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Sisto Act

Par Antoine Donnarieix
Sisto Act

Ses parents ont fui la guerre civile au Soudan, il est né en Ouganda et joue pour le Danemark. Lui, c'est Pione Sisto, joueur frisson du Celta Vigo qui affronte Manchester United ce jeudi soir. Alternative de luxe dans l’effectif d’Eduardo Berizzo, le milieu offensif s’est habitué à devenir une bête du travail pour faire du football son métier.

Sur Terre, certains naissent à un endroit et voient la vie passer comme une fusée sans aller voir ailleurs. Leur vie est paisible, leur tâche quotidienne déjà programmée et rien ne peut les empêcher de suivre cette voie. Cette vie, Pione Sisto ne pouvait tout simplement pas y avoir droit. Car si le nouveau-né respire le 4 février 1995 ses premières bouffées d’air à Kampala, capitale de l’Ouganda, c’est au Soudan qu’il aurait dû voir le jour pour la première fois. Hélas, la guerre civile qui touche le pays oblige ses parents à quitter leurs origines et fuir un conflit plutôt que de rester au péril de leur vie. Deux mois à peine après sa naissance, le bébé profite d’un visa obtenu par ses parents pour démarrer une toute nouvelle vie au Danemark. Une sage décision familiale, d’autant que le territoire des aînés, appelé Soudan du Sud depuis son indépendance en 2011, est à nouveau pris dans une guerre civile interne depuis 2013. Un cauchemar bien réel que Sisto voit aujourd’hui depuis son salon à Vigo. Parce que depuis ce temps, le bébé est devenu un homme bien conscient de la chance d’avoir un travail au quotidien.

Couronne danoise

Débarquée dans la ville de Skive à l’ouest de la péninsule de Jutlandia, la famille Sisto pose le pied en terre inconnue, mais pacifique. L’herbe est verte, les maisons charmantes, les routes neuves. Un changement de décor. Avec ses quatre frères et huit sœurs, Sisto déménage à Herning, un peu plus au sud, pour des raisons liées au travail. Là-bas, le petit dernier passe une enfance sans coup de foudre jusqu’à ses sept ans. L’âge de raison lui fait alors découvrir le foot, sport qu’il pratique sans compter dans son pays d’accueil, où il devient naturalisé. « Quand les personnes me demandent d’où je viens, évidemment, je réponds que je suis soudanais du Sud, explique l’ailier au quotidien galicien Vigo é. Malgré tout, il est clair que j’ai une part de danois en moi. J’ai des amis danois et je me sens bien dans la société danoise, comme tous les autres citoyens. » La seule chose qui différencie le jeune garçon de ses pairs, c’est son talent balle au pied.

Rituel ougandais pour sa première conférence de presse

Au sein du Tjørring IF, le jeune détonne par sa technique, sa vitesse, son sens du but. Un an suffit à attirer l’attention du FC Midtjylland, où il signe un contrat pour jouer dans les catégories de jeunes. Dotée d’un énorme potentiel, la « Perle Noire » passe les échelons façon TGV et se retrouve à jouer son premier match de Superliga le 18 novembre 2012, lors du choc contre le FC Copenhague. Son entraîneur de l’époque Glen Riddersholm reste catégorique. « Je n’ai jamais vu de toute ma vie un joueur si passionné. Il s’entraîne comme un fou. Parfois, je devais même lui dire de se reposer. » Le goût du travail encore une fois, surtout le travail bien fait. Pour la première convocation de leur fils au sein de la sélection nationale en septembre 2015, les parents de Pione célèbrent l’événement par un rituel ougandais en chanson, en pleine conférence de presse. En confiance, le stakhanoviste expliquait même sa botte magique. « Mon message pour réussir, c’est que la joie de vivre doit être la force motrice. Surtout dans les moments plus compliqués, qui arriveront bien un jour ou l’autre. » Plutôt l’autre.

Soudan et United, les retrouvailles

Six matchs. Voilà le temps mis par Sisto pour ouvrir son compteur but avec le Celta Vigo, où il est arrivé l’été dernier. À la suite d’un rush de quatre-vingts mètres, l’ailier lâche une frappe croisée pour sceller la victoire des Galiciens sur le terrain de l’Espanyol Barcelone. Depuis ? Un temps de jeu en constante progression, doublé d’une culture de l’effort toujours au plus haut. Avant d’affronter Manchester United dans cette demi-finale de Ligue Europa, l’homme de 22 ans pourra démontrer ses progrès effectués depuis sa dernière confrontation face aux Red Devils avec Midtjylland l’an passé, quand son talent était montré à la face du monde grâce à deux buts marqués sur la double opposition (2-1, 1-5). Au moment d’affronter MU, il pourra aussi mesurer l’étendue du parcours effectué depuis sa naissance, comme lors de sa visite au Soudan du Sud, en 2013. « C’était un choc quand je suis arrivé là-bas. Bien sûr, j’avais entendu parler du pays, des choses que me racontaient mon père et ma mère, j’avais vu des images. Mais c’était quelque chose de différent. Leur style de vie, le peu de ressources qu’ils possèdent… C’était spécial. Je me demandais « Ma famille vient-elle vraiment d’ici ? » » Ballon au pied, sa joie de vivre vient sûrement de là.

L’Ander du décor
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