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Sergio, l’anti-thèse catalane
Au Barça, il n'y a que des artistes. Ou presque. Au milieu des Messi, Alves, Xavi et autre Iniesta, il y a Sergio Busquets. Un mec aussi moche qu'indispensable. Un type dont le côté obscur fait souvent du bien à un club pas si bisounours que ça.
C’est certainement l’homme dont on parle le moins au FC Barcelone version Guardiola. Sergio Busquets, 23 piges, 1m90 au garrot, le visage de Droopy, un corps à la « où est Charlie » et déjà un palmarès d’adulte (3 Ligas, 2 Ligues des Champions, Supercoupe d’Europe, Coupe du Monde etc.). La preuve que le mec est pour quelque chose dans la réussite du club depuis 2009. Un lascar de l’ombre, méconnu, inconnu et parfois limite dans l’état d’esprit. D’aucuns parleraient d’une petite pute, d’autres d’un tricheur et/ou simulateur. La faute à deux soirées où le milieu de terrain espagnol s’est particulièrement distingué du côté obscur de la force. Printemps 2010, Sergio Busquets est au pressing de Thiago Motta lors de la demi-finale retour de C1. Le milieu de l’Inter touche légèrement le visage de l’Espagnol. Ce dernier s’écroule, pleure sa mère, se tient le visage, regarde discrètement entre ses doigts si son cinéma prend, reprend son simulacre et obtient gain de cause : second jaune pour Motta. Actors studio, première leçon. Acte II au printemps dernier où la grande tige espagnole se tord de douleur après un pseudo contact sur Marcelo. Il n’en fallait pas plus pour faire naître une réputation.
Sergio Busquets est un tricheur. Une pleureuse. Mais un roublard qui gagne, par contre. Mine de rien, on parle d’un type qui a giclé Yaya Touré du XI barcelonais. Pour ce faire, il faut plus que 2/3 simulations pour arriver à ce niveau-là, à seulement 23 ans. Et Busquets a de l’abattage à revendre. A la différence des Xavi et Iniesta, le numéro 16 catalan est polyvalent. Techniquement costaud, Sergio l’est aussi dans les duels. Fort dans les airs, propre dans la relance, il peut même jouer en défense centrale. La pierre angulaire de l’équilibre défensif des Catalans est dans son corps de lâche. Lui, le fils de l’ancien gardien remplaçant du club période 90’s. Forcément, la fibre Barça est en lui. Dans ses gènes. Busquets est plus proche d’un Bakero que d’un Laudrup, mais il s’en cogne. Il laisse la magie aux autres.
Un stade à son nom
Originaire de Sabadell, un bled catalan, Sergio est devenu une star dans son fief. Au printemps dernier, la municipalité décide de baptiser le stade du quartier du nom de Busquets. Une reconnaissance qui ira droit au cœur de l’intéressé. « Ici, j’ai commencé à apprendre les valeurs, l’humilité et le travail acharné » avait-il lâché le jour de l’inauguration. Humble, droit, fier et fidèle. Le prototype du joueur irremplaçable, et sous-médiatisé. Un mec comme ça, c’est dur à bouger. Même quand on s’appelle Fabregas. Recruté à prix d’or cet été, l’ancien capitaine des Gunners a forcé son entraîneur à changer, temporairement, de système de jeu pour l’intégrer dans son milieu de terrain. En effet, Xavi, Iniesta et Busquets sont intouchables. Comme en sélection où Xabi Alonso vient compléter le quatuor. Dès lors, Fabregas joue où il peut.
Pour marcher sur les plates-bandes de Busquets, il faut se lever tôt et dérouler du câble. Le mec est rarement blessé (il reste sur trois saisons à plus de quarante matches) et indiscutable à son poste où il enterre tout le monde. Même sa clause libératoire est indécente (150 millions d’euros). Autrement dit, il n’est pas encore né le mec qui viendra chourer le joyau catalan. Guardiola en a trop sué pour amener son poulain de l’équipe réserve à une place d’intouchable de la Dream Team du XXIème siècle pour le laisser partir à la première offre venue. Samedi, contre son meilleur ennemi madrilène, Sergio enfilera son bleu de chauffe pour enchaîner les coups, ratisser au large, simuler une ou deux fois, mais donnera tout ce qu’il a dans le bide. Parce que ce mec a été élevé avec une seule idée en tête : gagner. On a connu philosophie plus ubuesque.
Par Mathieu Faure