. Puis de trouver enfin chaussure à son pied en 2019, en signant à la Roma.
6- Comme tous les footballeurs qui ont du mal à cultiver des hobbys en dehors du terrain, Spinazzola confie s’esquinter régulièrement les pouces sur la console de Sony. Spinoza aurait sans doute pu être séduit par les ambitions métaphysiques d’une création d’Hideo Kojima, mais il paraît que le concept de console de jeu était encore embryonnaire au XVIIe siècle.
7- Accessoire identifié comme franchement beauf au XXIe siècle, la chevalière était autrement mieux considérée 400 ans plus tôt. Spinoza en possédait une, dont le symbole était une rose, accompagnée du mot latin Caute (prudence). Spinazzola a pour seule bague au doigt son alliance, depuis qu’il a épousé la charmante Miriam Sette en décembre dernier.
8- Si la nature de l’héritage politique de Spinoza divise, de nombreux marxistes se sont réclamés de sa pensée, comme les philosophes communistes Jean-Toussaint Desanti, Louis Althusser, Étienne Balibar et Jacques Rancière. Spinazzola est quant à lui devenu l’arrière gauche le plus au top du hip hop du football transalpin.
9- Joueur d’espaces par excellence, Leonardo Spinazzola a pris son temps pour arriver à maturité et facture déjà 28 printemps. Il lui reste quelques années prometteuses, avant d’assez rapidement mettre fin à sa carrière. Si cette citation lui sied bien, on la doit en revanche à son distingué presque homonyme, Baruch Spinoza.
10- En février 2021, Leonardo Spinazzola confiait en interview baragouiner l’espagnol et le portugais. Pas mal, mais petit bras face à Spinoza, qui avait une bonne maîtrise de l’hébreu, de l’araméen, du portugais, de l’espagnol, du néerlandais (sa langue maternelle), et lisait l’allemand, le français, l’italien et le grec ancien. On ne sait en revanche pas si son niveau d’anglais rivalisait avec celui de Jacques Santini.
Par Adrien Candau
