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Škriniar et la manière

Par Florian Cadu
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Škriniar et la manière

Recrue estivale de l’Inter, le jeune Milan Škriniar épate l’Italie depuis le début de la saison. Car les performances abouties du Slovaque en défense centrale ne sont pas étrangères aux bons résultats de son club, qui se déplace au Hellas Vérone ce soir.

Il ne manquait finalement que ça pour qu’il soit définitivement pris au sérieux par ceux qui ne croyaient pas (encore) en lui. Parce que le football est un sport de chiffres, et parce qu’il récompense bien plus facilement les buteurs que les hommes de l’ombre, Milan Škriniar a joué le jeu et fait trembler les filets. Pour, à chaque fois, donner l’avantage à son équipe et la mettre sur le chemin de la victoire. D’abord sur le terrain de Crotone, mi-septembre, à huit minutes du terme et à la manière d’un attaquant. Puis un mois plus tard, contre la Sampdoria Gênes (son ancien club), au quart d’heure de jeu et à la façon d’un renard des surfaces. Voilà, c’est fait : si certains souhaitaient ignorer la lumière qui éclaire gentiment le défenseur, ce n’est désormais plus possible.

Vidéo

Et ce n’est que justice. Car au-delà des buts (qui ne sont finalement que des détails), Škriniar brille dans l’axe central depuis le début de la saison. Acheté 23 millions d’euros à Gênes par l’Inter cet été, le Slovaque a rapidement effacé les doutes et critiques qui s’abattaient sur son prix. Aligné à dix reprises à côté de João Miranda, il n’a tout simplement pas loupé une seule minute de jeu en Serie A (comme son binôme, ainsi que Samir Handanovič et Ivan Perišić). Normal : assez puissant, loin d’être lent, juste techniquement, plutôt bon relanceur, doué pour l’anticipation et doté d’une excellente vision de jeu, le bonhomme de 22 ans semble déjà ultra complet. Et tant pis s’il pèche parfois dans les duels malgré son mètre 87.

Prochain Nesta ou futur Samuel ?

En Italie, Milan convainc tellement qu’il doit tenir tête aux comparaisons flatteuses qui flottent dans l’air. Ainsi, le monsieur serait proche d’atteindre le niveau de Walter Samuel pour les médias du pays et pour Esteban Cambiasso, ex de la maison. Pour d’autres, c’est carrément la dimension d’Alessandro Nesta que pourrait atteindre le nouveau venu s’il continue dans cette voie. « Est-ce le nouveau Nesta ? Il n’y en aura jamais un nouveau, mais Škriniar est le plus proche sosie que l’on puisse faire » , a même déclaré le champion du monde 2006 dans les colonnes de L’Équipe.

Attention quand même : le dernier homme qualifié de « nouveau Nesta » s’appelait Andrea Ranocchia et s’est depuis bien crashé (il fait d’ailleurs partie de l’effectif de l’Inter, avec laquelle il a disputé… cinq minuscules minutes en championnat cette saison). Il va en effet en falloir dans le pantalon pour que Škriniar soit à la hauteur des promesses qu’il vient de susciter. Reste que pour l’instant, Milan ne peut s’empêcher de jouir de son affaire estivale.

Inter

Logique : si l’Inter cartonne cette saison (huit victoires et deux nuls en dix journées), c’est en partie grâce à sa charnière défensive étonnamment solide (sept buts encaissés, deuxième meilleure arrière-garde d’Italie derrière la Roma). « Il a une grosse marge de croissance.(…)Il est rapide, physique, aérien… C’est un joueur très fort » , s’est donc félicité Luciano Spalletti en conférence de presse. Avant de s’inquiéter pour l’avenir : « Vous allez voir combien d’équipes vont s’intéresser à lui. Cela me fait peur.(…)Ce genre de joueurs doivent rester ici. »

Des craintes auxquelles les dirigeants de la Sampdoria ne pourront que compatir. Eux aussi ont vu Škriniar pousser comme une fleur dans leur onze type pour ne plus jamais en sortir (34 titularisations en 2016-2017, quatrième joueur le plus utilisé), après l’avoir observé galérer sous les ordres de Vincenzo Montella durant les premiers mois. Eux aussi ont vu sa valeur exploser, passant du million d’euros (soit la somme qu’ils avaient déboursée pour le récupérer au MŠK Žilina, son club formateur) à vingt fois plus et eux aussi ont rapidement compris qu’ils ne pourraient peut-être pas garder longtemps l’international (douze sélections depuis 2016). Mais méfiance : eux aussi ont vu passer Ranocchia. Qui n’a absolument plus rien à voir avec Nesta.

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