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Arabie saoudite : l’été d’après

Par Jules Reillat

Un an après l’offensive saoudienne sur le marché des transferts, la Saudi Pro League est de retour. Et qui dit nouvelle saison dit nouvelles règles pour la SPL, qui aura pourtant besoin de bien plus pour faire peau neuve.

Arabie saoudite : l’été d’après

Bien que Cristiano Ronaldo ait déjà entamé sa reconversion en tant que YouTubeur, il aura pourtant fort à faire cette saison avec son club d’Al-Nassr, qui lance sa saison en Saudi Pro League ce jeudi soir, contre Al-Raed. Car oui, c’est au tour du championnat saoudien de reprendre, dans un contexte bien différent de celui de l’année dernière, où il avait commencé à attirer de multiples stars au nom clinquant en provenance d’Europe. Au niveau des recrutements justement, la ligue saoudienne a imposé un nouveau quota de joueurs nationaux pour favoriser les talents locaux : ainsi, les jours de match, chaque liste devra comprendre au moins onze joueurs saoudiens. Paradoxalement, les effectifs ont été réduits cette saison de 30 à 25 joueurs, avec une augmentation des joueurs étrangers autorisés par équipe de 8 à 10…

Cependant, cet été, le marché des transferts saoudien a été (beaucoup) plus calme que l’année dernière. Le plus gros montant déboursé pour recruter un joueur se situe du côté d’Al-Ittihad, qui a raqué 60 millions d’euros pour enrôler Moussa Diaby. Et à part quelques arrivées notables (Bento à Al-Nassr, Houssem Aouar et Predrag Rajković à Al-Ittihad), les clubs saoudiens ont été plutôt sages dans l’ensemble. À moins que ce ne soient les joueurs européens qui se soient montrés plus réticents à tenter l’aventure dans le royaume dirigé par Mohammed ben Salmane.

Le mal du pays

Le constat est simple : on est loin, très loin des plus de 800 millions d’euros dépensés par les clubs saoudiens à la même période l’année dernière. Pourtant, des gros noms comme Kevin De Bruyne ou Ederson ont été évoqués du côté de la monarchie pétrolière, mais ces rumeurs ne se sont pas concrétisées pour l’instant. Tout cela pourrait s’expliquer par la frilosité qu’ont les joueurs européens à rejoindre un pays où les us et coutumes sont aux antipodes des leurs, ce qui a notamment poussé Jordan Henderson à quitter Al-Ettifaq pour l’Ajax au dernier mercato d’hiver, ou encore Aymeric Laporte à critiquer le système saoudien en janvier dernier.

Au-delà du mode de vie, le championnat saoudien a également été décevant d’un point de vue sportif. Le précédent exercice a été marqué par une domination sans partage d’Al-Hilal, qui a terminé premier à 14 points de son dauphin, avec 31 victoires en 34 matchs. La bande de Kalidou Koulibaly, Sergej Milinković-Savić, Malcom, Rúben Neves et Aleksandar Mitrović a roulé sur tout le monde, le tout sans sa star Neymar, blessé tout le long de la saison. Et en plus du manque de suspense, la SPL n’est pas aidée par son atmosphère : à part à Riyad et à Djeddah, les stades du reste du royaume ne sont pas exceptionnels, et l’affluence en pâtit, en témoigne la moyenne de 8 000 spectateurs par match sur la saison. Certains comme Haris Belkebla sont aussi revenus sur le Vieux Continent en évoquant les salaires impayés dans les clubs de seconde zone. Si la bulle n’a pas encore explosé, le mirage semble s’être dissipé.

Renouveau ou chant du cygne ?

Pourtant, à l’inverse de certaines offensives de nouveaux acteurs dans le monde du football, comme celle de la Chine dans les années 2010, beaucoup de joueurs arrivés en Arabie saoudite l’année dernière remballent pour une saison de plus. Mieux, des joueurs comme Aymeric Laporte ou N’Golo Kanté ont montré à l’Euro 2024 qu’ils pouvaient continuer de performer au plus haut niveau tout en jouant en SPL, renvoyant une bonne image de la compétitivité du championnat saoudien. Ce dernier reste d’ailleurs une priorité pour le dirigeant du royaume, Mohammed ben Salmane, qui a fait du football un des points forts de son programme de développement, baptisé « Saudi Vision 2030 ».

En conséquence, MBS a décidé de privatiser les clubs de SPL au début de l’été. Les quatre géants que sont Al-Ittihad, Al-Ahli, Al-Nassr et Al-Hilal sont devenus des sociétés et ne sont plus dirigés uniquement par le PIF, le fonds d’investissement public saoudien (bien que celui-ci conserve 75% des parts). Pareil pour le promu Al-Qadsiah, cédé à la société pétrolière Aramco, et qui a réalisé un mercato digne de la première division, en recrutant le champion d’Europe Nacho, mais aussi Pierre-Emerick Aubameyang. Ainsi, le championnat saoudien se transforme et se réinvente, même au niveau de son format, avec les « Magic Rounds », des journées au cours desquelles auront lieu plusieurs derbys locaux. Tout cela suit la politique étatique visant à favoriser les investissements dans le sport. Une chose est sûre : les Saoudiens n’en ont pas fini avec le football.

Par Jules Reillat

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