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« Sans Vitry-sur-Seine, je ne serais pas Cédric Bakambu »

Propos recueillis par Mathieu Rollinger
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Offrir aux jeunes de sa ville d'origine un club capable de les amener jusqu'au plus haut niveau, c'est le nouveau défi de Cédric Bakambu. S'il doit encore jongler entre sa carrière en Chinese Super League et la sélection des Léopards de RDC, l'attaquant est aujourd'hui le parrain du CA Vitry (R1) et compte bien utiliser sa notoriété pour rendre à sa ville un peu de ce qu'il a reçu.

Comment ça se passe pour toi à Pékin ? J’ai vu que tu es sorti de quarantaine et que tu vas pouvoir attaquer la nouvelle saison avec le Beijing Guoan…C’est ça. J’ai été testé positif en revenant de Paris. Je n’avais pas de symptômes, mais je suis donc resté enfermé pendant un mois et là, je viens de sortir. J’ai repris l’entraînement avec l’équipe, ça fait du bien. Et on va reprendre le championnat le 20 avril.

Pendant l’intersaison, as-tu pu passer par chez toi, à Vitry-sur-Seine ?Oui, comme à chaque fois que je passe en France. C’est comme un rituel : je vois la famille, je fais un petit match avec les amis sur les terrains où on s’amusait plus jeunes. D’ailleurs aujourd’hui, la plupart des city-stades ont été refaits et sont en synthétique. On en profite.

Vitry-sur-Seine est la ville la plus peuplée du Val-de-Marne et on se doit de proposer à nos jeunes du football de qualité.

Dans Le Parisien, tu racontais récemment que tu t’investis personnellement auprès du CA Vitry. Pourquoi s’inscrire dans cette démarche-là ? Parce que, selon moi, ce club est sous-coté et qu’il devrait évoluer à un niveau supérieur. Je parle des seniors, mais surtout des jeunes. Vitry-sur-Seine est la ville la plus peuplée du Val-de-Marne, et on se doit de proposer à nos jeunes du football de qualité. Je me suis rapproché de la municipalité ces derniers mois et j’ai assimilé leur politique. Leur position, on la connaît, c’est « le sport pour tous ». Je ne suis pas contre, je suis même pour. Mais je trouve ça dommage qu’une ville de 100 000 habitants (94 059, NDLR) ne propose pas de sport-élite. Je vois la pépinière de talents qu’on a et ils sont tous obligés, s’ils veulent percer, de « s’expatrier » dans les clubs des villes voisines comme Ivry-sur-Seine ou Choisy-le-Roi, voire même plus loin dans la région parisienne.

Dans ton cas, tu as dû toi aussi sortir de ta ville pour connaître le haut niveau.Très vite, j’ai dû aller à l’US Ivry. Bon, ça va, ce n’était pas très loin, mais ça a quand même un impact sur la scolarité. J’avais trois entraînements hebdomadaires, plus le match. Je finissais les cours à 17h30, donc je trimbalais mes affaires de foot à l’école pour aller directement au stade, avec 30 minutes de bus pour aller à l’autre bout d’Ivry. Et quand je rentrais chez moi, il devait être 21 heures. Derrière il faut encore dîner, faire ses devoirs et ça redémarre à 8 heures le lendemain matin… Ce n’est pas facile. Plus tu fais de longs trajets, moins de temps tu passes derrière tes cahiers. C’est aussi pour ça que j’aimerais créer cette structure sport-élite au sein de la ville de Vitry.

Comment décrirais-tu cette ville ?Vitry, c’est un melting-pot, il y a toutes les origines, toutes les classes sociales. Moi, j’adore ça. Je suis originaire de la Semise, quartier Colonel-Fabien, et tu peux me voir jouer un jour avec des gars de 15 ans et le lendemain avec des trentenaires. Pas mal de Vitriots ont réussi à s’en sortir par le biais du sport ou de la musique. Il y a des tonnes d’exemples. Pour ne citer que les plus connus, il y a Jimmy Briand, Kadidiatou Diani, Bakary Sakho (Saint-Étienne, Crystal Palace) ou Sofiane Hanni (Anderlecht, Spartak) dans le foot*, et dans la musique, je ne vais pas refaire l’histoire, mais c’est Rohff et le 113.

Tu avais quel lien, au départ, avec ce club du CA Vitry ?Il faut savoir que je n’ai jamais joué au CA Vitry. Moi, je suis un enfant de l’ES Vitry, l’autre club de la ville. Pendant mes vacances, je me suis rapproché des dirigeants des deux clubs. Et si j’ai choisi le CAV, c’est parce que j’ai vu que les performances des seniors étaient pas mal et j’avais aussi plus de connexions au sein du club. J’ai par exemple retrouvé Farid Badoud, un ancien coach en benjamin. Ça faisait plus de 20 ans que je ne l’avais pas revu et ça m’a ému de le revoir ici. Ça s’est donc fait assez naturellement. Mais je ne suis pas non plus sectaire. J’ai rencontré récemment Pierre Mbappé (l’oncle de Kylian, président de l’US Ivry, NDLR) et je lui ai dit que si je pouvais apporter ma pierre à son édifice, je le ferais avec grand plaisir.

Quelle forme prend concrètement ton engagement ?C’est déjà ma deuxième saison au sein du club. J’assiste aux réunions du conseil d’administration, je suis au bureau, mais je n’ai pas de pouvoir décisionnaire. Je n’ai qu’une licence de dirigeant et j’ai officiellement le statut de parrain. Dans un premier temps, il s’agit surtout de faire profiter de mes réseaux et de ma notoriété au club. J’ai pas mal de contacts avec différents clubs pros de par mon parcours. Aujourd’hui, dans toutes les catégories, le CAV évolue en district. L’objectif est de monter en ligue et de permettre aux jeunes qui seront à ce niveau d’intégrer directement les centres de formation. Ensuite, je m’investis également de manière financière, parce que sans argent, tu ne fais rien. Je ne dirais pas à quel hauteur, c’est assez confidentiel.

Je ne dis pas que j’étais condamné à un avenir de délinquant, mais le football m’a ouvert pas mal de portes, il m’a fait voyager. On se doit d’éduquer notre jeunesse à travers le sport.

Il y a aussi cette idée de rendre ce qu’on t’a donné plus jeune ?Exactement. Aujourd’hui, sans la ville de Vitry-sur-Seine, je ne serais pas Cédric Bakambu. La vie, c’est un cercle. C’est grâce à ces personnes que j’ai pu devenir qui je suis, dans la mesure du possible. Le sport m’a donné la possibilité de sortir de la rue. Je ne dis pas que j’étais condamné à un avenir de délinquant, mais le football m’a ouvert pas mal de portes, il m’a fait voyager. On se doit d’éduquer notre jeunesse à travers le sport. L’enfant va à l’entraînement, l’enfant va aux matchs, l’enfant voyage. Et tout ça, c’est autant de temps en moins passé dans la rue. C’est comme ça que je le vois.

Cette expérience te permet-elle également de découvrir ou de redécouvrir les problématiques du monde du foot amateur, que tu as quitté il y a quinze ans ?Je suis entouré de personnes qui connaissent bien ce milieu, mais oui, c’est presque un sport différent. On est confrontés à plein de problèmes du quotidien : acheter un nouveau minibus, gérer les tenues d’entraînement, rechercher des partenariats auprès des grosses entreprises de la ville, trouver des gourdes pour ne pas avoir à aller boire au robinet… Mais ça me passionne, et c’est pour ça que je donne de mon temps, afin d’essayer de professionnaliser le projet. Même si on ne deviendra pas un club pro, c’est important que nos équipes évoluent dans les meilleures conditions.

As-tu la volonté de prendre, dans le futur, encore plus de responsabilité ?Je n’y pense pas trop. Là, j’avais du temps de libre et j’y prends goût, donc pourquoi pas. Aujourd’hui, le CA Vitry est bien structuré, le président Jean-Jacques Foppiani est une personne intègre, donc j’ai confiance en cette direction. Mais on verra ça après ma carrière !

Le Vitriot Marouen Salam lors du 7e tour de CDF contre Saint-Brice en février

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Propos recueillis par Mathieu Rollinger

* Liste à laquelle on pourrait ajouter Jérémy Ménez, David Fleurival ou Jimmy Kébé.

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Cédric Bakambu

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