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Saint-Étienne, pour raviver le Chaudron
Sainté retrouve l’élite du foot français, après deux saisons passées en Ligue 2, d’abord chaotiques puis libératrices. Après la remontée pleine de promesses, un rachat et une stabilité retrouvée, l’ASSE veut croire en une belle saison, sans prétention.
En quittant la Ligue 1 au printemps 2022, l’ASSE et ses supporters ne savaient pas quand ils reverraient des déplacements au Parc des Princes, au Vélodrome ou au Groupama Stadium. Tout le monde a d’ailleurs cru que cette parenthèse dans l’antichambre n’allait durer qu’une petite année, pensant parfois que la remontée pourrait être immédiate, en vain. Une saison et demie décevante plus tard, en décembre 2023, Olivier Dall’Oglio vient s’assoir sur le banc stéphanois et ramène une tactique simple et efficace en s’appuyant sur des expérimentés (Florian Tardieu, Anthony Briançon) tout en relançant sa bromance avec Irvin Cardona (époque Brest) pour remplacer Gaëtan Charbonnier. Avec le succès que l’on connait : l’ASSE termine troisième de Ligue 2, se défait de Rodez en barrages puis du FC Metz dans une double confrontation folle, pour retrouver la Ligue 1. Enfin.
Place à l’ère Gazidis
Le retour aux pelouses de l’élite se prépare dans les meilleures conditions pour la famille verte. Alors que ça traînait depuis des années, le club est enfin revendu : début juin, le groupe canadien Kilmer Sports devient l’unique actionnaire de l’ASSE, avec à sa tête Ivan Gazidis. Exit donc l’indéchiffrable duo de présidents Bernard Caïazzo-Roland Romeyer, qui auront pris le temps pour laisser la main, même si le second conserve la présidence d’ASSE Cœur Vert, créée en 2011. La moule, le rocher. Les nouveaux patrons sont arrivés dans le Forez avec des ambitions concrètes, mais sans rêves inatteignables : ne pas s’enflammer, construire posément. Comme le dirigeant sud-africain l’a toujours fait dans ses précédents projets, que ce soit l’essor de la MLS dans les années 2000, Arsenal en 2008, mais aussi et surtout à l’AC Milan depuis 2018.
« Nous avons identifié l’ASSE comme étant une des meilleures opportunités dans le football européen. Je suis très enthousiaste de travailler à ramener l’ASSE au sommet même si nous avons beaucoup de travail, présentait Gazidis à son arrivée. Ce qui compte pour nous, c’est l’ancrage, l’esprit de famille, les valeurs, l’héritage du club plus que son histoire. Un peu comme Liverpool. Je ne peux pas vous donner de chiffres, ce n’est pas encore le moment. Je peux vous dire en revanche que ce ne sera pas une révolution, mais une évolution. » Le bonhomme est un excellent communicant, à n’en pas douter. Il connaît le milieu et les discours à adopter pour séduire les supporters, sans les perdre : « L’une des plus grosses erreurs dans le football est de faire des grandes promesses qu’on ne peut pas tenir. Nous ferons des erreurs, il y aura des moments difficiles. À Milan, par exemple, les fans ont su être patients. Vous savez, les fans voient quand il y a un projet qui fait sens. »
Des Verts et des bien mûrs
Il y aura les actes, aussi, et l’excitation de retrouver le parfum de la Ligue 1 à Monaco, le 17 août, ainsi que les derbys contre l’OL (le 10 novembre et le 20 avril). Pour être à la hauteur, il faut renforcer un groupe et trouver le bon équilibre. Trois ailiers en fin de prêts sont déjà rentrés dans leurs pénates : Stéphane Diarra (Lorient) et surtout Nathanaël Mbuku et Ivan Cardona, deux hommes providentiels de la folle fin de saison des Verts, tous deux repartis à Augsbourg. Pour l’instant, car Sainté ne dirait pas non à récupérer le second, chouchou du Chaudron, qui dispose de plusieurs prétendants. Les Verts ont pu se contenter de premières arrivées rassurantes : Yunis Abdelhamid, un habitué de l’élite, chipé gratuitement après avoir été laissé libre par Reims ; l’ailier Augustine Boakye, acheté pour trois millions d’euros en Autriche ; le Néo-Zélandais Ben Old, un joueur data qui se présente comme un milieu offensif polyvalent ; et le Géorgien Zuriko Davitashvili, auteur d’un très bon Euro et recruté contre un chèque de six millions d’euros dix jours avant le dépôt de bilan des Girondins (entre amis, on se donne des coups de main).
Il reste un petit mois de mercato pour poursuivre les ajustements et faire de Saint-Étienne une équipe capable d’exister en Ligue 1 après avoir bataillé pour les premières places à l’étage inférieur. Il pourrait y avoir une ou deux curiosités venues du centre de formation, comme Ayman Aki et Mathis Amougou, qui faisaient partie du groupe France lors de l’Euro U19. Sans surprise, le douzième homme sera au rendez-vous, comme il l’était déjà en Ligue 2 quand il n’y avait pas de huis clos. Trois semaines avant la reprise, le record d’abonnés au stade Geoffroy-Guichard était déjà tombé (19 500). Les supporters gardent quelques points de repère, comme Loïc Perrin ou Romain Hamouma, restés dans l’organigramme du club. Des ponts entre le passé et le présent, alors que Sainté rêve d’un futur plus réjouissant que ne l’ont été ces dernières années. L’objectif reste clair et mesuré : le maintien dans un championnat à dix-huit avant, peut-être, de se mettre à rêver d’une destinée à la brestoise.
Par Corentin Fraisse