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Sergio Ramos, bon, brut, mais pas truand

Par Steven Oliveira
Sergio Ramos, bon, brut, mais pas truand

Face à l'Ajax Amsterdam en huitièmes de finale aller de Ligue des champions (1-2), Sergio Ramos a volontairement écopé d'un carton jaune afin d'être suspendu pour la manche retour. Un classique du genre. Sauf que l'UEFA a décidé d'ouvrir une enquête, et pourrait lui infliger un match de suspension supplémentaire. Un scandale.

Le soixantième but de Karim Benzema en Ligue des champions, la première utilisation de la VAR en C1, l’Ajax qui bouffe le Real Madrid tout cru pendant 45 minutes. Beaucoup de choses auraient pu être développées lors de ce huitième de finale aller de C1 entre l’Ajax Amsterdam et le Real Madrid (1-2). Sauf que depuis quatre jours, tout le monde ne parle que d’un détail : le carton jaune de Sergio Ramos reçu à la 89e minute, pour un combo semelle-insulte à l’adversaire. Un détail qui n’en est pas forcément un, puisque l’UEFA a décidé d’ouvrir une enquête au sujet de l’avertissement reçu par le défenseur espagnol. La raison ? Le capitaine du Real Madrid aurait volontairement écopé de cette biscotte polémique afin d’être suspendu lors du match retour et ainsi arriver tout neuf en quarts de finale, si qualification il y a.

Il faut dire que Sergio Ramos ne s’est pas vraiment caché : les caméras du Mirror l’ont filmé demandant à son banc s’il devait prendre un carton jaune une fois le but de la victoire de Marco Asensio marqué (87e), avant d’avouer son acte au micro de l’émission El Chinguirito après la rencontre : « Ce serait un mensonge si je disais que non. Oui, la vérité c’est que vu le résultat… C’est une chose à laquelle je pensais. Ce n’est pas sous-estimer l’adversaire, parfois il faut faire des choix et j’ai pris cette décision. » Si Sergio Ramos a tenté d’éteindre l’incendie sur son compte Twitter en revenant sur ses propos, cela n’a pas suffi à calmer l’UEFA qui pourrait lui infliger un match de suspension supplémentaire. C’est en tout cas la mésaventure subie par l’attaquant du FC Porto Jesús Corona, qui avait volontairement écopé d’un carton jaune lors de la cinquième journée de phase de groupes face à Schalke 04 (3-1) et qui avait été finalement suspendu deux rencontres, ratant donc le huitième de finale aller sur la pelouse de la Roma (2-1).

La haute estime de soi n’est pas un crime

Mais finalement, qu’est-il vraiment reproché à Sergio Ramos ? A-t-il blessé Kasper Dolberg ? Non. A-t-il triché, ou enfreint une loi du jeu ? Non plus. La seule chose qui peut être reprochée à l’international espagnol est le fait de sous-estimer un adversaire – qui lui a filé bien plus que du fil à retordre qui plus est –, et de croire le Real Madrid déjà qualifié pour les quarts de finale. Mais jusqu’à preuve du contraire, la haute estime de soi, la suffisance et l’arrogance n’ont jamais été sanctionnables d’un match de suspension. Tant mieux pour la Belgique et pour les Pays-Bas, d’ailleurs. Il est également vrai que ce n’est pas très malin d’aller fanfaronner en fin de match devant la télé, et de se vanter d’avoir écopé volontairement d’un carton jaune. Mais là encore, le manque d’intelligence n’a jamais été condamnable. Et tant mieux pour une ribambelle de joueurs.

Alors pourquoi Sergio Ramos, tout comme Jesús Corona, devrait être sanctionné d’un match de suspension supplémentaire ? Ce qu’a fait Sergio Ramos s’appelle jouer avec les règles. L’UEFA a instauré la règle suivante : un joueur sera suspendu pour UN match en cas de trois cartons jaunes reçus entre le premier match de poule et le quart de finale retour. Sergio Ramos a donc parfaitement lu les 116 pages du règlement de l’UEFA Ligue des champions pour la saison 2018-2019, et a joué avec ce point 50.02 du règlement. Il faut dire que Sergio Ramos connaissait assez bien cette règle, puisque ce n’est pas la première fois que l’Espagnol prend volontairement un carton jaune. C’était déjà le cas en 2010, et une cinquième journée de phase de poules face à… l’Ajax Amsterdam, lors de laquelle Sergio Ramos avait écopé d’un second carton jaune synonyme de carton rouge pour gain de temps sur un six-mètres. À l’époque, l’UEFA lui avait infligé une amende. Ce qui, déjà, était anormal.

L’UEFA comme juge d’intentionnalité ?

Si jamais l’UEFA inflige un match de suspension supplémentaire à Sergio Ramos, quelle sera la suite ? Car l’Espagnol n’est pas le seul à jouer avec cette fameuse règle. D’ailleurs, combien de supporters parisiens ont supplié Marco Verratti de prendre un carton à Old Trafford lorsque le score était de 2-0 pour le PSG ? Sauf que contrairement à l’Espagnol, les autres joueurs, eux, ne se vantent pas d’avoir volontairement pris une biscotte. Ce qui compliquera sévèrement la tâche de l’UEFA, devant juger par elle-même de l’intentionnalité ou non d’un carton jaune afin de déduire si une sanction supplémentaire est nécessaire. Un vrai bordel qui risque de se terminer par un gros tacle les deux pieds décollés, afin d’être sûr de subir un carton jaune tout en évitant de se faire taxer de « tricheur » . Et à ce petit jeu, Sergio Ramos risque encore de se retrouver dans l’œil du cyclone.

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