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Schweinsteiger, roi sans carrosse

Par Maxime Brigand
Schweinsteiger, roi sans carrosse

Arrivé sous l'ovation d'Old Trafford en août dernier, Schweinsteiger a, cinq mois plus tard, la mèche qui vrille à Manchester United. Le tout sous les ordres d'un entraîneur qui l'avait porté au sommet en 2010 et qui se contente aujourd'hui de le gifler avec frénésie.

Le tableau était parfait. La Premier League venait de lever son rideau un après-midi d’août, à Old Trafford. C’était le 8 août 2015, Manchester United recevait Tottenham. Les 75 000 écharpés en rouge et blanc de la Sir Matt Busby Way s’étaient assis comme des rapaces prêts à baver devant les 140 millions d’euros dépensés par le board de United pour construire un onze de rêve. Sur la pelouse, que des gros noms et des nouvelles recrues. Le bonbon hollandais Memphis Depay, le solide français Morgan Schneiderlin ou encore le lécheur de ligne italien Matteo Darmian. Ce jour-là, Manchester United s’est imposé (1-0) sur une boulette de Kyle Walker, mais l’important était ailleurs. L’important est blond, plaqué de la gauche vers la droite, et s’est levé de la tribune Sud pour faire lever un Old Trafford endormi. Il s’est levé pour un champion du monde allemand, débarqué à Manchester après dix-sept années passées à Munich et huit Bundesliga dans l’armoire. Ce début août, Bastian Schweinsteiger était un héros.

La chaleur californienne

Pourtant, quelques jours plus tôt, en Californie, Louis van Gaal avait claqué un premier avertissement. Manchester United venait de battre les Earthquakes de San José (3-1) en match de préparation et, dès sa deuxième apparition chez les Red Devils, l’Allemand se faisait tacler à la gorge par un entraîneur qu’il avait connu au Bayern entre 2009 et 2011 et avec lequel il remporta un titre de champion d’Allemagne. « OK, sur le premier match, il a très bien joué. Mais aujourd’hui, lui aussi a été très mauvais. Il a même mal joué » , expliqua alors le Pélican. Une saignée qui résonne avec les doutes émis par Pep Guardiola qui l’a laissé partir de Munich pour neuf millions d’euros en pointant la condition physique du milieu relayeur : « S’il n’a pas de problèmes de blessures, je suis convaincu qu’il réussira à Manchester United. Malheureusement, au cours des trois dernières années, il n’a jamais été en bonne condition. » Faute à une blessure au mollet d’abord, mais aussi à une cheville qui grince depuis presque deux ans. Depuis son arrivée en Angleterre, l’Allemand a déjà fait quelques séjours à l’infirmerie. En alternance avec des prestations sans relief.

Carrick-Schneiderlin, Carrick-Schweinsteiger, Schweinsteiger-Schneiderlin, Louis van Gaal ne sait pas. Depuis le début de la saison, l’entraîneur de Manchester United galère et ne trouve pas la bonne formule. En achetant le joueur allemand, le Batave cherchait à installer un leader au cœur d’une équipe en manque de caractère. Rooney et ses trente balais rouillés ne peuvent plus tout supporter. C’est avec Van Gaal à Munich, un homme qui l’avait replacé au cœur du jeu dans un rôle de relayeur chef d’orchestre, que Schweini s’était affirmé comme l’un des tout meilleurs joueurs du monde. Problème, à United, l’ancien Bavarois a été reculé, presque castré dans son expression. Souvent à la traîne, la plupart du temps en retard, plus grand-chose ne reste du joueur qui avait largement participé à l’élimination de Manchester United de la Ligue des champions avec le Bayern en avril 2014. Cette année-là, le gars de Kolbermoor avait fait taire Old Trafford. Il n’a toujours pas rallumer le son.

Le camouflet de Wolfsburg

Au point de créer une guerre d’école entre l’Allemagne et Louis van Gaal. D’un côté, le coach hollandais ne cesse de répéter qu’il « cherche le Bastian de Munich » . De l’autre, Joachim Löw s’est élevé pour confirmer Schweinsteiger dans son rôle de capitaine de la Mannschaft. Le tout, au lendemain d’une sortie de route sur la pelouse de la Volkswagen Arena de Wolfsburg en Ligue des champions. C’était en décembre dernier et Manchester United venait de sortir des poules de C1 avec une deuxième défaite en six matchs. Ce soir-là, Schweinsteiger a coulé devant son peuple, remplacé à vingt minutes de la fin par Carrick. Dans la journée, Karl-Heinz Rummenigge, le patron du Bayern, avait allumé Van Gaal en lui demandant de laisser « Bastian tranquille » . Réponse du Pélican, bec levé : « Je pense qu’il aurait pu faire mieux dans chaque match qu’il a joué. » Bastian à l’eau.

Pourtant, Louis van Gaal ne se remet pas en question. En aucun cas il n’a essayé de modifier son système de jeu et a laissé l’Allemand devant la défense. Son rôle devrait être de casser les lignes, trouver des espaces, mener le jeu, là où il se contente de jouer avec les quatre de derrière sans prise de risques. Mais qui est le responsable ? Est-ce Bastian et son niveau de jeu qui ne cesse de baisser depuis plusieurs mois au point que sa maison familiale munichoise lui a ouvert la porte ou est-ce la capacité de Louis van Gaal a brisé les talents ? Derrière lui, le Batave a laissé Rivaldo à Barcelone, Toni et Van Bommel à Munich ou encore Di María et Van Persie à Manchester. Rien que ça, alors qu’il traîne à Manchester ses casseroles de recrutement. Il y a six ans, Van Gaal portait Schweinsteiger au sommet. Aujourd’hui, sa capacité à le réanimer semble inexistante. On n’y comprend plus rien. Manchester n’y comprend pas grand-chose. Et l’Euro est dans cinq mois.

Par Maxime Brigand

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