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Sasso: « Je ne suis pas trop morue »

Propos recueillis par William Pereira
Sasso: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je ne suis pas trop morue<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Vincent Sasso est français. Enfin « était ». Depuis qu'il a débarqué à Aveiro en provenance de Nantes pour jouer à Beira-Mar, il a adopté le Portugal, son football et ses habitants, même s'il a encore du mal avec la morue. Aujourd'hui, il vient d'arriver à Braga, le club à la mode en Liga Sagres, et en profite pour faire l'apologie du foot portugais.

Comment tu es passé de Nantes à Braga ? C’est un grand pas en avant pour toi…Bah écoute, on m’a tout simplement fait confiance, on m’a laissé jouer, contrairement à l’année où j’ai presque pas joué à Nantes. Là, on m’avait quasiment pas donné ma chance. Après, à l’époque, peut-être que je n’ai pas fait tout ce qui fallait, mais ça n’empêche pas que je l’ai assez mal vécu. En fait, l’année d’avant, j’avais fait une vingtaine, voire une trentaine de matchs en pro avec Nantes en L2 et en Coupe. Arrivé à la fin de la saison, j’étais en fin de contrat, j’ai failli m’engager avec Lorient. J’en avais même parlé avec Christian Gourcuff, bref, c’était en bonne voie. Après, Nantes change de coach. Il m’appelle en me demandant de rester parce qu’il avait besoin de moi, etc. Du coup, j’accepte, parce que je me dis que c’est mon club de cœur et que c’est un bon environnement pour continuer à progresser pour après éventuellement partir dans un club de L1. Et puis pour moi, c’était mieux de faire une saison pleine en L2, plutôt que de ne pas jouer souvent en L1. Malheureusement, ce qui se passe, c’est que je ne joue que quatre matchs cette saison-là.

Qu’est-ce qu’on te reprochait, à Nantes, l’année où tu ne joues plus ?Il y a eu un match en début de saison où il m’a fait jouer arrière droit. On a perdu parce que collectivement, c’était pas ça, et puis après je dois avouer que j’ai pas fait un match terrible. Après ça, j’ai l’impression que son regard sur moi a changé, c’est bizarre. Je ne saurais pas vraiment l’expliquer…

Pourquoi tu te barres au Portugal ? T’avais aucune proposition ou tu as eu l’embarras du choix ?À partir du moment où je galère à Nantes, mon objectif était de partir à la fin de la saison, parce que je ne jouais pas. Or, à mon âge, c’est super important de jouer. Au début, on a cherché en France, mais bon, il n’y avait aucune proposition valable. Aucun club de L1 ne me voulait, puisque je ne jouais pas en L2, et même en Ligue 2 il n’y avait pas grand-chose parce que les clubs recherchent des joueurs d’expérience. Donc en France, c’était plutôt des clubs de National qui me voulaient. Jouer en National, je l’aurais vécu comme un échec dans le sens où, l’année d’avant, j’avais fait une vingtaine de match en Ligue 2. Je m’en suis bien sorti et j’avais même été appelé en espoir, donc j’avais l’impression que passer en National, c’était régresser. Avec mon agent, on a donc décidé de se tourner vers l’étranger et Beira-Mar s’est présenté. Je n’ai pas réfléchi une seule seconde parce que j’avais envie de jouer.

Est-ce que le fait de jouer contre des équipes comme Porto, Benfica et le Sporting, qui alimentent les plus grands clubs européens, a influencé ton choix ?Quand tu regardes le championnat portugais, tu vois qu’il y a trois ou quatre grosses équipes. Si tu prends Porto, Benfica, le Sporting et Braga, ils vont assez loin ces dernières années en Coupe d’Europe. Il y a deux ou trois ans, tu avais quand même trois clubs portugais en demi-finale, ce qui est assez rare pour être souligné. Si tu regardes Porto et Benfica en particulier, et même Braga, ils ont sorti des gros joueurs. C’est hallucinant le nombre de joueurs qui sortent de ces équipes. Lisandro, Falcao, Bruno Alves, Di María, Coentrão, Witsel et j’en passe. Donc quand tu vois ça, évidemment tu te dis « pourquoi pas » ? Si tu te fais repérer par Porto ou Benfica, c’est le jackpot.

« Le championnat portugais est plus technique, beaucoup plus rapide »

Sans parler forcément des quatre gros, quel est ton regard sur la Liga Sagres maintenant que tu y joues ? Quelles sont les caractéristiques du championnat portugais ?J’estime qu’il mérite d’être plus regardé parce que, pour moi, il est plus intéressant que le championnat français. En France, c’est beaucoup plus tactique et on joue pour ne pas perdre. Quand on joue à l’extérieur en France, on se dit « aujourd’hui, on ne prend pas de but » alors qu’ici (au Portugal), c’est beaucoup plus ouvert. Même quand tu joues à l’extérieur, c’est pour jouer et gagner. Le championnat portugais est plus technique, beaucoup plus rapide et les joueurs ici se posent moins de questions. Et j’en profite pour faire le parallèle avec le recrutement. Là aussi, on se mouille moins en France, on recherche des joueurs expérimentés, des valeurs sûres au détriment des jeunes joueurs qui ne demandent qu’à être lancés. Et c’est dommage parce qu’on a les meilleurs centres de formation d’Europe. Si t’as pas la chance d’exploser dans ton club formateur genre comme M’Vila ou Sakho, qui sont des super joueurs, c’est mort. Il y a combien de joueurs français qui n’ont pas été pris en France, alors qu’ils sont bourrés de talent. Regarde Valentin Roberge (Maritimo). J’ai eu l’opportunité de jouer plusieurs fois contre lui, et le mec est vraiment super fort. En fait, en France, si t’as pas de statistiques, tu peux pas réussir. On a des raisonnements du style « Ah non il n’a pas fait 30 matchs dans la saison donc il n’est pas bon. »

Tu viens de signer à Braga, le club qui monte au Portugal. Tu t’attends à quoi en débarquant dans un tel club ?J’ai signé pour quatre ans et demi. C’est un pari pour l’avenir. Je suis venu à Braga pour continuer à progresser, pour apprendre. En plus, les conditions de travail sont vachement top. Les infrastructures sont de bonne qualité, le groupe est vraiment bon et ça joue très bien au ballon. C’est un club ambitieux qui a disputé la Ligue des champions plusieurs fois lors des dernières années et qui a envie de montrer qu’il peut rivaliser avec Porto, Benfica et le Sporting au niveau national et avec les cadors au niveau européen. Donc je suis vraiment content de pouvoir montrer que c’est pas parce que ma carrière a pas décollé en France qu’elle est finie.

Comment tu décris le rapport qu’ont les Portugais avec le football ?C’est une religion. Les Portugais parlent quasiment que de football. Et tu remarques que c’est un truc ultra familial, pas seulement réservé aux hommes. Il y a énormément d’enfants et de femmes dans les stades ici. Le football est une chose qu’on partage en famille ou entre potes au Portugal. Le lien qu’il y a entre les Portugais et le football est beaucoup plus fort ici qu’en France. Ici, quand le Portugal joue, tout le pays est derrière l’équipe nationale. Ici, t’as pas un mec qui va dire que Mourinho, c’est pas le meilleur joueur du monde ou que Cristiano Ronaldo n’est pas le meilleur. Il y a globalement plus de ferveur autour de l’équipe nationale qu’en France, surtout depuis la Coupe du monde 2010 et toutes les histoires qu’on a connues. Mais demain, s’il y a un problème similaire avec la sélection portugaise, je reste persuadé que les supporters resteraient unis derrière eux, même en cas de coup dur. Bon, après, le truc un peu bizarre au Portugal, c’est qu’à part pour les gros matchs, le stade de 35 000 places d’Aveiro n’était jamais plein…

« Je ne suis pas trop morue »

À part ça, c’est comment, le Portugal ?La vie est beaucoup moins cher ici. Les prix sont vraiment beaucoup plus bas. Après, d’un point de vue humain, je trouve que les gens sont vraiment chaleureux. J’ai vécu six mois à Aveiro (ville où est basé le club de Beira-Mar) et tous les gens ont été super gentils avec moi, que ce soient le staff, les joueurs ou les gens dans les pastelarias (boulangerie-pâtisserie à la Portugaise). Ici, les gens ne se prennent pas la tête, alors qu’ils n’ont pas grand-chose, alors qu’en France, on se prend un peu trop le chou. Exemple tout con, le départ de Depardieu. Sinon, la vie est plus cool ici et en plus il fait beaucoup plus chaud !

Les chiffres disent que le Portugal est en crise. Mais quand tu regardes dehors, est-ce que t’as l’impression de voir un pays pauvre devant toi ?La crise est partout, la pauvreté aussi. Après, au Portugal, la crise est plus prononcée, comme en Espagne par exemple. Les gens ici bossent tous les jours même le dimanche, ils font avec les moyens qu’ils ont et réussissent à se démerder. J’ai vécu à Paris et à Nantes. T’imagines bien qu’à Aveiro, c’était pas pareil. Ici, le SMIC est à 400 euros, donc…

Question bonus : est-ce que la morue occupe une place aussi importante que ça dans la gastronomie portugaise ?Franchement ? Ouais. Y en a à toutes les sauces. Quand tu vas au supermarché, tu trouves de la morue sèche, ça pue, c’est infect! Moi, j’ai pas goûté ça, et puis de toute façon, je ne suis pas trop morue.

Puisqu’on est partis sur les préjugés : est-ce que tes coéquipiers sont poilus ?Non. D’ailleurs, ça m’a beaucoup surpris, parce que je m’attendais à me retrouver avec des mecs hyper poilus et tout. Bon, après, il faut dire qu’ils se rasent tous, donc ça fausse la donne.

Propos recueillis par William Pereira

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