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Saman Ghoddos, l’orgueil avant tout

Par Alexis Souhard, avec Mathieu Rollinger
Saman Ghoddos, l’orgueil avant tout

Arrivé à Amiens en fin de semaine contre un chèque de 4 millions d'euros, Saman Ghoddos, 24 ans, est devenu samedi soir le premier joueur iranien à évoluer et marquer en Ligue 1, lors de la victoire des Picards face à Reims (4-1). Portrait d'un type qui aurait pu signer cet été à Rennes, bercé aux crises d'ego de Zlatan Ibrahimović et qui aura réussi à se faire un nom du côté d'Östersund.

Tout est une question de timing chez Saman Ghoddos. Un destin qui peut vaciller d’un geste, sur une décision ou un coup de téléphone, pour l’Iranien trimballé de nord en sud, et d’est en ouest. C’est finalement à Amiens qu’il s’est fixé il y a deux jours. Mais le garçon a l’estomac solide et a tout de suite repris ses habitudes, celles qui l’amènent à marquer. Samedi, le 7 picard a inscrit son premier but lors de son premier match, pour sa première titularisation, sur sa première tentative et après avoir participé à un seul entraînement avec son nouveau club. Un ballon attrapé de la tête au sommet de son extension venant lober Édouard Mendy pour offrir le but du break face à Reims. Tout de la bonne pioche, alors que l’avant-centre d’Östersunds avait initialement mis le cap sur Huesca, où il était annoncé le 8 août. Amiens avait alors réussi à détourner sa route, à lui faire passer sa visite médicale, avant que Rennes n’entre dans la danse.

Trois clubs et un couffin, un bordel juridique et administratif, un désistement des Bretons face à ce mic-mac et un épilogue heureux pour les Picards, qui ont remporté la mise pour 4 millions d’euros avant de le mettre fissa dans leur onze. Au contraire d’Östersunds, dont la saignée de l’effectif se poursuit depuis la folle excursion en seizièmes de C3 face à Arsenal la saison passée. Ken Sema parti à Watford, le capitaine du navire Brwa Nouri au Bali United, Saman est le dernier fuyard de la liste. En ayant le sentiment d’avoir assez donné pour son pays d’adoption.

L’orgueil de Zlatan

Car malgré l’accueil, la Suède s’est rarement montrée clémente envers le gamin de Malmö. La vie de Saman est celle d’un hargneux. À 10 ans, il s’amuse à taper le ballon aux côtés de jeunes de 14 ans, faisant fi de la barrière de l’âge comme des barrières tout court. Un caractère hérité de sa famille, lui, fils d’un grossiste iranien et d’une salariée de compagnie pétrolière du sud de l’Iran. Eux aussi avaient dû forcer les barrières, celles des frontières, pour quitter un pays déchiré par la guerre contre l’Irak. Pour le natif de Malmö, l’icône du pays est forcément Zlatan, « pour son penchant orgueilleux » , justifiera l’Iranien. Il en est persuadé, la réussite du Z tient autant de son ego démesuré que de son envie de froisser les filets.

Mais à la différence du pro du taekwondo, Ghoddos foire à 18 ans son test à Malmö. Il se relance en 2013, à Trelleborg, pensionnaire de D3 suédoise, d’où il envoie des lettres à la moindre équipe qui lui ferait passer un test. Aucune réponse. Pour arrondir ses fins de mois, il vaque en parallèle à vendre des téléphones portables dans une boutique aux alentours. Dès l’année suivante, Syrianska, club de Södertälje dans la banlieue de Stockholm et fondé par la communauté syrienne et araméenne suédoise, jette son dévolu sur lui. En manque d’un relayeur adroit des deux pieds, ils l’engagent. « Le test de sa carrière » , dira-t-il plus tard. Sa puissance devant le but tape très vite dans l’œil d’Östersunds. Le voilà à l’hiver 2016 dans l’élite du foot suédois.

Queiroz et l’Iran

Le président Daniel Kindberg a foi en sa nouvelle gâchette, qui partage avec sa nouvelle équipe le fait d’avoir connu un solide parcours du combattant. Le club le plus nordique de l’élite, coaché par Graham Potter, vient d’enchaîner trois montées en 5 ans. Le pari est gagnant. Goddhos marque 41 fois en 93 matchs. Là-bas, l’Iranien brille par son jeu atypique, aux avant-dernières passes comme à la finition. À Amiens, qui vient de rafler la mise sur le gong, on décèle alors un 9 et demi capable de combler un nouvel envol de l’oiseau migrateur, Gaël Kakuta. Son parcours en C3 l’a effectivement prouvé : ses 4 pions cachent des prédispositions à la passe. « Étant petit, j’ai toujours voulu reproduire les mêmes touchers de balle que Zidane » , confesse t-il.

Arsenal n’a pas été loin de tomber dans le panneau. À l’Emirates, au match retour, les Gunners lui ont laissé du champ et deux de ses ouvertures (dont une parabole de dingo pour Sema) amènent au 2-0 après une demi-heure de jeu. Le tremplin parfait pour quitter la Suède dont il s’est mis une partie de l’opinion à dos en claquant, après deux capes, la porte de la sélection suédoise pour l’Iran de Carlos Queiroz fin 2017. Lui, le natif scandinave, en pince plus pour ses origines. Il aurait même volontiers opté pour la Bundesliga, « une ligue pour les joueurs iraniens » , selon lui. Peu importe, c’est en pionnier iranien qu’il s’est déjà intégré à la Ligue 1. À Amiens de le garder précieusement.

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Par Alexis Souhard, avec Mathieu Rollinger

Propos issus d'entretiens avec Sportbladet et Gol Bezan.

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