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- Sénégal-Égypte (1-0, 3-1 TAB)
Sénégal, ce régal
Au terme d'un match terne footballistiquement, mais intense émotionnellement, le Sénégal a décroché son ticket pour la troisième Coupe du monde de son histoire. Après avoir remporté la CAN en février dernier, les Lions de la Téranga, bourreaux de l'Égypte ce mardi, s'affirment encore plus comme une sélection qui sera au rendez-vous du Mondial qatari.
La queue devant le flambant neuf stade Abdoulaye-Wade, sorti de terre il n’y a qu’un mois, dès neuf heures du matin, montrait bien quelque chose : tout le Sénégal était derrière sa sélection. Et sa sélection n’a pas déçu. Après la défaite (1-0) du match aller, en Égypte, les Lions de la Téranga devaient rebondir et sortir les griffes. Pour montrer la marche à suivre : l’inévitable Sadio Mané. Comme le 6 février dernier, c’est lui qui a mené ses coéquipiers au succès. Celui qui avait hissé le pays sur le toit de l’Afrique, a arraché le ticket pour le Qatar où les siens vivront le troisième Mondial de leur histoire après 2002 et 2018. Vraiment sympa, Sadio. Que ce soit dans le jeu, puisque c’est lui qui tire le coup franc qui amène le but (4e) qui permet d’effacer le retard de l’aller, ou dans l’esprit, le joueur de Liverpool a encore magnifiquement enfilé le costume de taulier de sa sélection. Évidemment, c’était au moment de transformer le tir au but de la qualification qu’il ne fallait pas s’effondrer et assumer son rôle de patron, et comme à Yaoundé, il n’a pas tremblé.
Les Pharaons aveuglés
Le contraste avec Mohamed Salah a été assez saisissant. Son coéquipier sur les bords de la Mersey paie peut-être la tactique de Carlos Queiroz ce mardi, à savoir : défendre, casser le rythme, gagner du temps. Ce qui, effectivement, ne permet pas à Salah d’exploiter au mieux ses qualités. Dans cette rencontre âpre au possible (55 fautes au total), il n’a pas assez pesé. Venu le temps des tirs au but, il pensait avoir retenu les leçons de l’échec au Cameroun, où il n’avait pas pu influer sur la séance, voulant tirer en cinquième. Ce coup-ci, c’est en premier qu’il s’est élancé. Peut-être pas la meilleure des idées puisqu’on a retrouvé son ballon dans les tribunes. Certes, la multitude de lasers verts braqués sur lui comme sur tous ses coéquipiers n’a pas aidé. Son gardien El-Shenawy a bien eu l’équivalent d’un spectacle de Jean-Michel Jarre dans la rétine pendant 120 minutes, celui-ci a quand même pu sorti de grosses parades, dont un tir au but.
Mohamed Salah before his penalty miss against Senegal. pic.twitter.com/szlmfxDJkN
— ESPN FC (@ESPNFC) March 29, 2022
Mais on ne peut pas résumer le succès du Sénégal à l’échec de la star égyptienne, ni à la grande forme de Mané. Aliou Cissé, parfois critiqué pour la pauvreté du jeu proposé malgré l’effectif à sa disposition, semble avoir pris la mesure de son groupe. Une star, des cadres de classe mondiale que sont Edouard Mendy, Kalidou Coulibaly et Idrissa Gueye, ainsi qu’une jeune génération qui apporte toujours quelque chose quand elle a du temps de jeu, bref un collectif cohérent et équilibré. Il n’y a qu’à voir les entrées des Marseillais Bamba Dieng et Pape Gueye pour le constater : les Sénégalais pourront être dangereux durant 90 minutes au Qatar. Et même plus, comme on le voit depuis le début de l’année.
Le drame de ces barrages
Quiconque tirera le Sénégal vendredi – potentiellement dans le chapeau 2 – sera bien embêté puisqu’il en faut beaucoup pour surprendre des Lions de la Téranga. Les rencontres intenses ne leur font pas peur comme on l’a vu ce mardi soir, et techniquement, ils ont la qualité pour rivaliser avec à peu près n’importe qui. Cette rencontre face à l’Égypte, pas forcément une ode au football léché, a eu le mérite de faire trembler deux peuples. Et plus globalement, ces barrages en Afrique font trembler n’importe qui, pendant que la plupart des Européens n’ont même pas le temps d’avoir peur pour être qualifiés pour le Mondial. Ce genre de rencontres, explosives et engagées entre grandes nations du foot africain, on aurait préféré les vivre en phase éliminatoire de la Coupe du monde au Qatar, à l’automne prochain. Même si, à Doha, on risque difficilement de voir autant de lasers.
Par Léo Tourbe