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Samuel Piette : « Au Québec, on jouait surtout pour le plaisir »

Propos recueillis par Clément Gavard
Samuel Piette : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Au Québec, on jouait surtout pour le plaisir<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 24 ans, Samuel Piette a déjà beaucoup voyagé. Après huit années passées en Europe, entre le FC Metz, l'Allemagne et l'Espagne, le milieu de terrain a fait son retour au pays à l'été 2017, posant ses valises à l'Impact de Montréal, où il s'est imposé comme un taulier. Entre-temps, il est devenu un cadre de la sélection canadienne qui a rendez-vous avec Haïti en quarts de finale de Gold Cup, dans la nuit de samedi à dimanche à Houston (1h). Entretien sirop d'érable.

Deux victoires contre la Martinique (4-0) et Cuba (7-0), une défaite contre le Mexique (1-3) et une deuxième place du groupe. La qualification pour les quarts de finale de la Gold Cup était-elle une formalité ? Plus ou moins, oui. On savait que c’était notre premier objectif de sortir de cette poule et de rejoindre les quarts de finale. On savait aussi que la Martinique et Cuba étaient des adversaires assez prenables, et les résultats ont bien montré que c’était plutôt des matchs faciles dans le jeu. Le Mexique, on savait que c’était plus compliqué, donc on a misé sur les deux autres rencontres pour se qualifier.

En gros, le Mexique était une sorte de test pour la suite de la compétition ? Exact, surtout qu’on avait en tête cette possibilité de retrouver le Mexique en demi-finales si on passait les quarts, le tableau veut ça. Donc premièrement, on ne voulait pas montrer toutes nos cartes. Puis, c’est un tournoi où il y a beaucoup de voyages, on joue trois rencontres en une semaine, donc il faut faire des rotations dans l’effectif et comme je l’ai dit, on avait plus misé sur les deux matchs contre des adversaires prenables. Évidemment, le Mexique était un gros test, on a réalisé une bonne performance, mais il nous manquait quelques éléments importants.

Vous allez finalement affronter Haïti, vainqueur surprise du Costa Rica (2-1), en quarts de finale. Comment abordez-vous cette rencontre ?Peu importe l’adversaire, l’essentiel est d’arriver avec beaucoup de confiance, et c’est notre cas.

Pour moi, Haïti est une équipe vraiment inconnue, je n’ai jamais joué contre eux. En fait, ça peut ressembler à un vrai piège.

Pour moi, Haïti est une équipe vraiment inconnue, je n’ai jamais joué contre eux, je connais juste quelques joueurs. En fait, ça peut ressembler à un vrai piège. C’est une sélection moins « connue » que le Costa Rica, donc on pourrait se dire que c’est un adversaire facile, mais je la vois comme une équipe physique, un peu comme nous, qui pourrait nous causer quelques problèmes.

Une élimination serait une déception, mais quelle est la véritable ambition du Canada dans cette Gold Cup ? L’ambition est très claire : on veut se rendre en finale et gagner le tournoi. Cela peut paraître gros, mais je pense qu’on a l’équipe pour le faire. Et honnêtement, si on tombe en quarts de finale, ce serait une très grosse déception.

On connaît mal la Gold Cup en France, c’est une compétition très peu médiatisée. Dans quelle mesure est-ce un tournoi important pour le Canada ? À quoi ressemble l’engouement dans les stades ? En vérité, c’est le même tournoi que la CAN ou la Copa América. La différence, c’est la médiatisation. Pendant les poules, on a eu le droit à des stades plutôt pleins, il faut dire qu’on avait le Mexique dans notre groupe et il y avait pas mal de supporters.

En vérité, c’est le même tournoi que la CAN ou la Copa América. La différence, c’est la médiatisation.

Les gens se déplacent aussi au stade pour voir jouer le Mexique, c’est la grosse équipe. Dans les villes américaines où on a joué, il n’y avait pas beaucoup de fans du Canada, mais c’est normal. Pour nous, ça reste une grosse compétition et c’est la première qu’on joue avec notre nouveau sélectionneur, John Herdman. Et surtout, ça reste une bonne occasion pour nous d’affronter des équipes de notre niveau comme le Costa Rica, les États-Unis ou le Mexique.


Tu as débuté avec les Canucks en 2012, à l’âge de 17 ans, et tu comptes déjà plus de quarante sélections. Comment juges-tu la progression du Canada depuis sept ans ? C’est simple, c’est l’équipe la plus forte que j’ai connue depuis que je fais partie de la sélection. On a une meilleure structure, avec le nouvel entraîneur et son staff, c’est beaucoup plus sérieux que ça ne l’était avant. On a des joueurs qui évoluent maintenant dans des plus grands clubs, je pense à ceux qui sont en MLS, le jeune Jonathan David qui joue à La Gantoise, Scott Arfield aux Rangers… Lors des dernières éditions de la Gold Cup, il y avait trois ou quatre joueurs sans club, alors qu’aujourd’hui, ils n’auraient aucune chance d’être appelés. Le niveau augmente, la concurrence aussi. Avant, mon poste au milieu de terrain était un peu acquis, et maintenant, on ne sait pas trop qui va débuter avant chaque rencontre. Il faut se battre à l’entraînement pour gagner sa place, c’est nouveau.

Avec la perspective de la Coupe du monde 2026 au pays, ça doit être excitant. Ah, mais nous, on pense d’abord au Mondial 2022 ! Beaucoup de joueurs ne seront plus là dans sept ans, c’est difficile de se projeter, mais de mon côté, à 24 ans, j’ai bon espoir de pouvoir y participer. Quand tu organises une Coupe du monde, tu n’as pas envie d’être ridicule. Ce qui serait bien, ce serait de gagner un peu de respect sur la scène internationale.

On n’associe pas vraiment le Canada au football. C’est un sport populaire au pays ? Mais oui, le foot est très populaire au Canada ! Je n’ai pas envie de dire de bêtises, mais je crois même que c’est le sport le plus pratiqué.

À 16 ou 17 ans, il faut rapidement faire un choix entre le foot et le marché du travail au Canada.

J’ai commencé à jouer à 4 ans, mais le problème, c’est qu’il n’y a pas les structures pour s’entraîner sérieusement quand on est adolescents. À 16 ou 17 ans, il faut rapidement faire un choix entre le foot et le marché du travail, et au Canada, c’est vite fait : il y a peu de débouchés pour vivre du foot, ce n’est pas un hasard s’il y a seulement trois clubs professionnels.

Mais toi, en 2010, tu as fait le choix de bouger en France en intégrant le centre de formation du FC Metz. Comment as-tu pu saisir une telle opportunité ? À l’époque, l’entraîneur de mon club au Québec connaissait le directeur du centre de formation de Metz. Du coup, il m’a envoyé là-bas à l’été 2009, c’était comme un camp d’entraînement pendant un mois. Puis, ils m’ont proposé de rester une année complète avec eux. Je n’avais même pas 18 ans, donc pas de passeport européen et par conséquent, je ne pouvais pas jouer avec les équipes de jeunes. Donc je ne faisais que m’entraîner, tout le temps.

Cela ne doit pas être simple pour un jeune adolescent de se retrouver comme ça dans un autre pays.

À Metz, c’était la compétition chaque jour à l’entraînement, les jeunes se battaient pour obtenir un contrat. Alors qu’au Québec…

Ça a été très, très difficile de partir à 14 ans à l’étranger, dans un pays très loin de la maison, heureusement que je parlais français. Mais c’est aussi là que j’ai découvert ce qu’était le foot pro, même en étant chez les jeunes. Là-bas, c’était la compétition chaque jour à l’entraînement, les jeunes se battaient pour obtenir un contrat, alors qu’au Québec, on jouait surtout pour le plaisir, c’était complètement différent, on ne se prenait pas au sérieux. Ça a été un gros choc au début, mais je pense que ça m’a beaucoup servi pour ma carrière.

Et tu as dû croiser de sacrés joueurs à Metz entre 2009 et 2012. Oh oui, je m’entraînais avec Sadio Mané, Maxwel Cornet, Diafra Sakho, Bouna Sarr… Quand je vois maintenant Mané gagner la C1… (Il marque une pause.) Ça fait rêver.

Finalement, tu as quitté le club pour vadrouiller en Allemagne et en Espagne. Raconte-nous cette période. J’ai fait deux ans en Allemagne et en 2014, j’ai joué mes premières minutes en 2. Bundesliga avec le Fortuna Düsseldorf en fin de saison. Je devais signer pro, mais le club a tout changé, l’entraîneur est parti, le directeur sportif aussi, donc il fallait que je me trouve autre chose. Du coup, je suis parti trois ans en Espagne pour jouer en troisième division. C’était plus facile de vivre là-bas, les gens sont plus relax qu’en Allemagne, j’ai bien aimé.

Tu as joué au football dans trois pays en cinq ans, ça a quand même dû être enrichissant pour ta progression. J’ai envie de dire que j’ai appris des choses différentes dans chaque pays. À Metz, c’était très basé sur le développement technique individuel, je me suis beaucoup amélioré là-bas. En Allemagne, on mettait plus l’accent sur le côté physique, les préparations étaient longues et très difficiles, et je pense avoir aussi appris la rigueur tactique. En Espagne, c’était une conception différente du foot et ça m’a beaucoup servi pour mon poste de milieu défensif. Plus que défendre ou récupérer, il fallait garder le ballon, ne pas le perdre, on était plus dans la possession.

Après huit années passées en Europe, tu reviens au pays à l’été 2017 en rejoignant l’Impact de Montréal. Tu le vis comme un échec ou le plaisir de venir jouer pour ton club prend le dessus ?

Les gens ne se rendent pas compte, mais c’est difficile quand tu es canadien en Europe, c’est très compliqué d’avoir un passeport.

Je ne vais pas le cacher, je n’avais pas l’intention de revenir tout de suite au Canada, ni de signer en MLS. Je voulais rester un peu plus longtemps en Europe, mais ça a été plus difficile que prévu. Les gens ne se rendent pas compte, mais c’est difficile quand tu es canadien en Europe, c’est très compliqué d’avoir un passeport. Alors, quand j’ai eu cette occasion de revenir à Montréal après avoir joué la Gold Cup, je me suis dit que c’était le bon moment pour se poser en tant que joueur, mais aussi en tant qu’homme. Et je n’ai aucun regret.


Quelques semaines après ton arrivée, Rémi Garde est nommé à la tête de l’Impact. En tant que technicien français, qu’a-t-il apporté au club ? Quelles sont tes relations avec son staff ?

Rémi Garde nous a un peu transmis cet aspect tactique, notamment au niveau de l’organisation défensive.

Déjà, je me suis immédiatement senti bien au club, je suis rapidement devenu le co-capitaine, je suis aussi apprécié par les fans et ça m’a aidé. Rémi Garde est un entraîneur qui a des principes de jeu très clairs, il nous a un peu transmis cet aspect tactique, notamment au niveau de l’organisation défensive. En MLS, on misait beaucoup sur l’attaque et il nous a donné une nouvelle approche. Puis, c’est un coach qui aime beaucoup travailler avec les jeunes, il sait leur donner de la confiance et va toujours chercher le positif.

Ton contrat prendra fin en décembre prochain, tu n’as toujours pas prolongé. Comment imagines-tu ton avenir ? Je suis bien à Montréal, mais j’ai 24 ans et je suis ouvert à toutes les opportunités. Il faudra voir ce que me propose le club, si ça me permet de rester ici ou non. Je pense en tout cas que je ne suis plus le même joueur que lors de mon retour au Canada, donc si j’avais la possibilité de revenir en Europe, je ne me vois pas rejouer pour un club de quatrième ou troisième division. C’est sûr que la Ligue 1 est un super championnat, j’aime aussi la Belgique, mon coéquipier Jonathan David m’en a beaucoup parlé et il a connu du succès avec La Gantoise. L’Angleterre pourrait aussi marcher avec mon style, très physique. Je n’ai pas de préférence, mais l’Europe reste une destination attirante pour un joueur de foot.

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